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L'électrochoc de l'IA

« C’est extrêmement préoccupant »

Éric Martin et Sébastien Mussi, tous deux professeurs de cégep en philosophie, sont inquiets. Et c’est palpable dans le livre qu’ils viennent de publier, Bienvenue dans la machine. Pour eux, les écrans ont envahi le secteur de l’éducation au cours des dernières années, et certainement pas pour le mieux. Courons-nous maintenant vers un désastre annoncé avec l’irruption de l’IA dans les classes ?

Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’écrire ce livre ?

Sébastien Mussi : Il y avait déjà une enflure qui était présente avant la COVID, mais qui a augmenté après la COVID sur les exigences d’enseignement à distance. Et nous, ce qu’on a vu, c’est que l’enseignement à distance, ça ne marche pas bien. Pourtant, on continue quand même. Les moyens informatiques deviennent des exigences et les écrans envahissent les salles de classe. En plus, tout cela se fait en dehors des circuits démocratiques. Ce livre est né d’un ras-le-bol par rapport à ça.

Éric Martin : Pendant la pandémie, on a passé des mois devant des écrans noirs devant des étudiants qui n’allumaient pas leur caméra, ça a été désastreux. Et pourtant, les directives gouvernementales, c’est d’augmenter la formation hybride et à distance ! Les études montrent que ça ne marche pas, que ça cause des problèmes de santé mentale, et pourtant, on continue à appuyer sur l’accélérateur.

Mais l’enseignement à distance pendant la pandémie a été un moment extrême. Est-ce qu’on continue vraiment à appuyer sur l’accélérateur ?

EM : Oui. Un bon exemple de ça, c’est l’UQAM. Avant la pandémie, il y avait une cinquantaine de cours en ligne, c’était très niché. Maintenant, il y en a 850 ! Ça ne s’est pas résorbé avec la fin de la pandémie, au contraire ! Il y a une volonté, aussi bien à l’OCDE que chez les GAFAM, d’aller de l’avant avec une société du télé-everything, où tout se fait à distance, y compris l’éducation.

SM : Le seul endroit qui semble un peu protégé, c’est le primaire et le secondaire, parce qu’on a constaté à quel point c’était catastrophique. Mais même au primaire et au secondaire, les travaux faits sur ordinateur augmentent.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Sébastien Mussi, professeur de philosophie au cégep et coauteur du livre Bienvenue dans la machine

Or, la technologie ne conduit pas à une meilleure assimilation du contenu. Dans plusieurs cas, c’est nuisible à l’apprentissage. Nos étudiants actuellement, ils ont fait une partie de leur secondaire en ligne et on constate chez eux des lacunes effarantes.

Sébastien Mussi, professeur de philosophie au cégep et coauteur du livre Bienvenue dans la machine

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Source: La Presse

 

26 mars 2023