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La leçon autochtone pour éviter les autocrates

Article publié par Le Devoir -

Étienne Bolduc
Enseignant en philosophie au Cégep de Saint-Hyacinthe

16 mars 2019 - Photo: Martin Côté

Le Devoir de philo/Histoire

Bolsonaro qui est élu au Brésil malgré ses ambitions auto­cratiques. Orbán qui s’attaque à la séparation des pouvoirs pour créer une démocratie illibérale en Hongrie. Le référendum constitutionnel turc accordant davantage de pouvoirs à Erdogan. La bonne cote de popularité de Poutine malgré son omnipotence dans les affaires russes. Duterte qui outrepasse aux Philippines les insti­tutions judiciaires pour procéder à des exécutions sommaires. Le fil conducteur entre tous ces hommes politiques se trouve dans leur inten­tion candidement avouée de prendre de plus en plus de place au cœur des décisions politiques.

Mais la chose la plus étonnante, c’est qu’ils ont été dûment choisis par une majorité de la population qui continue de les appuyer. Pas de coup d’État militaire pour les placer au premier poste de la nation. Pas de lignée héréditaire de souverains qui se succèdent selon des conventions anciennes. Pas de théocratie accordant une autorité à un messie désigné par l’élite religieuse. Non. Le peuple a délibérément choisi de mettre au pouvoir ceux-là mêmes qui sont prêts à lui retirer ses assises démocratiques. En effet, ces hommes politiques avancent démasqués pour dérober la prérogative de leurs mandataires. Ils ne s’en cachent même pas. Tout leur discours consiste à convaincre le peuple qu’il peut s’en remettre entièrement à lui. La tendance vers une autocratie légitimée par le suffrage populaire est ce phénomène contemporain que nous appelons la « démocrature ».

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