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Le RISQ, un réseau unique où les cégeps sont propriétaires et partenaires

Le RISQ (Réseau d’informations scientifiques du Québec) est propriétaire d’un réseau à très haut débit de 6000 kilomètres de fibres optiques qui relie quelque 150 établissements d’enseignement universitaire, collégial, des centres de recherche et des commissions scolaires. Ce réseau privé dont les établissements d’enseignement et de recherche sont les propriétaires fêtait en 2014 ses 25 ans. Les cégeps sont des partenaires à part entière de ce réseau d’avant-garde. En voyageant sur Internet, des milliers d’étudiants et de professeurs ignorent sans doute qu’ils utilisent une super autoroute : le réseau RISQ.

Un réseau qui place le Québec en avance
Le RISQ a été mis en place grâce à une contribution significative du gouvernement du Québec pour le déploiement du réseau de fibres optiques de base. Michel Vanier, le directeur général du RISQ explique : « Quand je regarde la position du Québec par rapport à d’autres provinces ou autres états avoisinants, le Québec est en mode de télécommunications, largement en avance grâce à ces investissements et à la création du RISQ. L’Internet est composé de réseaux autonomes. Chaque réseau a un numéro de système autonome (ASN). Il y a environ 50,000 ASN à travers le monde. Ces réseaux décident d’échanger entre eux de gré à gré leurs trafics. Une complexité commerciale inouïe. Ce qui est remarquable, c’est que ça fonctionne. On peut rejoindre à peu près n’importe qui à travers le monde. Le RISQ est un organisme à but non lucratif privé dont la mission spécifique est de servir l’éducation et la recherche sur le territoire du Québec. Le réseau est interconnecté avec le réseau fédérateur canadien CANARIE. Ça permet de rejoindre toutes les autres provinces canadiennes et presque tous les autres pays qui ont des réseaux d’éducation et de recherche ».

Un modèle d’affaires remarquable sur le plan économique

Michel Vanier, Directeur général du RISQ

Pour monsieur Vanier, le RISQ représente un modèle d’affaires remarquable sur le plan économique. « Actuellement, il est autant utilisé pour la recherche que pour l’éducation. Les chercheurs peuvent utiliser le réseau pour transiter des flux de données importantes sans frais à l’utilisation. À titre d’exemple, dans le projet Atlas du CERN et du Grand collisionneur de hadrons où on pense avoir découvert le fameux boson de Higgs, on est appelé à générer des débits d’échanges entre l’Europe et l’Amérique qui permettent aux chercheurs du pays de collaborer à ce grand projet international. Ces échanges sont possibles sans frais. Chaque région assume les coûts de son réseau régional. Le réseau est aussi utilisé pour des vidéoconférences entre les groupes de recherche ».

Financé essentiellement par la contribution de ses membres
En 2000, une subvention du gouvernement a permis d’étendre le réseau en région et de raccorder les cégeps. Le gouvernement demandait cependant aux établissements de voir au remplacement des équipements. Depuis ce temps, le RISQ est financé essentiellement par les contributions de ses membres et par les revenus des services autonomes autofinancés. En ce moment, il ne reçoit aucune subvention du gouvernement du Québec.

« On ne serait plus capable de faire ce choix aujourd’hui »
La décision de déployer un tel réseau fut un choix stratégique dont on mesure maintenant toute la portée. « On ne serait plus capable de faire ce choix aujourd’hui », affirme monsieur Vanier. « Au début des années 2000, il y avait une ouverture de l’industrie des télécommunications à vendre de la fibre optique. Le marché s’est complètement refermé depuis. C’est très très difficile d’acquérir de la fibre optique ou même de faire des échanges. L’industrie des télécommunications au Canada demeure une collection de monopoles régionaux, un oligopole. Nous sommes chanceux d’avoir réussi à implanter ce réseau dans ces années-là. Ça nous permet de fonctionner à coûts égaux presque constants depuis 10 ans. En fait, la cotisation de nos membres, universités et cégeps, a baissé de 30 % au cours des 5 dernières années malgré le fait que le trafic de données transitées a augmenté de 40 à 50 % par année. Le RISQ compte sur une équipe d’une vingtaine d’employés ».

Un accès gratuit à des contenus éducatifs
Au cours des dernières années, le RISQ a mis l’accent sur le développement de l’accès des contenus éducatifs. La suite Office 365 est offerte gratuitement par Microsoft aux maisons d’enseignement. Des cégeps s’en sont prévalus. Google offre aussi gratuitement ses applications aux établissements. En tant que gros joueur Internet au Québec, le RISQ a comme rôle  de faciliter l’accès aux grands fournisseurs de contenus. Comme regroupement d’achats, le pouvoir d’attraction est décuplé. Un plus pour les établissements. Une fois le réseau déployé, les coûts sont fixes indépendamment du volume transmis.

Une présence des commissions scolaires
Le RISQ veut ajouter les commissions scolaires comme partenaires. Déjà 45 commissions scolaires sont branchées au réseau du RISQ. « L’offre de service est très avantageuse pour elles. Au rythme où les élèves vont utiliser les appareils numériques, le modèle d’affaires du RISQ devient intéressant, parce que le volume peut augmenter sans majoration des frais contrairement aux entreprises commerciales qui ont une tarification au volume. L’arrivée des commissions scolaires permettra à l’ensemble des partenaires de partager et de diminuer les coûts ».

Migrer vers l’infonuagique à prix abordable
Dans une perspective de développement des services infonuagiques, les centres de données dans les établissements sont appelés à migrer en tout ou en partie vers l’extérieur représentant des économies importantes au niveau des infrastructures (électricité, aménagement). Pour un utilisateur normal, il y aurait des coûts de télécommunication à assumer. Pour les membres du RISQ, les coûts seront moindres, le réseau est déjà là.

La question de la sécurité est devenue en l’espace de deux ans une priorité numéro un du RISQ. Les services en ce sens ont été développés. « Un cégep de 1500 étudiants ne peut se permettre d’avoir des spécialistes en infonuagique ou en gestion de la sécurité. Le RISQ est en train de développer des services qui ont une valeur ajoutée importante pour les établissements. Les cégeps sont ici en demande ».
Michel Vanier est content de pourvoir affirmer : « Pour les cégeps, le RISQ est devenu leur organisme. Les cégeps se sont appropriés le RISQ ».

« Pour les collèges, le RISQ est un incontournable »

François Paradis est directeur des systèmes et technologies de l’information au Collège Dawson et il représente les collèges sur le CA du RISQ. Il est catégorique : « Pour les collèges, le RISQ est un incontournable. Pour les grands collèges de la région métropolitaine, il y aurait des alternatives commerciales qui pourraient être raisonnables. Mais, quand on parle des cégeps en région plus éloignée, là où le réseau commercial a moins d’intérêt à se déployer, les prix seraient prohibitifs. Le RISQ permet de mettre tous les collèges sur la même échelle de coûts. Peu importe que l’on soit en région ou dans les grands centres, le service est accessible au même prix. Une autre composante intéressante : indépendamment du volume, le tarif n’augmente pas sur l’IntraRISQ entre maisons d’enseignement. On n’a pas à mesurer l’utilisation. Là où on tient compte du volume, c’est sur l’Internet commercial. Mais, même en mode commercial, les tarifs du RISQ sont très avantageux ».

Un sentiment d’être membre à part entière
François Paradis nous confirme que les collèges ont maintenant le sentiment d’être des membres à part entière du RISQ : « Dans les décisions du conseil, nous nous sommes toujours préoccupés d’avoir notre voix, peu importe notre représentation au conseil d’administration. Il est vrai que nous n’avons pas le même nombre de sièges que les universités, néanmoins on ne se sent pas sous-représentés ».
Les cégeps exploitent-ils tout le potentiel de l’IntraRISQ? « Nous n’utilisons pas l’IntraRISQ de la même façon que des membres universitaires, surtout en recherche. Mais le RISQ est à l’écoute des besoins émergents des collèges. Ils évaluent actuellement nos besoins en infonuagique et en sécurité. La proximité du réseau et ses performances sont des atouts importants dans le partage des systèmes et des applications. Toute proportion gardée, les cégeps utilisent déjà la bande passante autant que les universités en terme de volumes et en termes de services » de préciser François Paradis.

Nancy Rancourt est directrice, Service aux membres et Exploitation au RISQ. Pour elle, les cégeps sont des membres institutionnels à part entière et bénéficient des mêmes services que les universités. « Parmi les services optionnels développés, le service « R-sécurité » qui vise principalement à faire face aux attaques par déni de service. Le service est particulièrement apprécié des cégeps parce qu’il répond à un besoin et permet de minimiser les coûts en n’ayant pas besoin d’investir dans l’achat d’une technologie et dans le développement des compétences pointues reliées à cette problématique. Ce service est un exemple où le RISQ a pris en compte les besoins des collèges, car les universités manifestaient moins de besoins à ce sujet. Les cégeps ont pris leur place dans la gouvernance du RISQ; ils se sont approprié leur réseau.

Le RISQ travaille sur un nouveau service : RISQ-Cloud. Les collèges, comme toutes les institutions, évaluent les possibilités d’utiliser l’infonuagique dans leurs opérations quotidiennes. Plusieurs l’utilisent déjà pour les services de courriels aux étudiants, mais la réflexion doit se poursuivre quant aux salles de données. Un des besoins qui a été identifié au RISQ est d’avoir accès aux services du RISQ chez le fournisseur d’infonuagique.. C’est cette approche qui a été privilégiée par le RISQ afin de développer un nouveau service qui répondra aux besoins identifiés.

Les possibilités de l’Intra-RISQ
L’Intra-RISQ offre des possibilités intéressantes pour les collèges.. Le contexte des compressions budgétaires incitera peut-être des collèges à mettre en commun des services et des applications en utilisant de plus en plus l’Intra-RISQ. « Il y a beaucoup de collaborations entre les cégeps. Les collèges cherchent les moyens de s’entraider et de travailler ensemble pour diminuer les coûts et partager les connaissances ». précise madame Rancourt.

La téléphonie sur le réseau du RISQ
La téléphonie est un dossier qui intéresse plusieurs collèges. Plusieurs membres font de la téléphonie sur le réseau du RISQ depuis plusieurs années étant donné qu’il n’y a pas de contention. Cependant, le RISQ fait présentement des tests pour implanter la qualité de service sur le réseau conformément à ce qui a été défini dans un comité de travail avec ses membres. Le RISQ travaille aussi conjointement avec le CCSR dans le cadre du prochain appel d’offres en téléphonie. L’idée est de mettre des lignes SIP directement sur le réseau du RISQ et que les membres du RISQ puissent s’offrir de la téléphonie sur leur réseau à moindre coût. Ce dossier fera assurément partie des priorités du RISQ dans le prochain plan d’affaires.

Une organisation qui a bien évolué où les cégeps ont pris leur place
Pour madame Rancourt, il est évident que les cégeps voient maintenant le RISQ comme un partenaire important. « Je le vois par les demandes que nous recevons ainsi que par les discussions sur la possibilité d’optimiser l’utilisation de leur réseau ». En conclusion de l’entretien, madame Rancourt affirme : « Il est très intéressant de voir ce qu’est devenu le RISQ après 25 ans. C’est une organisation qui a bien évolué où les cégeps ont pris la place qui leur revient. La relation s’est développée en termes de proximité et de souci de répondre aux besoins des collèges et de l’ensemble de ses membres ».

Le RISQ, un réseau qui permet et permettra au réseau des collèges de travailler encore plus en réseau.

Entrevues et texte réalisés par Alain Lallier, édimestre, Portail du réseau collégial






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