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RCMM - Projet de loi 21 sur la laïcité - Les directions des cégeps de Montréal proposent de construire ensemble un consensus social


30 avril 2019 - Les directeurs et directrices des cégeps de Montréal ont déposé le 29 avril 2019 un avis à l'Assemblée nationale dans le cadre du processus d'adoption du projet de loi 21 sur la laïcité.

L'intégration et l'inclusion, une expertise des cégeps de Montréal

Depuis leur fondation en 1967, les cégeps sont des lieux uniques d'apprentissages, de partages de connaissances et d'éducation. Ils ouvrent depuis toujours leurs portes aux jeunes et aux adultes de tous les horizons et de toutes les classes sociales. Au milieu de cette diversité, les cégeps ont développé une expérience unique en matière d'intégration et d'inclusion.

Quelle laïcité privilégier?

Les directions des cégeps de Montréal reconnaissent l'importance de la laïcité des institutions publiques. Toutefois, la manière de la mettre en œuvre soulève des enjeux et suscite des préoccupations. Par exemple, quel sera l'impact des limites au port de signes religieux pour les étudiants et les étudiantes se destinant à des professions touchées par le projet de loi?

La laïcité ouverte est celle privilégiée par les cégeps de Montréal, car elle s'appuie sur les quatre principes fondamentaux que l'on retrouve aussi dans le projet de loi 21 : l'égalité morale des personnes ; la liberté de conscience et de religion ; la neutralité de l'État à l'égard des religions ; la séparation de l'Église et de l'État. « Nous convenons que l'équilibre de ces quatre principes dans une société libre exige de tous une compréhension des enjeux, une attitude empreinte de respect afin d'élever le débat public, et d'inspirer les citoyens à plus d'ouverture et d'écoute », ont souligné les directrices et directeurs généraux des cégeps de Montréal.

Dans un État laïc, chaque citoyen et chaque citoyenne est traité sur un même pied d'égalité, peu importe ses croyances ou sa religion. Cet État laïc doit aussi respecter et défendre la liberté de conscience inscrite dans nos chartes. Celles-ci s'appuient sur un idéal humaniste traduit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée à l'ONU en 1948, après la Deuxième Guerre mondiale.

Bâtir ensemble des consensus

Le débat autour de ce projet de loi nous semble être aussi important que le projet de loi lui-même. Nous croyons qu'il doit être respectueux, ouvert, modéré, reposant sur des faits et des analyses, et non sur des préjugés ou des opinions personnelles ou politiques (bien que ces opinions puissent être tout à fait légitimes).

Réaliser avec succès ce genre d'exercice démocratique exigeant fait partie intégrante de la mission éducative que les communautés collégiales de Montréal réalisent ensemble au quotidien, par le travail de leurs équipes et avec leurs milieux.

Certains articles du projet de loi bousculent les parcours académiques et les perspectives professionnelles de plusieurs jeunes et adultes. Nous savons à quel point les crises sociales et personnelles ont des incidences sur les conditions d'enseignement et d'études dans nos cégeps. Les directions des cégeps de Montréal invitent donc la société à prendre le temps nécessaire pour coconstruire la solution dont le Québec a besoin en matière de laïcité de l'État.

Elles considèrent que, malgré les difficultés inhérentes à ce genre d'exercice, il est nécessaire de générer ce consensus éclairé et large, tant sur le fond de la question que sur l'adoption ou non d'une clause de « droit acquis » ou de l'utilisation ou non des clauses dérogatoires prévues aux Chartes, et ce, afin de clore ce débat difficile pour la société et les individus. Le Québec en est capable, il l'a prouvé à de nombreuses reprises dans son histoire.

Dans notre avis, nous avons souvent cité le rapport des commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor parce qu'il contient des propositions pertinentes et documentées. Par contre, ces suggestions ont maintenant dix ans. Il faut donc se convaincre mutuellement, par une mise à jour, par le débat actuel, mais aussi par un exercice de conciliation sociale, qu'elles sont toujours aussi solides, pertinentes et justifiées pour le Québec de 2019. Toutefois, nous sommes d'avis que ces recommandations peuvent toujours servir d'hypothèses aux travaux visant à construire le consensus recherché.

Les directions des cégeps de Montréal souhaitent donc une solution qui permettra d'assurer la laïcité de l'État, qui reconnaîtra la diversité de Montréal et de ses cégeps et qui s'inscrira dans la tradition humaniste québécoise de respect des droits et des libertés de la personne, tel qu'enchâssé dans nos chartes.

En terminant, à l'image de nos cégeps, qui reflètent le Québec d'aujourd'hui dans ce qu'il a de plus inspirant, de plus diversifié et de plus noble, offrons à tous nos concitoyens et concitoyennes une société ouverte et accueillante. Car ceux et celles qui viennent s'établir au Québec recherchent aussi un lieu de paix sociale, un espace pour s'épanouir, une communauté inclusive et d'appartenance.

Texte complet de l'avis