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L'écologie fait sa place dans la diététique au Cégep Trois-Rivières

Par Brigitte Trahan

(Trois-Rivières) La diététique est une science qui s'intéresse surtout aux qualités des aliments et aux liens qu'ils exercent sur la santé. Mais qui aurait cru que la diététique s'intéresserait aussi un jour à la santé de l'environnement, à la transformation alimentaire artisanale et aux aliments du terroir ?

C'est pourtant le cas depuis peu au département des Techniques de diététique du Cégep de Trois-Rivières. Le nouvel apprentissage est progressivement intégré dans les cours dans le cadre d'une collaboration fort originale initiée entre le département et une dizaine de producteurs de certification biologique de la Vallée-de-la-Batiscan.

L'idée d'amalgamer diététique, agriculture et écologie dans cette formation académique a été proposée par l'organisme Héritage Vallée-de-la-Batiscan auquel se sont joints le convivium Slow Food Vallée-de-la-Batiscan et l'Association québécoise pour la promotion de l'éducation relative à l'environnement.

Cette approche s'est concrétisée pour la première fois, hier, par la présentation du projet «Bon, propre et juste» par les étudiantes.

Plus cher, mais...

Comme l'explique l'une d'elles, Sophie Marcotte, leur travail de fin de session consistait à analyser un menu de deux semaines conçu pour un centre de petite enfance de 12 enfants et élaboré à partir d'aliments biologiques produits localement dans la Vallée-de-la-Batiscan.

Il fallait aussi trouver les inconvénients et les avantages de s'approvisionner en aliments locaux et biologiques en comparaison avec des aliments conventionnels. Chaque équipe devait par la suite présenter son travail sous forme de stand d'information, ce qui fut fait hier dans le hall d'entrée du pavillon des Sciences.

Les étudiantes ont soulevé des éléments fort intéressants, dans leurs travaux. Elles ont découvert, entre autre, que les produits biologiques locaux sont légèrement plus coûteux que les aliments conventionnels, soit «2 $ par recette. Ce n'est pas beaucoup», plaide une des étudiantes, Sophie Marcotte.

Dans l'équipe de Myriam Fleury, on a aussi établi qu'il en coûtait en moyenne 0,25 $ de plus par portion pour servir des aliments biologiques et locaux.

Même si le bio local coûte plus cher, Myriam Fleury estime qu'il faut aller au-delà du prix. «Il y a tellement d'avantages reliés à ça, côté environnemental et pour le soutien des producteurs. C'est assez raisonnable», fait-elle valoir. Myriam Fleury ajoute que les aliments bio contiennent moins d'eau et renferment plus de nutriments parce que ces derniers sont moins dilués.

Et il ne faut surtout pas oublier, dit-elle, que l'utilisation d'aliments locaux nécessite moins de transport et génère donc beaucoup moins de gaz à effet de serre. Plusieurs aliments qui ne sont pas produits localement, dit-elle, parcourent en effet 2000 kilomètres en moyenne avant d'arriver dans nos épiceries.

Les finissantes en Techniques de diététique du Cégep de Trois-Rivières représentent la toute première cohorte à avoir bénéficié d'une formation écocitoyenne en alimentation.

«À partir du moment où l'on explique que consommer ou manger est un acte agricole et que cultiver la terre est un acte gastronomique, on vient de réunir l'agriculture avec l'alimentation», explique Johanne Germain de Slow Food de la Vallée-de-la-Batiscan qui se réjouit de l'initiative du Cégep de Trois-Rivières et de la collaboration exemplaire des professeurs du département.

«Aujourd'hui au Québec, tous les yeux sont tournés vers l'événement qui se passe ici ce matin (hier). C'est avec beaucoup de fierté que les conviviums Slow Food des provinces canadiennes suivent aussi cet événement-là», précise Mme Germain.