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La remorque écoénergétique pour fins d’enseignement au Cégep de Jonquière

C’est un des collègues de travail de Jean-François Déry, Sylvain Boivin, directeur du centre de recherche, de développement et d’innovation en communication du Cégep de Jonquière, qui a eu l’idée de construire et de mettre en marche un véhicule mobile meublé d’équipements autonomes sur le plan énergétique et d’un système de ventilation pouvant être chauffé et climatisé. Pour concrétiser le projet, il fait appel à différentes ressources du collège, dont la chaire de recherche Terre, chapeautée par le Centre de production automatisée du cégep de Jonquière (CPA). Entrevue de Marie Lacoursière avec  Monsieur Jean-François Déry

Une contribution interdiciplinaire exemplaire

Plusieurs départements concernés par l’autonomie  d’énergie sont mis à contribution dans la concrétisation du projet.Ce sont les gens des disciplines de techniques du bâtiment, pour dessiner une remorque, de génie électrique et de réseautique, pour la mise en place des réseaux à installer à l’intérieur d’un véhicule qui peut se déplacer et faire des captations autonomes. Des déploiements mensuels sont effectués durant l’hiver avec un immense mobile qui entre dans un camion de 20 pieds et qui s’installe à l’intérieur d’une bâtisse pour faire des captations partout au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Jean-François Déry précise que les élèves de troisième année doivent faire des captations de ce type. « Nous envisagions donc la mise en forme d’un véhicule plus petit capable de loger des équipements également plus petits pour travailler avec des petites équipes chargées des captations. Nous avons réussi avec différents collaborateurs à faire fabriquer un véhicule pouvant accueillir huit personnes, branché à quatre appareils de prise de vue, et en mesure de faire la captation d’un spectacle ou d’une activité sportive extérieure de façon autonome pendant une durée minimale de quatre heures. Le véhicule devait de plus pouvoir être réchauffé ou climatisé au besoin. »

Le Centre de recherche, de développement et d’innovation en communication (CRDIC) du Cégep de Jonquière, avec sa nouvelle directrice madame Nancy Gagnon, a réussi à attacher plusieurs collaborateurs au projet. La Société de la vallée de l’aluminium s’est ainsi jointe financièrement, tout comme le ministère de l’Innovation. Des partenaires plus tournés vers les aspects physiques ont également alloué des sommes et du temps pour concrétiser le projet et le mettre en

action. FrYgYcube s’est engagé pour la mise en forme d’un système de chauffage et de climatisation. REC4BOX, une compagnie de Saint-Jean-sur-Richelieu qui fabrique déjà des unités mobiles non autonomes énergétiquement, devant obligatoirement utiliser 50 ampères en permanence pour pouvoir faire fonctionner les équipements à l’intérieur, fut d’une grande aide. « Nous nous sommes de plus associés avec FERICAR, fabricant d’immenses trains routiers pouvant transporter des copeaux et toutes sortes de marchandises. FERICAR s’est chargé de la mise en forme de l’ensemble du matériel en aluminium à partir des plans faits au cégep et qu’ils ont finalisé afin que le ministère du Transport délivre les autorisations essentielles pour mettre la remorque sur la route».

 Des partenaires actifs et productifs

M. Déry poursuit la description des étapes ayant mené à la réalisation du projet. « Entre collègues de travail, nous avons mis en place les éléments requis pour l’habitabilité du véhicule. Le Cégep de Jonquière a assumé une bonne partie des frais, et le ministère a accepté de nous accorder une subvention si un collaborateur externe était en mesure d’injecter les sommes requises. Ce sont les gens de Québecor qui ont octroyé la jolie somme de 97 000 $ pour l’achat d’un équipement de captation mobile, permettant ainsi l’achat de boîtes de mise en ondes DEJERO, déjà utilisées sur le marché du travail et qui permettent de brancher une caméra intérieure et de diffuser de n’importe où sur la planète, tant et aussi longtemps qu’il y a du réseau cellulaire actif. Grâce à cette collaboration, durant les cinq prochaines années, nos étudiants pourront ainsi partir avec des boîtes de ce type leur permettant de brancher des caméras et d’envoyer, en direct, leurs signaux dans notre département. Le projet s’est concrétisé sur une période d’une année et la machine fut inaugurée en grande pompe le 11 novembre dernier. Les gens de Québecor, tout comme l’ensemble de nos partenaires, étaient sur place. La machine fonctionne à merveille. Nous avons dernièrement été en mesure de faire un déploiement en novembre durant lequel la remorque est demeurée autonome énergétiquement pendant huit heures. »

La naissance du projet

Jean-François Déry précise qu’un des problèmes dans son département, ce n’est pas d’activer les gens, mais bien de les « arrêter ». « L’équipe est toujours en effervescence. La technologie change tellement vite dans notre domaine. Je suis caméraman de formation, de préciser l’enseignant. J’ai complété ma formation ici en 1990, pour devenir par la suite directeur technique et de production. Je faisais du mobile, des installations de régie et, pour nous, tout doit toujours bouger, être créatif pour trouver de nouvelles solutions, non seulement pour faire des captations, mais également pour apprendre et montrer à nos étudiants, les mettre dans l’action. Il nous faut donc toujours penser en termes de nouveauté. Nous nous sommes rendu compte que, question de coûts, les équipes et les équipements ont été beaucoup réduits. Quand vient le temps de faire des captations avec des équipes, nous tentons de réduire au mieux la grosseur des équipements. Dans ce sens, le cégep a réussi à investir 100 000 $ dans notre régie 4K ultra HD afin de pouvoir capter des images d’extraordinaire qualité. L’unité mobile devient ainsi un bijou professionnel. Nous sommes de plus en remise en question continuelle afin de maintenir d’année en année le standard de qualité que nous nous imposons pour adapter les équipements, les enseignements et les mises en situation des étudiants sur le marché du travail. »

L’accessibilité de la machine

La mise en forme du projet et son actualisation ont majoritairement été prises en charge par des intervenants des programmes de génie mécanique et de génie électrique. Ce sont les enseignants et étudiants qui ont assuré la mise en œuvre de la construction. Jean-François Déry et Jean-François Berthiaume, enseignant en art et technologie des médias du Cégep de Jonquière, se sont impliqués au niveau de l’ergonomie et de l’opérabilité. Dorénavant ce seront les étudiants de la première à la troisième année de formation qui pourront utiliser la machine, qui ressemble à une remorque fermée ou un bureau mobile. Elle pourra être utilisée, à titre d’exemple, par des gens d’intégration multimédia qui veulent faire de la promotion dans les écoles, servir de remorque ou de bureau mobile pour les gens d’Embryo, une agence en lien avec la voie de sortie publicité à la promotion d’événements. Elle sera également très utile pour les techniques de communication dans les médias, les gens en journalisme qui voudraient se faire un bureau satellite, couvrir des nouvelles dans le cadre d’élections par exemple. Il s’agit en définitive d’une boîte, sans équipement permanent à l’intérieur à l’exception d’un système de batteries. Les étudiants devront donc installer l’équipement requis à intérieur et le réemballer, déplacer le véhicule pour mieux le redéployer ailleurs. Ce sont les gens de la première à la troisième année qui pourront en bénéficier largement.« Cet hiver, les étudiants de troisième année capteront de la dynamophilie compétitive dans un hôtel avec quinze opérateurs étudiants », précise monsieur Déry.

« Grâce à Facebook, nous demeurons en contact avec nos anciens. De nombreuses félicitations fusent de partout au regard des orientations et du genre de captation que nous encourageons. Pour inclure tout ça dans notre pédagogie, nous devons transformer nos cours, déplacer des blocs d’enseignement, dépendamment de la température et des mécanismes à mettre en place pour pouvoir utiliser le système et rendre efficace l’apport de ce nouveau, mais combien utile, équipement. Nous faisons donc face à un très beau problème. »

Une association fructueuse

Cinq programmes et services se sont associés à la concrétisation du projet. Le Département de technologie de l’information a assuré un support constant dans l’installation de la réseautique. Les gens de la direction des services administratifs et techniques ont rendu disponibles les manœuvres permettant de compléter l’installation à l’intérieur des panneaux ignifuges essentiels pour contrer le son. Ils ont fait isoler l’intérieur d’uréthane. Les gens de génie électrique avec le CPA ont assuré la mise en place du système intérieur de câblage. Les électriciens de l’école ont finalisé la portion électrique, et les gens de génie mécanique ont également contribué à la mise en place de la climatisation tant au niveau de l’analyse des besoins que de la réalisation. En définitive, cinq services et départements du cégep ont été sérieusement mis à contribution dans la mise en forme et en place du projet. « En incluant tous les collaborateurs, nous parlons de plus d’une trentaine de personnes. Ce fut un projet excessivement intéressant à chapeauter. Lors de la conférence de presse, j’ai bien fait rire l’auditoire en leur disant que je m’occupais de l’habitabilité et de la possibilité d’installer des équipements et qu’à la moindre décision de déplacement d’un mur il me fallait intervenir auprès de cinq services. Chacun y allait de ses préoccupations face au partage de l’espace, des besoins de réseautique. J’ai trouvé cela très intéressant et facile parce que les gens de chacun des milieux étaient passionnés. Les réponses étaient conséquemment rapides, efficaces et les solutions, à portée de main. »

« Tout a ainsi convergé vers une très belle réussite et nous en sommes fort satisfaits, de compléter l’enseignant. J’ai été très impressionné que nous ayons réussi à atteindre l’ensemble de nos objectifs, et ce, dans un climat des plus positif. Nous nous attendions à avoir un véhicule qui soit autonome pendant quatre heures et jusqu’à ce jour nous pouvons travailler sans aide électrique pendant huit heures. Je suis plus que satisfait. Les gens sont contents et ce n’est pas terminé.

 

Nous avons l’intention, avec notre collègue qui fabrique déjà ce type de mobile et qui s’adresse au marché américain, de travailler à la mise en vente du concept que nous venons d’actualiser. L’entreprise pourra s’inspirer du système de batteries que nous avons installé et l’utiliser dans son propre système. Nous pourrions aussi transporter une boîte autonome énergétiquement en Afrique pour en faire une salle d’examen en médecine. C’est ce que nous voulions développer. Nous envisagions le produit final plus grand qu’une simple unité de captation. Nous espérions réaliser un cube qui pourrait devenir une régie mobile comme bureau de médecin capable d’intervenir n’importe où sur la planète, et ce, en étant autonome énergétiquement. C’est la raison pour laquelle chacun s’est investi en percevant le potentiel en cause. »

Des résultats positifs

L’équipe est heureuse des résultats obtenus. Le but de l’ensemble des interventions mises de l’avant n’était pas uniquement l’utilisation qui pouvait être faite du système, mais bien que les étudiants puissent en voir le potentiel, décider de faire des projets en intégrant le concept. La première gratification du groupe d’enseignants fut le 11 novembre dernier lorsque le mobile fut mis en marche pour la première fois. « J’ai des étudiants qui sont débarqués de la remorque les étoiles dans les yeux, précise l’enseignant et coordonnateur. “Si tu as d’autres projets comme celui-là, nous voulons en être, ont-ils dit. C’est trop intéressant et stimulant. Nous voyons que nous sommes des pionniers à travers tout ce cheminement. Montre-nous les autres choses que nous avons à apprendre. Nous avons le goût d’apprendre.”

Pour l’équipe en place, il s’agit d’un résultat ultime de conclure Jean-François Déry: «observer  le jeune qui apprivoise l’outil, en voit les possibilités en étant en mesure de penser comment l’intégrer dans ses prochaines captations, cela constituait le but de l’entreprise et ils en sont excessivement contents. Nous avons vécu une forme d’apothéose parce que nous avons vu des éclairs dans les yeux et les aspirations de nos étudiants. Nous n’utilisons plus des fils réguliers, nous utilisons de la fibre optique maintenant. Ils en ont vu le potentiel à travers le chemin parcouru avec nous. La fibre optique exige l’utilisation de convertisseurs et ils l’ont compris. Ils en ont saisi le langage, et l’efficacité. Les nouveaux protocoles qu’ils doivent apprendre, tout comme nous d’ailleurs afin de pouvoir les enseigner, ils les ont apprivoisés concrètement. Ils ont été très stimulés par l’expérience. Ils ne cessent d’en parler et demandent quand ils pourront l’utiliser durant la session. Il faut donc l’intégrer parce que les gens ont trop le goût d’apprendre. Le mobile pourra nous servir dans le cadre de nos campagnes de promotion à l’extérieur. Nous pourrons déployer le mobile lors de visite de parents et même déplacer le véhicule à travers toutes les régions du Québec. »






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