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Le Cégep de Beauce-Appalaches branché sur les besoins de son milieu.


Entretien avec monsieur Mario Landry, directeur général du Cégep de Beauce-Appalaches.

En octobre dernier, la Fondation du Cégep Beauce-Appalaches lançait sa campagne de collecte de fonds dont l’objectif est d’amasser 750 000 $. Les sommes récoltées permettront au Cégep Beauce-Appalaches de mettre en place les projets novateurs qui assureront le développement de son Centre collégial à Sainte-Marie et permettront de répondre aux besoins de formation de la Nouvelle-Beauce. Cet exemple, parmi plusieurs autres, témoigne du souci du cégep de répondre aux besoins des sous-régions de son immense territoire qui se déploie de Sainte-Marie de Beauce à Lac-Mégantic en passant par la Ville de Saint-Georges.

Quand le milieu beauceron se prend en main
Le directeur général, Mario Landry explique que le cégep est présent à Sainte-Marie depuis 2010, mais de façon significative depuis 2014. « Cette année-là, nous sommes passés d’une vingtaine d’étudiants à 80 étudiants, puis à 140 en 15-16 et à 175 cette année. Nous pensons franchir le cap des 200 étudiants l’an prochain. Les gens du milieu nous ont demandé d’offrir le programme de Sciences de la nature et la réponse a été positive au niveau des inscriptions. Actuellement, il n’y a pas de laboratoire sur place; les étudiants doivent se déplacer à Saint-Georges. Nous voulons donc aménager des laboratoires de sciences directement à Sainte-Marie. Les gens du milieu nous demandent d’offrir un programme bilingue de Techniques administratives où au sortir de cette formation, ils maîtriseront la langue anglaise. Cette demande s’explique par la proximité de la frontière américaine favorisant le commerce avec les États-Unis. Nous offrirons le programme en collaboration avec un collège anglophone. Le milieu s’est dit prêt à investir au niveau des laboratoires comme au niveau des coûts d’implantation. Nous souhaitons que notre campus ait des bases solides. Au début, nous n’avions aucune subvention du ministère. C’est la Ville, la MRC et la Fondation qui nous ont soutenus. C’est vraiment le milieu beauceron qui se prend en mains. Les gens de Sainte-Marie nous disent : notre campus nous y tenons et désirons qu’il progresse ».

De gauche à droite : Richard Lehoux, préfet MRC Nouvelle-Beauce, Mario Landry, DG Cégep Beauce-Appalaches, Claudia Faucher et Michel Rouleau, coprésidents de la campagne, René Allen, président de la Fondation du Cégep, Daniel Ruel, représentant des caisses Desjardins de la région, et Gaétan Vachon, maire de Sainte-Marie.

Revitaliser le centre collégial de Lac-Mégantic
À Lac-Mégantic, le centre collégial comptait quelque 150 étudiants jusqu’à la tragédie connue de tous. À la suite des évènements, la région a vécu un exode des familles et de de nombreux jeunes. Le milieu se reprend cependant en main, et compte sur notre partenariat pour assurer cette revitalisation. Après 2013, les gens n’avaient pas beaucoup de temps à consacrer au centre collégial, préoccupés par d’autres urgences. Nous travaillons maintenant ensemble pour établir de nouveaux programmes. À titre d’exemple, nous entendons installer les mannequins simulateurs haute-fidélité pour nous assurer d’offrir un programme de grande qualité en Soins infirmiers. Nous avons tenté de démarrer localement un programme de Tourisme, mais faute d’une clientèle suffisante, il est offert actuellement en visioconférence avec le Cégep de Matane auquel s’ajoutera éventuellement Heritage College à l’automne 2017. Nous espérons que les aménagements que nous avons faits seront porteurs. Nous voulons retrouver le nombre d’étudiants que nous avions avant la tragédie, ce que nous croyons possible avec les efforts de toutes et tous.

Maintenir son attractivité par la qualité des services
Comme le dernier tronçon de l’autoroute 73, reliant Québec à Saint-Georges, en Beauce, est complété, nous avons interrogé le directeur général sur l’impact de cette autoroute sur une possible migration des étudiants vers les 4 collèges de la région de Québec. Pour monsieur Landry, c’est la qualité des services offerts qui est importante. « C’est sûr qu’à Sainte-Marie, ils sont proches du pont, mais ils l’ont toujours été. Le problème de circulation n’a pas changé, parce que l’autoroute est là. Quand ça congestionne à la hauteur du pont, ça congestionne. Il ne faut pas oublier que, voyager à Québec tous les jours ou prendre un appartement, représente pour une famille, des coûts additionnels de l’ordre de 10 à 12 000 $ par année. Mais, par-delà l’accès, nous voulons nous distinguer en offrant des services de qualité. C’est en répondant correctement aux besoins de la population que nous garderons et même augmenterons notre force d’attraction. Lors de la remise des diplômes, nous avons eu un beau témoignage d’un étudiant : « moi, j’ai aimé ça à Sainte-Marie. On était une belle gang et ça m’a permis de sauver des sous, de demeurer avec ma famille, ça m’a permis de me réaliser dans mon milieu ».

Un taux de réussite supérieur à moyenne provinciale
Le Cégep Beauce-Appalaches affiche des taux de réussite supérieurs à la moyenne provinciale. En 2015, les étudiants du Cégep Beauce-Appalaches se sont classés au deuxième rang du réseau des collèges publics du Québec à la dernière épreuve uniforme de français (EUF) avec un taux de réussite de 92,5 %. Leur résultat est supérieur de 8,6 % à la moyenne du réseau qui s’élève à 83,9 %.

En 2015, les joueurs de football des Condors du Cégep Beauce-Appalaches ont inscrit une performance record en réussissant 93 % des cours auxquels ils étaient inscrits à la session d’automne.  Le résultat est d’autant plus méritoire qu’il survient à la session la plus difficile pour eux.  Ils doivent en effet composer durant les mois de septembre et octobre, avec les études, les pratiques quotidiennes, les séances vidéo, les matchs et les voyages à la grandeur du Québec.

Les finissantes de 2015 en soins infirmiers du Cégep Beauce-Appalaches ont obtenu un taux de réussite de 96,9 pour cent, lors du plus récent examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. C’est près de 10 points plus élevés que le taux de réussite provincial qui s’élève à 87,1 pour cent. Pour monsieur Landry, ces résultats sont redevables à la qualité de l’encadrement offert par les enseignants. “Être un collège de plus petite taille favorise une plus grande proximité des enseignants et facilite l’entraide”.

Des liens avec plus de 400 entreprises, principalement de la région
La préoccupation d’être à l’affût des besoins du milieu se manifeste aussi auprès des entreprises de la région. Le cégep entretient des liens avec plus de 400 entreprises. Les étudiants font de l’alternance travail-études et plusieurs stages sont réalisés dans les entreprises de la région. “Nos services de formation continue travaillent étroitement avec les entreprises afin de répondre aux besoins de formations des employés. La reconnaissance des acquis a permis de rejoindre des gens qui continuent de se spécialiser. Nous sommes proches des gens, mais nous avons encore du chemin à faire. Nous devons regarder comment développer l’apprentissage en milieu de travail (modèle dual). Dans quelques-uns de nos programmes, nous pourrions développer cette formule avec les milieux de travail. Nous regardons avec certaines entreprises quels seraient les besoins auxquels nous pourrions répondre de cette façon”.

Mécanium, centre d’innovation en mécanique industriel
Le cégep possède un centre collégial de transfert technologique qui porte le nom de Mécanium, centre d’innovation en mécanique industrielle. Le directeur général affirme que le cégep vise à rapprocher de plus en plus le centre du milieu éducationnel. “Il faut s’assurer qu’il remplit bien sa mission en transférant l’innovation autant auprès des entreprises, mais aussi auprès des enseignants et des programmes. Le nouveau plan stratégique 2017-2022 de Mécanium reflétera ce virage éducationnel.

Les projets
Parmi les projets sur la table du directeur général pour les deux prochaines années figure la consolidation des deux centres en région : "Celui de Sainte-Marie est en progression; celui de Lac-Mégantic doit se restabiliser afin de répondre aux besoins des personnes en place. Nous devons également voir à la consolidation de nos installations sportives d’élite en particulier pour le campus de Saint-Georges. Il faut consolider nos programmes, participer à l’apprentissage en milieu de travail. Nous participons déjà au programme de mobilité interrégionale pour les étudiants afin d’attirer des étudiants chez nous".

Comme on le voit, encore du pain sur la planche, mais la détermination, comme le sens entrepreneurial beauceron, constitue des atouts forts positifs face à ces défis.

Dossier préparé par Alain Lallier, éditeur en chef et édimestre, Portail du réseau collégial.






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