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Savoir ancestral et innovation

La jeune designer de mode Valéry Larouche a eu l’opportunité de faire un stage de 52 heures au centre collégial de transfert technologique du Cégep de Saint-Félicien, Écofaune boréale, un CCTT spécialisé en fourrure nordique. Cette collaboration, qui a eu des effets bénéfiques de part et d’autre, est une première, mais certainement pas la dernière pour le CCTT.

Réseau des CCTT – Synchronex

Écofaune boréale est un jeune CCTT qui se spécialise en innovation écoresponsable du secteur du cuir, de la fourrure et des produits dérivés.

Son objectif est de « supporter la relance de ce secteur économique qui a été durement affecté par la mondialisation, le libre-échange et le travail des pays en développement », me mentionne Louis Gagné, coordonnateur d’Écofaune boréale.

En fait, on constate qu’un des enjeux majeurs dans ce domaine est l’acceptabilité sociale. Il faut changer l’image de la fourrure et du cuir et faire comprendre que la valorisation des animaux en les utilisant dans leur intégralité s’avère bénéfique. D’ailleurs, un des volets que le CCTT développe actuellement est celui de l’agriculture, où utiliser la peau des bêtes qui est actuellement jetée, diminuerait la quantité de matières résiduelles produites. Il faut arriver à voir la peau et la fourrure comme une des premières phases d’une économie circulaire.

Un maillage naturel

Pour ce qui est de la mode, elle doit se réinventer afin de se séparer du synthétique qui est issu en grande partie du pétrole. Les designers doivent redécouvrir nos matières naturelles. C’est dans ce contexte que la collaboration avec Valéry Larouche est née.

Celle-ci a remporté une bourse de 25 000 $ pour le démarrage de son entreprise offerte par le CCTT dans le cadre du Cercle économique régional des Premières Nations. Cette bourse a aussi permis à Mme Larouche de participer à un stage où elle a pu apprendre l’ABC du tannage ancestral et moderne. Elle a aussi pu tester différents procédés et équipements afin de définir ceux qui seront les plus adaptés à son entreprise. Cette collaboration a aussi permis au CCTT d’ajouter l’expertise et la créativité de Mme Larouche dans le développement de procédés innovants au niveau du tannage.

L’émergence d’un projet

Valéry Larouche a d’abord étudié en comptabilité et en gestion et a œuvré dans ce domaine durant 8 ans. En 2018, elle décide de prendre un virage à 180 degrés et retourne aux études en Design de mode, spécialisation fourrure au Cégep Marie-Victorin. Elle y découvre sa véritable passion. De retour au Lac-Saint-Jean, elle démarre son entreprise Mikuniss Collection. À travers ces créations, elle souhaite offrir une vitrine aux artistes autochtones et valoriser le développement économique de ces communautés. D’ailleurs, son atelier se trouve à Mashteuiatsh.

Présentement, son projet tourne autour du cuir de poisson, une matière noble et luxueuse. Elle a testé plusieurs espèces de poissons que l’on retrouve dans la région afin de créer des produits uniques et nichés qui viennent de chez nous. Elle souhaite produire une gamme d’accessoires à partir de ce cuir d’ici l’automne. En plus, elle reste proche de ses racines innues en proposant une collection de vêtements arborant des images réalisées par des artistes autochtones. Le développement de son entreprise va bon train, elle a d’ailleurs embauché une employée à temps plein, une à temps partiel et prévoit aussi l’ouverture de deux autres postes dans les semaines à venir.

La richesse du savoir

Le stage n’est qu’une infime partie de cette collaboration. Celui-ci lui a permis d’entrer en contact avec de nombreux spécialistes issus de différents domaines avec lesquels Mme Larouche peut maintenant discuter et développer de nouvelles techniques. De plus, le CCTT lui offre son expertise et son soutien dans la poursuite de ses objectifs, que ce soit pour des demandes de subventions ou pour échanger des conseils. Reconnaissante de tout ce qui lui a été offert, elle est consciente que le partage des recettes et techniques vaut de l’or. À cet effet, elle a mis sur pied une formation en couture qu’elle offre à des membres de sa communauté. C’est d’ailleurs parmi ce groupe de femmes innues qu’elle engagera 2 nouvelles couturières pour son entreprise en démarrage.

L’échange entre les professionnels et les étudiants amènent sans contredit des idées permettant l’innovation. C’est d’ailleurs ce, qui définit en grande partie les CCTT. Alors que les procédés ancestraux sont à la base des techniques actuelles, il faut s’assurer de ne pas les oublier dans le développement et l’innovation. Le retour aux sources permet souvent de prendre conscience des valeurs et des objectifs initiaux afin d’en tirer parti dans les procédés modernes. La collaboration entre Valéry Larouche et Écofaune boréale est sans contredit un modèle positif que devrait suivre plusieurs autres organismes dans leurs actions en communauté.