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Sherbrooke - La prison Winter sous la loupe


Un texte d'Isabelle Pion - La Tribune
Sophie Abdela, professeur d'histoire à l'Université de Sherbrooke, et Frédéric Moisan, professeur au Cégep de Sherbrooke en histoire, planchent sur la tenue d'une école d'été s'intéressant à la criminalité et à la prison Winter. L'évènement aura lieu à l'été 2020.

La prison Winter et la criminalité sherbrookoise à la fin du 19e siècle et au 20e siècle se retrouveront sous la loupe d’étudiants lors d’une école d’été qui se tiendra à Sherbrooke à l’été 2020. Pendant une semaine, les étudiants se pencheront sur cet univers carcéral, dans le cadre d’un projet conjoint entre l’Université de Sherbrooke et le Cégep de Sherbrooke.

« C’est un projet conjoint qui veut étudier la criminalité à Sherbrooke et qui a comme point d’ancrage la prison Winter. À ce moment-là, pendant une semaine, nos étudiants seront amenés à dépouiller les fonds d’archives. Ils vont essayer de comprendre et de mettre un peu de chair autour de ce que c’est la prison Winter à la fin du 19e siècle et au fil du 20e siècle, en arriver à comprendre cette criminalité, cette prison-là, c’est quoi la vie à l’intérieur de la prison », explique Frédéric Moisan, professeur d’histoire au Cégep de Sherbrooke.

1865-1990

La prison Winter a souvent fait les manchettes au cours des dernières années. Construit en 1865, l’établissement a fermé ses portes en 1990.

Le Musée d’histoire de Sherbrooke (jusqu’à tout récemment la Société d’histoire de Sherbrooke) caresse un important projet de revitalisation avec la création d’un parcours d’interprétation, de jeux d’évasion et de soirée Meurtre et mystère, mais n’a pas réussi jusqu’à maintenant à obtenir les fonds nécessaires pour concrétiser le projet.

Les travaux nécessaires sont estimés à plus de 7 M$. Une étude de marché réalisée en 2016 faisait état d’un marché potentiel de 45 000 visiteurs annuellement. Les installations sont maintenues par la Société de sauvegarde de la vieille prison de Sherbrooke.

Sortir du campus

Plusieurs volets seront abordés pendant cette école d’été, précise Sophie Abdela, professeure d’histoire à l’UdeS.

« Un des volets qui nous tient à cœur, c’est qu’on veut sortir les étudiants de leur institution. Au Cégep, on est toujours en classe, à l’université ça continue, on fait l’histoire en classe. On se la fait raconter, on travaille fort, mais on est toujours en classe. Le but, c’est de les faire sortir. Ils vont goûter à ce que c’est d’être historiens », indique Sophie Abdela, qui s’intéresse à l’histoire carcérale française dans le cadre de ses fonctions.

Vingt étudiants pourront participer à l’école d’été, soit 10 étudiants du baccalauréat en histoire de l’UdeS et 10 étudiants du programme d’histoire et civilisation du cégep.

La semaine doit se conclure avec un événement public afin de partager les résultats recueillis. Les étudiants travailleront en équipe sur différentes thématiques.

Les documents produits serviront à la mise en valeur du lieu, commente le directeur général du Musée d’histoire de Sherbrooke, Michel Harnois.

Une passerelle entre les deux institutions

L’initiative s’inscrit aussi dans une optique de passerelle entre les deux institutions, indique M. Moisan.

Ainsi, les étudiants d’histoire et civilisation, s’ils passent au baccalauréat en histoire à l’UdeS, se voient créditer deux cours. L’école d’été représentera un troisième un cours qui pourrait être crédité, donc potentiellement neuf crédits.

Cette passerelle sera en vigueur à compter de la prochaine rentrée scolaire. Ainsi, les diplômés du Cégep pourront en bénéficier en commençant leur baccalauréat en histoire à la fin août.

L’école d’été s’avère une initiative régionale, précise Frédéric Moisan, en citant plusieurs partenaires impliqués. Le projet a bénéficié d’une subvention de 20 000 $ du Pôle régional en enseignement supérieur de l’Estrie (PRESE).