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Nouveau pays, nouveau départ

Texte publié par Le Devoir.com

À Montréal, plusieurs formations associées aux métiers de l’avenir sont offertes, notamment par la voie d’attestations d’études collégiales (AEC).
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir

Karl Rettino-Parazelli
4 août 2018

Robotisation, intelligence artificielle, objets connectés : les nouvelles technologies obligeront à terme des milliers de travailleurs à acquérir de nouvelles compétences en cours de carrière pour suivre le rythme ou profiter de la manne. Dans ce troisième de quatre articles sur les visages de la révolution numérique, deux immigrants racontent comment ils ont choisi un métier d’avenir pour prendre un nouveau départ.

Il y a dix ans, Silvia Garstea ne connaissait pas le Québec, et elle savait encore moins que c’est dans cette province canadienne située à des milliers de kilomètres de chez elle qu’elle finirait par trouver sa voie.

À l’époque, cette Moldave se spécialise en analyse statistique. Elle travaille d’abord dans une banque comme gérante de compte, avant de devenir économiste, puis analyste de crédit pour une institution de prêts aux entreprises. Elle aime son travail, mais commence à se demander ce que l’avenir lui réserve.

« Je viens d’un joli pays, mais c’est petit. Les occasions de grandir et de changer quelque chose dans sa vie sont vraiment limitées », dit-elle en parlant de la Moldavie, cet État de 3,5 millions d’habitants pris en sandwich entre la Roumanie et l’Ukraine.

Lorsque son conjoint et elle décident de repartir à neuf dans un autre pays, ils se mettent tout bonnement à faire une recherche Google et tombent un peu par hasard sur le Canada.


Photo: Catherine Legault Le Devoir
Silvia Garstea se spécialise en Internet des objets.

Débarquée au Québec en 2012, Silvia a appris le français à son arrivée et s’exprime aujourd’hui avec aisance, malgré son fort accent. « Au départ, je me suis demandé quoi faire. Mon diplôme de statistiques n’était pas vraiment reconnu. J’ai essayé de trouver du travail, mais ça n’a pas fonctionné », raconte-t-elle, assise dans son appartement du quartier Villeray, non loin de l’autoroute 40.

Le coup de foudre

En retournant aux études, elle complète d’abord une formation en dessin de bâtiment pour travailler dans le domaine de la construction, qui l’intéresse depuis des années — « Ça a toujours été mon rêve de créer ma propre maison », dit-elle.

Elle travaille pendant huit mois dans un bureau d’ingénieur, mais le coeur n’y est pas. Elle se met à chercher une autre formation qui lui permettrait de mettre à profit les compétences acquises dans son ancienne vie, et elle la trouve au Collège de Bois-de-Boulogne.

Je viens d’un joli pays, mais c’est petit. Les occasions de grandir et de changer quelque chose dans sa vie sont vraiment limitées.

— Silvia Garstea

Quand elle découvre ce que lui réserve l’attestation d’études collégiales (AEC) permettant de devenir spécialiste en Internet des objets, c’est le coup de foudre. « Je me suis dit : « voilà, c’est ce que je veux faire ici ». Tous les cours correspondaient à mes attentes, à mes besoins, à mes envies. »

Le programme lui permet d’utiliser ses connaissances en modélisation statistique, tout en répondant à sa volonté de travailler de ses mains. « Je suis une bricoleuse. Je cherche toujours quelque chose à créer. Et pour moi, ça a été une superbe découverte », affirme-t-elle, le regard soudainement illuminé.

« Participer au mouvement »

Dans sa cohorte de quinze étudiants, Silvia est l’une des quatre femmes. La formation est intensive, mais elle en redemande. Dans le cadre d’un cours, elle développe avec son équipe un objet connecté permettant aux femmes enceintes de mesurer leurs contractions et aux hôpitaux de planifier les effectifs de leurs salles d’accouchement en recevant les données en temps réel.

Le soir et la fin de semaine, elle profite même de ses temps libres pour travailler sur son projet de « ruche connectée », un autre objet connecté qui permettrait aux apiculteurs de réduire les manipulations en obtenant à distance des données cruciales comme la température, l’humidité et le poids de leurs ruches.

À 39 ans, Silvia espère aujourd’hui décrocher son emploi de rêve — un poste de développeur-concepteur à la Ville de Montréal — afin de participer au développement de la « ville intelligente », qu’il s’agisse de projets liés à l’environnement ou à la circulation routière. Elle envisage aussi de se lancer à son compte pour commercialiser les idées qui bouillonnent dans sa tête.

« Il y a quelques années, personne ne savait ce que c’était l’Internet des objets. Maintenant, on en entend parler partout. Vraiment, ça commence à bouger, et j’aimerais relever les défis qui se présentent, participer au mouvement. »

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Voir: Le programme offert par le Collège de Bois-de-Boulogne: Spécialiste en Internet des objets (IdO ou IoT)