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Premières Nations, Métis et Inuit au collégial:Gikinoo’amaadiwag

Suite à la réception d’un courriel nous proposant de diffuser le site de ressources pédagogiques  autochtonie.csimple.org  sur notre plateforme, Marie Lacoursière s'est  entretenue avec mesdames Diane Le May, enseignante au département Histoire & Géographie et coordonnatrice du Projet Premières Nations, Métis et Inuit et Julie Vaudrin-Charette, conseillère pédagogique au Cégep de l’Outaouais. À travers le réseau des Cégeps, il existe actuellement une volonté manifeste de rapprochement et de collaboration avec les communautés des Premières Nations, Métis et Inuit.

De gauche à droite  Julie Vaudrin-Charette, Réjeanne Gagnon et Diane Le May

Partant de ce constat, un comité de professeurs et de conseillères pédagogiques du Cégep de l’Outaouais expérimente diverses approches pédagogiques interdisciplinaires en collaboration avec la communauté anishinabeg de Kitigan Zibi. Nous partageons avec vous quelques perspectives sur le projet en cours.

Apprendre l’un de l’autre

« Gikinoo’amaadiwag » signifie « apprendre l’un de l’autre » en anishinaabemowin, la langue de la nation anishinabeg, dont le territoire non cédé se situe en Outaouais.  Le Projet Premières Nations, Métis et Inuit (Projet PNMI) vise à faire connaître et à intégrer l’histoire et les perspectives autochtones dans plusieurs disciplines. Il permet également de mettre en œuvre des collaborations entre les représentants des communautés autochtones, les professeurs et les divers intervenants de la région.

Cette année, le projet bénéficie d’une subvention du Ministère du Patrimoine canadien dans le cadre du Programme des célébrations et commémorations des guerres mondiales. Il s’agit de monter une exposition intitulée : « Niganenakwemin;  nous défendrons; We will stand » cette exposition inclue également des volets audiovisuels, de production de matériel didactique et un site Web éducatif.

L’exposition qui se tiendra en mai, au campus Gabrielle-Roy du Cégep de l’Outaouais, se  prépare conjointement avec la communauté et les aînés Kitigan de Zibi, et inclut des éléments de la langue anishinaabemowin et de la culture. À titre d’exemple, les aînées Mme Judy et Céline Thusky  ainsi que la coordonnatrice de l’éducation de Kitigan Zibi, Mme Anita Tenasco, ont accompagné les étudiants et professeurs  des programmes de Design d’intérieur et d’Intégration multimédia dans le développement du concept de l’exposition. « Ce sont les valeurs et les caractéristiques culturelles anishinabeg  qui ont guidé tout le travail de l’exposition, les documents didactiques et audiovisuels.  L’exposition devient ainsi un espace de dialogue interculturel » explique Diane Le May.

Ci-dessus, une représentation des animaux liés aux 7 grands-pères Anishinabeg tels que proposé par les étudiantes en techniques d’intégration multimédia. Enseignant: Jean Boudreau .

Ci-dessus, un des 9 concepts d’exposition proposé par les étudiantes en techniques de design d’intérieur. Enseignante : Mariève Mayer.

Une approche interdisciplinaire
Le projet Premières nations, Métis et Inuit a germé dans la tête de quelques professeurs de plusieurs disciplines du programme de Sciences humaines. Un comité fut formé et est coordonné par Diane Le May.  Rapidement, des professeurs d’autres programmes ont manifesté un grand intérêt à intégrer eux aussi du matériel pédagogique traitant des peuples autochtones. C’est ainsi que s’est mise en place une collaboration entre professeurs de différentes disciplines et de différents programmes au Cégep de l’Outaouais. D’autres projets sont sur la table pour l’an prochain.

L’an dernier, le Cégep de l’Outaouais a débuté une collaboration avec la communauté de Kitigan Zibi afin de répondre aux besoins des professeurs qui souhaitaient introduire des savoirs et de nouvelles méthodes pédagogiques dans leurs cours. Ainsi « à travers le développement des contenus spécifiques, et en respectant les compétences prescrites, l’enseignant en philosophie ou en multimédia, développe des points d’ancrage avec l’autochtonie» explique Diane Le May, à titre d’exemple « le cours de sociologie rejoint Techniques policières  et Soins infirmiers pour le développement de compétences interculturelles par les étudiants.  À ce titre, l’apport de la communauté Anishinabeg est indéniable.  Nous devons assurer le respect des principes de réciprocité dans ces partenariats. »  « Ainsi, les liens avec l’éducation à la citoyenneté sont présents », affirme Julie Vaudrin-Charette. « Quand nous regardons attentivement la définition de la compétence interculturelle ou de l’éducation à la citoyenneté, il existe encore très peu d’endroits où on ose nommer la question des iniquités sociales envers les Autochtones. Pourtant, il s’agit bien d’un phénomène à étudier pour l’éducation à la citoyenneté. Certains collèges canadiens s’en servent déjà, notamment le Collège Centennial, à Scarborough, en Ontario.   Dans sa mission institutionnelle,  il précise que pour former des gens à l’interculturel, nous devons tenir compte des enjeux de justice sociale pour de meilleures relations entre les Autochtones et les Non-autochtones ».

Élargir la portée des actions : le site autochtonie.csimple.org

Afin d’inclure les pratiques pédagogiques inclusives des Premières Nations, Métis et Inuit dans le réseau, un site collaboratif a vu le jour.  Il vise le partage de ressources entre les professeurs ayant intégré des contenus et des activités en collaboration avec des communautés. Le Service de recherche et de développement pédagogique du Cégep de l’Outaouais utilise régulièrement les plateformes csimple en vue de développer et co-créer la pédagogie collégiale.  Grâce à cet outil, Julie Vaudrin-Charette documente et diffuse de l’information sur les pratiques collaboratives en cours en Outaouais et dans le réseau collégial. On y trouve diverses ressources documentaires, des pratiques pédagogiques exemplaires, des projets de mobilité en milieu autochtone recensés à travers la province.  On y trouve également un questionnaire visant à dresser un portrait des initiatives en cours au Québec.

Regroupement provincial

Diane Le May précise que l’intérêt de ce projet réside dans la mobilisation des professeurs et l’appui institutionnel. « Plus les gens en apprennent sur le projet, plus ils s’y intéressent. On constate une volonté de plus en plus importante de mettre en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation. Plusieurs institutions d’enseignement supérieur se sont engagées dans le processus de réconciliation.Cette année, dans le cadre du colloque annuel de l’AQPC, nous organisons une rencontre où sont invités des professeurs,  des membres des directions des collèges et des représentants de communautés autochtones dans le but de faire connaître le travail qui se fait en sol québécois. Nous souhaitons ainsi dresser un portrait de la situation dans le réseau, et ce, toujours avec la contribution de représentants des Premières Nations.  Nous espérons mettre en place un espace officiel, une table de concertation ou un comité provincial qui permettrait d’interpeller toutes les personnes qui travaillent déjà avec les communautés, ou qui souhaitent   le faire ».

Cela permettrait l’adhésion d’un plus grand nombre d’institutions au Protocole pour l’éducation autochtone de Collèges et instituts Canada, dont seulement cinq cégeps sont actuellement signataires.  Mesdames Le May et Vaudrin Charette espèrent que le Cégep de l’Outaouais y adhérera incessamment. Elles disent : « Il s’agit d’un outil qui devrait être connu dans le réseau parce qu’il donne des lignes directrices élaborées avec les communautés autochtones. Le réseau n’imposera pas sa façon de faire aux communautés. Il devra apprendre ce que les communautés sont prêtes à nous enseigner. »

« Finalement, nous comptons faire connaître les initiatives en cours afin de mettre en place des approches collaboratives entre “nations” pour de meilleures pratiques pédagogiques »

Entrevue et texte réalisés par Marie Lacoursière, édimestre au Portail du réseau collégial






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