Nouvelles

Financement des cégeps anglophones: des idées qui pourraient être «contestées»



Le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay.
Photo Erick Labbe, Le Soleil

Article d'Hugo Pilon-Larose publié dans La Presse 5 septembre 2017

8 septembre 2017 - Réduire le financement des cégeps anglophones pour qu'il soit proportionnel au poids démographique de la communauté historique anglophone du Québec « est une source de contestation [juridique] assez évidente », estime la Fédération des cégeps.

« Quand on regarde les chiffres, le transfert de francophones vers le réseau anglophone est quand même marginal. En 2016, on parlait de 300 étudiants [francophones] de plus dans le réseau anglophone sur 175 000 étudiants. Il y a 43 cégeps francophones et 5 cégeps anglophones. Je n'ai pas entendu de proposition à l'effet d'augmenter le nombre de cégeps anglophones. Ils ont une capacité d'accueil maximale. Il n'y a donc pas de risque qu'il y ait demain matin 25 000 étudiants francophones de plus dans les cégeps anglophones », a expliqué en entrevue à La Presse le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay. 

Mardi, Le Devoir affirmait que des militants péquistes proposeraient ce week-end au congrès du parti à Montréal qu'un gouvernement du Parti québécois revoie le mode de financement des cégeps pour que les établissements d'enseignement de langue anglaise servent aux Québécois anglophones, et non pas aux francophones qui désirent poursuivre leur éducation en français. 

« La langue d'enseignement [au niveau postsecondaire], c'est une solution peut-être trop facile à un problème qui est plus large. (...) Les Québécois se questionnent sur leur identité en 2017 et sur le futur de leur identité avec la baisse démographique. (...) Prendre une solution qui a été trouvée il y a 40 ans, [avec la loi 101], et tenter de l'élargir, c'est peut-être poser le débat avec une mauvaise prémisse », estime M. Tremblay, qui juge que cette nouvelle idée formulée par les militants du PQ est une façon indirecte d'imposer en quelque sorte la loi 101 aux cégeps. 

« Moi, comme Québécois qui porte le nom de Tremblay, si mes concitoyens qui sont des jeunes adultes qui parlent parfaitement le français et qui ont été scolarisés en français disent ''écoutez, quand on parle à des Québécois de souches, on ne nous inclut pas dans le discours, on ne nous associe pas à la culture québécoise'', ça, pour moi, c'est la vraie question. D'y répondre tout simplement en disant ''on va vous obliger à continuer votre éducation en français au cégep'', ça ne réglera pas le problème », dit le PDG de la Fédération des cégeps. 

Bernard Tremblay croit aussi qu'une autre mesure défendue par le Parti québécois - l'imposition d'un test de français obligatoire pour l'obtention d'un diplôme collégial dans les cégeps anglophones - pourrait aussi être contestée devant les tribunaux. 
« Dans un cégep anglophone, [on évalue] la maîtrise de l'anglais. Dans un cégep francophone, c'est la maîtrise du français. Puis dans les deux cas, il y a des cours de langue seconde. Il y a donc une équivalence dans la formation qui est offerte. Si on ajoutait une exigence de plus pour obtenir un DEC parce qu'on est dans un cégep anglophone, à mon avis, encore une fois, il pourrait y avoir des contestations et ça pourrait être jugé discriminatoire », estime-t-il. 

Lors d'un point de presse, mardi, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, n'a pas fermé pas la porte à la proposition de ses militants. 

« On ne va pas étendre la loi 101 aux cégeps, mais il y a moyen que les cégeps anglophones ne soient pas un bar ouvert extensible », a-t-il affirmé. 

L'objectif, dit-il, c'est que « le besoin d'apprendre l'anglais soit satisfait dans les cégeps francophones.

« L'objectif, c'est de trouver un point d'équilibre », a dit M. Lisée. 

- Avec Louise Leduc, La Presse