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Les études collégiales et la sous-scolarisation des garçons québécois

                                                         Photo Stevens LeBlanc

Par Égide Royer, Ph. D. psychologue
 

18 février 2022 - Quelle serait votre réaction si les filles fréquentant actuellement le secondaire étaient 34 % moins susceptibles que les garçons d'accéder au cégep et, qu'une fois au collège, elles étaient, toute proportion gardée, beaucoup moins nombreuses à y décrocher un diplôme ?

« Totalement inacceptable », me diriez-vous. Alors comment pouvons-nous au Québec tolérer si facilement cette situation pour les garçons ? Sommes-nous en présence d'un double standard ? Est-ce que, parce qu'il s'agit de gars, la situation est moins grave ? Pourtant, à la lumière des données disponibles sur le sujet, il est évident qu'en ce qui a trait à la réussite scolaire au secondaire et à l'accès aux études collégiales, la parité gars-filles n'existe pas.
 

Ô Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ?

Après sept années passées au secondaire (cohorte de 2013), pour l'ensemble du Québec, 22,5 % des gars et 13,7 % des filles ne possèdent aucune qualification ou aucun diplôme. On constate la même disparité quant aux taux de décrochage (sorties sans diplôme) qui s'élèvent à 17,8 % chez les gars et à 10,7 % chez les filles. De tels écarts ont évidemment un impact majeur sur la proportion des jeunes qui poursuivent des études postsecondaires. Le taux d'accès aux études collégiales chez les 17 à 24 ans est d'ailleurs de 75 % chez les filles et de seulement 56 % chez les gars.

Certaines explications proposées pour expliquer cet écart, comme celles des stéréotypes sexuels dont sont victimes les garçons, en passant par leur manque de motivation pour la chose scolaire, sont fort peu convaincantes. La première laisse en effet entendre que plus les garçons adopteront à l'école les comportements et les intérêts des filles, mieux ils réussiront ; la seconde confond l'effet et la cause : faut-il le rappeler, échouer à l'école affecte la motivation. Vous me permettrez d'être beaucoup plus pragmatique.

Intervenir en amont

Trop des garçons entretiennent une relation difficile avec la littératie. Il nous faut d'abord, dès le début de la scolarisation, faire beaucoup mieux sur le plan de l'apprentissage de la lecture en ciblant les centres d'intérêt des gars et en référant systématiquement aux pratiques exemplaires. Elles sont connues et font déjà, dans plusieurs écoles au Québec, une différence importante entre la réussite et l'échec scolaire des jeunes plus vulnérables.

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