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Une séquence à huit pour saluer une décennie

 

Les 7 doigts de la main en ouverture de Montréal complètement cirque

4 juillet 2012-  Article d'Isabelle Paré- Le Devoir

Dix ans et tous leurs doigts. Les 7 doigts de la main ouvriront en grande le festival Montréal complètement cirque (MCC) demain soir à la Tohu avec leur huitième et dernière création, Séquence 8, dix ans après avoir roulé leur bosse à travers le globe, accouché de plusieurs couvées de petits doigts et mis le pouce sur une formule qui a fait boule de neige.

On les a découverts jeunots dans Loft, dans l’intimité de leur salon en passant la porte de leur frigo. Voilà maintenant que les 7 doigts, devenus majeurs si l’on peut dire, passent la main à une toute jeune génération. Demain soir, ce sont huit finissants de l’École nationale de cirque (ENC) qui tenteront de faire durer la formule gagnante qui a fait des 7 doigts un des chefs de file sur les pistes du cirque contemporain.

Après avoir versé dans l’humour, le cabaret et l’autodérision, la troupe laisse de côté les univers déjantés pour laisser place à l’émotion brute. Loin des histoires à dormir debout de Traces, de La vie ou de PSY, Séquence 8 se veut plutôt une création sans fil narratif, sans lieu ni espace-temps, explique Sébastien Soldevilla, cometteur en scène, avec Shana Carroll, de ce dernier-né. « Malgré tout, l’idée des relations avec les autres marque toute cette création. Quand quelqu’un fait son numéro, le groupe est toujours présent », dit-il.

Ce dernier opus des 7 doigts est né de la complicité vécue par ses huit jeunes interprètes, qui ont partagé pendant plusieurs années les bancs de l’ENC. « On a fait un gros travail de chorégraphie, très sensuel, basé sur le toucher », ajoute le cometteur en scène. Humour, peurs, entraide : la bande n’est jamais loin quand l’un s’exécute à la barre russe, au cerceau aérien ou aux anneaux chinois. « En atelier de création, on a fait des improvisations et c’est devenu très clair que la force de cette création était notre complicité. Je pense que le public pourra sentir notre connivence », soutient Ugo Dario, qu’on verra avec Maxim Laurin dans un numéro de planche coréenne.

Dix ans bien sonnés

En dix ans, les 7 doigts ont livré Loft, La vie, PSY, Projet Fibonacci, Patinoire et Traces, à l’affiche à New York depuis l’été dernier et classé parmi les dix meilleures productions de l’année par le magazine Time en 2011. La distribution s’est même dédoublée pour continuer la tournée de Traces en Europe et être au programme tout l’été à Sherbrooke. Idem pour Loft, présenté à Berlin, tandis que PSY continue sa virée en France et que La vie se fera voir cet été à Prague. Une nouvelle création, intitulée A Muse, prendra l’affiche en juillet à Mexico.

Malgré tous ces succès internationaux, la boîte qui a grandi à vitesse grand V demeure privée de lieu de création permanent. Les 7 doigts espèrent toujours emménager dans les locaux de l’ancien Musée Juste pour rire, avec l’aide du ministère de la Culture. Après avoir créché longtemps dans les studios de l’École de cirque de Verdun, la troupe se retrouve sans domicile fixe depuis les travaux qui y ont été amorcés pour la construction d’une nouvelle salle de spectacle. « Le problème est toujours là. On est vraiment itinérants. Le dossier suit son cours au ministère et on est très optimistes », a indiqué hier Richard Gagnon, le directeur administratif des 7 doigts. Peut-être aboutira-t-il en 2012, juste à temps pour couronner les dix ans de la compagnie ?

Pour en savoir plus sur l'École nationale de cirque, lire l'entrevue réalisée par le Portail avec son directeur général, Marc Lalonde , "L'École nationale de Cirque, une référence internationale".