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Monsieur AngeLo Cadet ambassadeur de la diversité et du rapprochement interculturel

Entrevue de Mme Marie Lacoursière avec monsieur AngeLo Cadet, lauréat du Prix Charles-Biddle 2015

«AngeLo est un modèle pour les immigrants de manière générale et un apport exemplaire pour la diversité culturelle de Montréal et du Québec.Je me réjouis à l’avance que son nom soit associé à tous les heureux lauréats du prix Charles-Biddle 2015. » (1)

Monsieur AngeLo Cadet recevait le 5 octobre dernier le prix Charles-Biddle qui souligne l’apport exceptionnel d’une personne ayant immigré au Québec et dont l’engagement personnel ou professionnel a contribué au développement culturel et artistique du Québec. Le jury, composé de personnalités du milieu des arts et de la culture et d’un représentant du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, a choisi la candidature de M. Cadet pour son rôle accompli d’ambassadeur de la diversité et du rapprochement interculturel. Monsieur Cadet succède ainsi à madame Kim Thùy, lauréate du prix 2014, et à madame Zab Maboungou, lauréate 2013 et professeure de philosophie au Collège Montmorency

Un modèle pour les jeunes présents dans sa communauté

Monsieur Cadet fait partie du paysage médiatique et culturel du Québec depuis plus de 30 ans. Comédien, animateur, professeur, metteur en scène et maintenant directeur des études au Conservatoire Lassalle, AngeLo Cadet s’est efforcé tout au long de son parcours d’être un modèle pour les jeunes et d’être présent dans sa communauté. Il a contribué à faire rayonner la culture et a valorisé la diversité culturelle dans les arts par ses nombreuses réalisations. Monsieur Cadet est fier de la reconnaissance qui lui est octroyée. Ceux et celles qui, à ce jour, ont reçu ce prix sont des gens que tous souhaitent côtoyer sur le plan professionnel ou à titre de mentor. Monsieur Cadet ayant de plus connu  Charles Biddle à l’âge de 14 ans, dans le cadre d’échanges familiaux, a eu l’occasion de saisir plusieurs facettes de l’homme qui demeure, pour lui, un personnage de grande importance. « Je suis fier et honoré que ce prix m’ait été décerné. »

Un parcours marqué par le respect et l’engagement

« Pourquoi AngeLo Cadet? », lui avons-nous demandé. « Je crois que cela est en partie lié à mon parcours. J’ai fait beaucoup de choses. Nous vivons une époque ouverte à la multidisciplinarité. J’ai débuté comme acteur tant au théâtre qu’à la télévision, agi à titre d’animateur télé en mode. J’étais inspiré par Charlie Chaplin, pas simplement par le personnage de Charlot, mais également par son cheminement. J’avais lu à l’âge de 14 ans qu’il était réalisateur, cascadeur, acteur, scripteur, compositeur, danseur et chorégraphe, et je me suis dit que je voulais faire tout ça, mais à ma façon. J’explorais plein de champs à la fois. Dès que j’ai commencé à toucher aux cordes artistiques, je me suis dit qu’il fallait développer tous mes sens. J’étais loin de tout connaître, mais je me plaçais continuellement dans des situations de découvertes favorables aux apprentissages que je voulais faire. » AngeLo Cadet a eu son « talk-show », fait de la conception, courtisé l’humour, abordé des thèmes culturels et travaillé à Musique Plus et Musimax. Une période très active de sa vie durant laquelle plusieurs chemins se sont croisés.

Un prix honorable

Quand AngeLo Cadet a lu le descriptif du prix qui lui était décerné, il a été saisi. « Je ne suis pas un être compétitif. Je n’aime pas le mot carrière, je préfère ceux qui parlent de cheminement, de création et d’atteinte d’objectifs dans la vie. » Pour lui, à travers le rapprochement interculturel, le prix décrit bien ses préférences. Éduqué par des parents qui prônaient la justice, l’égalité et une mère combattante féministe qui privilégiait, à la maison, l’égalité des sexes et des chances. Pas de passe-droit pour les garçons. « Ce sont là des valeurs que j’ai intégrées et défendues tout au long de mon parcours. Quand, à la télévision, on me disait qu’il n’y avait pas d’acteurs noirs ou d’autres ethnies, je faisais ce qu’il fallait pour en trouver. À l’âge de 20 ans, je réunissais chez ma mère entre 30 et 50 acteurs afin de créer un répertoire multiethnique. J’avais déjà dans le sang des aspirations d’égalité et de reconnaissance. J’ai donc mené plein de projets de cette nature axés sur le développement universel et égalitaire. Ce prix, et ce en toute humilité, me ressemble. Il prône des valeurs que j’endosse face à l’éducation que j’ai reçue de mes parents et tente de faire valoir là où je passe. »

Un enfant du monde

AngeLo Cadet est un enfant du monde. Il est né en Haïti, d’où sa famille s’est enfuie pour aller vivre au Congo et filer ensuite vers New York. À l’âge de cinq ans, il arrive à Alma au Lac-Saint-Jean, puis à Montréal, la ville qu’il chérit tant, cinq ans plus tard. Toujours le seul Haïtien dans les écoles, il devait faire sa place. « Comme j’étais timide mais taquin, les gens m’appréciaient bien et j’ai dans ce contexte développé un style de direction naturel. Au secondaire, avec l’arrivée d’autres Haïtiens, j’ai mis en place des sessions d’accueil et d’intégration. Je voulais que tout le monde soit traité également et que l’accent ne soit pas une cause d’inégalité sociale. Je comprenais la timidité de mes pairs. J’ai commencé à m’ouvrir. J’étais affable et je dois le dire cela me réussissait bien. Chez nous, les vendredis, c’était l’ONU. Ma mère ramassait tous les gens, les réfugiés, les migrants et les invitait à manger à la maison. Nous faisions des fêtes. Je parle créole, je suis très fier d’être Haïtien, Québécois. Pour moi, Montréal est une ville cosmopolite riche de nations multiples. La diversité est une richesse et fait la force du nouveau Québécois, et je pense sincèrement que c’est comme ça que nous devons nous identifier. Pour moi, ça, c’est le bonheur. »

Un cheminement qui mène au fil du temps à la direction des études d’un collège

Monsieur Cadet est lui-même un ancien étudiant et un ancien professeur du Conservatoire Lassalle où, tout dernièrement encore, à la session d’hiver 2015, il enseignait à temps partiel le cours de pratiques télévisuelles tout en maintenant ses démarches artistiques. Quand il a vu le poste s’ouvrir , il s’est senti interpellé. Se fiant à son instinct, il décide de franchir le pas. Il estime à ce jour le défi passionnant et le relève avec ouverture.

Au plan administratif, son approche s’apparente à celle adoptée en production télévisuelle

Les parallèles entre le collège de formation dont il assume la direction des études et le monde de la production télévisuelle sont évidents pour le nouveau directeur. Les commandes sont toujours pour hier; les défis, exigeants, et les dates d’échéances, serrées. « Ici au Conservatoire, nous formons le côté praticien des élèves. Ils doivent penser en terme entrepreneurial. C’est comme ça aujourd’hui. » Pour lui, la formation générale s’apparente à la culture générale. « Les connaissances acquises par le biais des disciplines s’y rapportant suivront nos élèves à vie. La formation spécifique contribue quant à elle au développement d’expertises variées. Notre diplômé sera donc reconnu pour la qualité de l’expertise qu’il développe. Chez nous, c’est à travers le matériel informatique que ce futur diplômé affine son potentiel. Leur bureau, c’est leur "laptop", c’est leur iPad. Leur façon de penser doit s’apparenter à celle d’un gestionnaire informatique cherchant à former ses employés via des expertises et à multiplier le développement d’habiletés précises. Chaque cours devient donc, chez nous, une occasion d’enrichir le potentiel d’un élève très chanceux d’évoluer dans une école d’environ 150 étudiants. Nos approches sont très personnalisées et les professeurs disposent du temps requis pour peaufiner ses enseignements. Je suis très fier d’être ici où j’ai appris mon métier en même temps que les Gino Chouinard et Geneviève Borne. »

AngeLo Cadet jongle harmonieusement avec ses nouvelles tâches et ses nouvelles fonctions, très différentes de celles qu’il assumait à titre de professeur. Il fait ce qu’il faut pour que les étudiants et les enseignants qui évoluent au Conservatoire adhèrent rapidement à la philosophie de l’école et au processus de formation que l’établissement encourage. Les étudiants jouissent d’une qualité d’encadrement et de suivi unique. Un beau cadeau, estime le directeur, avant de rejoindre le monde universitaire.

Une nouvelle ère pour le Conservatoire Lassalle

Le Conservatoire Lassalle est dans une nouvelle ère et c’est d’autant plus stimulant
Il a refait son image. Il est très actif sur les réseaux sociaux par le biais de Facebook, LinkedIn, Twitter et Instagram. De nouvelles capsules sont tout juste activées sur le nouveau portail, précise le principal intéressé. « Nous sommes très fiers de ce que nous accomplissons. Du 5 au 14 novembre prochain, nous ferons, de façon originale et fine, l’inauguration de nos nouveaux locaux. Nous nous installons dans un quartier qui se revitalise et nous entendons mettre notre marque sur la carte du quartier Parc-Extension – Saint-Michel. Nous sommes très fiers de nos profils de Science de la parole (Théâtre et Communication), de Communication, de Théâtre-Jeu, de Photographie et Cinéma et de notre tout dernier que nous sommes très heureux d’accueillir : la Danse que nous offrons depuis le mois de septembre 2015. L’année 2016-2017 marquera le 110e anniversaire de notre existence. Plusieurs personnes sont, tout comme moi, passées par ici. Ce sont les Jeannine Sutto, Lorraine Pintal, Renée Claude, Martine Francke, Gino Chouinard, Geneviève Borne, Anne-Élisabeth Bossé. Le Conservatoire Lassalle possède toute une histoire et un patrimoine dont il est fier. Nous pensons qu’il est important de le faire valoir et d’aviver ses fleurons. »

(1) M Ben Marc Diendéré Vice-president principal - Senior Vice-president communications et affaires publiques chez La Coop fédérée






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