Nouvelles

LA FÉDÉRATION DES CÉGEPS INQUIÈTE POUR L’AVENIR DU QUÉBEC

MONTRÉAL, LE 23 AOÛT 2019 —À l’occasion de la rentrée scolaire dans les
48 établissements de son réseau, la Fédération des cégeps a présenté aujourd’hui ses priorités pour la prochaine année. Ces priorités reflètent la volonté plus affirmée que jamais des collèges de mener jusqu’à la réussite un plus grand nombre de jeunes et d’adultes, alors que le Québec est confronté à des défis cruciaux face auxquels il est encore insuffisamment préparé, selon la Fédération, qui juge cette situation inquiétante.

« Nous entamons à l’échelle planétaire une quatrième révolution industrielle et les leaders mondiaux conviennent qu’il faut miser sur la formation, la recherche et l’innovation. Or, au Québec, plusieurs signaux démontrent que nous prenons du retard. Dans bon nombre de secteurs économiques, on constate une importante pénurie de main-d’œuvre qualifiée alors que nous vivons un déclin démographique et que la population vieillit. La productivité des entreprises est insuffisante, la persévérance scolaire demeure problématique et la volonté d’accéder à l’enseignement supérieur, qui animait le Québec dans les années 1960, a, au mieux, cédé la place à une certaine indifférence. Il est urgent de réagir et de prendre collectivement conscience de la nécessité de qualifier davantage de jeunes et d’adultes, et ce, bien au-delà du diplôme de 5e secondaire », a indiqué le président-directeur général de la Fédération des cégeps, M. Bernard Tremblay.

Si tous les acteurs de la société québécoise doivent se sentir concernés par la situation, au cours de la prochaine annéela Fédération des cégeps entend pour sa part sensibiliser les individus, les entreprises, les instances gouvernementales et les autres acteurs socioéconomiques au fait qu’un plus grand nombre de jeunes du secondaire, ainsi que d’adultes, doivent franchir les portes d’un cégep. Car les données illustrent clairement la nécessité de hausser les qualifications : sur les 90 000 emplois créés en 2017, plus de 80 % demandaient déjà une formation postsecondaire, selon Emploi-Québec.

Malgré tous ces constats qui militent en faveur d’une hausse du savoir, le taux d’accès au cégep et à l’université n’augmente pas suffisamment, ce qui peut laisser supposer une baisse d’intérêt collectif pour ce niveau d’enseignement. La Fédération des cégeps souhaite par conséquent, avec l’aide de partenaires de l’éducation, faire en sorte qu’on rappelle aux Québécois toute l’importance de détenir les qualifications et les compétences qu’offre l’enseignement supérieur, y compris une formation générale qui permet aux étudiants de développer leur pensée critique et leur jugement. Un consensus mondial semble d’ailleurs identifier de tels acquis dans le groupe des compétences du futur de plus en plus recherchées sur le marché du travail. Cette formation générale outille également les jeunes afin qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle de citoyen dans un monde toujours plus complexe où il devient difficile de distinguer le vrai du faux.

Dans ce contexte, la Fédération espère donc voir le gouvernement du Québec adopter une stratégie nationale en enseignement supérieur, sur la base d’une concertation de tous les acteurs concernés.

Priorité à la réussite scolaire

Si les cégeps souhaitent accueillir davantage d’étudiants, il va de soi qu’ils sont aussi préoccupés par la réussite scolaire de ceux qui évoluent déjà entre leurs murs. Le taux de diplomation au cégep, relativement stable au fil des ans, doit de toute évidence augmenter, et de trop nombreux étudiants quittent l’établissement qu’ils fréquententsans y avoir obtenu de diplôme. Devant ces réalités multidimensionnelles et complexes, la Fédération des cégeps a mis sur pied, l’année dernière, un chantier sur la réussite scolaire pour mieux comprendre les facteurs qui freinent la diplomation des étudiants, de manière à pouvoir, dans l’avenir, mettre en place des conditions favorisant davantage l’obtention d’un diplôme. Dans l’optique de provoquer une réflexion plus large sur cette question, à l’échelle du réseau collégial, la Fédération tiendra aussi son prochain congrès bisannuel, en octobre 2019, sur le thème Oser la réussite.

Sans connaître les conclusions des travaux de ce chantier sur la réussite, les cégeps savent déjà qu’un étudiant qui connaît des problèmes psychosociaux ou des troubles d’apprentissage, par exemple, nécessitera un soutien particulier pour cheminer avec succès jusqu’à l’obtention de son diplôme. Or, il n’est pas inutile de rappeler que les cégeps accueillaient en 2017 13 fois plus d’étudiants en situation de handicap qu’en 2007, le nombre de ces étudiants étant passé de 1303 à 17 872 au cours de cette période.

Les troubles d’anxiété chez les jeunes constituent une autre réalité émergente, face à laquelle les établissements doivent pouvoir agir. Les compressions budgétaires imposées au réseau collégial pendant les années qui ont précédé le récent investissement gouvernemental ont mis à mal l’offre de services destinée à ces étudiants. À titre d’exemple, on ne compte plus que 78 psychologues dans l’ensemble des 48 établissements du réseau collégial, alors qu’on en dénombrait 92 en 2012-2013.

Dans la perspective d’offrir à toute la population étudiante des cégeps des chances égales de réussite, la Fédération fera les représentations qui s’imposent afin de s’assurer de la disponibilité des ressources nécessaires pour ainsi mener davantage de jeunes jusqu’à la réussite.

Intensification du recrutement international

La situation au Québec, sur le plan démographique et en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée, commande notamment une intensification des activités de recrutement d’étudiants internationaux que mènent ensemble la Fédération et différents cégeps. Ces étudiants constituent une richesse pour la communauté qui les reçoit et contribuent à la poursuite de l’objectif d’ouverture sur le monde que doit offrir la formation collégiale aux étudiantes et étudiants du Québec, mais ils viennent aussi éventuellement grossir le bassin de main-d’œuvre qualifiée si essentielle aux entreprises.

Miser sur le recrutement d’étudiants internationaux, qui s’intégreront au contact de leurs collègues dans les diverses régions du Québec et qui, à la fin de leur parcours, bénéficieront d’un diplôme québécois, constitue une clé maîtresse face aux enjeux d’intégration et de francisation de l’immigration au Québec.

Entre 2010 et 2016, les cégeps ont presque doublé le nombre d’étudiants étrangers qu’ils ont accueillis, cette proportion passant de 2091 à 3926 étudiants. Cependant, leur capacité d’accueil est bien supérieure à ce nombre. Au cours de la prochaine année, la Fédération et les cégeps voudront donc intensifier leurs efforts en ce sens. En parallèle, la Fédération entend également sensibiliser les différents ministères concernés, tant au provincial qu’au fédéral, à la nécessité de faciliter l’accueil des étudiants internationaux.

La formation en cours d’emploi : une réalité incontournable

Cette année, la Fédération insistera par ailleurs sur la nécessité de mener une réflexion et une discussion sur la formation en cours d’emploi. Un nouveau dispositif qui soutiendra les entreprises, les travailleurs et les établissements d’enseignement doit être mis en place afin de réagir à la piètre performance québécoise en matière de productivité. Les experts sont unanimes, désormais la formation initiale ne suffira plus pour permettre aux travailleurs de traverser les aléas de l’économie au cours de leur carrière. Dans cette perspective, les personnes en emploi devront constamment acquérir de nouvelles connaissances et pouvoir attester de l’acquisition de ces compétences et aptitudes. Miser sur les formations qualifiantes devient donc un incontournable pour la société québécoise.Une prise de conscience collective est nécessaire pour passer du modèle actuel basé sur la simple participation aux formations à un modèle qui mise sur l’acquisition de nouvelles compétences et l’attestation qui en fait foi. Pour ce faire, les établissements d’enseignement constituent des partenaires clés de l’économie du Québec.

Finalement, en 2019-2020, la Fédération des cégeps célèbre ses 50 années d’existence. Cet anniversaire est l’occasion de souligner la concertation et la cohésion qui caractérisent le réseau collégial depuis sa création. Sa Fédération en est la preuve et reflète par ses actions ces valeurs qui sont toujours chères aux cégeps. Fidèle à sa mission d’origine, la Fédération continuera donc de promouvoir le développement de l’enseignement collégial, d’agir comme porte-parole des cégeps, tout en étant au diapason de ses membres, de leur population étudiante et de leur région.

La Fédération des cégeps est le regroupement volontaire des 48 collèges publics du Québec. Elle a été créée en 1969 dans le but de promouvoir le développement de la formation collégiale et des cégeps. Elle agit comme porte-parole officiel et lieu de concertation des cégeps, à qui elle offre des services en matière de pédagogie, d’affaires étudiantes, d’affaires internationales, de formation continue et de services aux entreprises, de financement, de recherche, de ressources humaines, d’évaluation de la scolarité, d’affaires juridiques, de ressources informationnelles, de négociation et de relations du travail. La Fédération des cégeps représente les collèges pour la négociation des conventions collectives. www.fedecegeps.ca.
— 30 —

Source : Fédération des cégeps

Renseignements : Judith Laurier, directrice des communications, 514 381-8631, poste 2337; cellulaire : 514 239-2088
Suivez-nous sur Twitter : @fedecegeps