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Le Festival de cinéma de la ville de Québec n’est pas seulement l’hôte de projections et de conférences.

JOURNAL LE DEVOIR

17-09-2019-Le Festival de cinéma de la ville de Québec n’est pas seulement l’hôte de projections et de conférences. Voici qu’au sixième jour de l’événement ont été dévoilées les conclusions d’une importante étude portant sur l’intérêt des jeunes pour le cinéma québécois. Il en ressort que les premiers connaissent « très mal » le cinéma québécois, mais que, lorsqu’on les y expose, « l’éveil se fait, l’intérêt se développe et ils veulent en regarder », dixit le rapport de l’équipe.

La recherche, qui a débuté en septembre 2018, a été menée conjointement par le cégep Garneau et l’Institut national de la recherche scientifique auprès de 424 étudiants et 178 professeurs. Celle-ci était dirigée par la professeure Marianne Gravel, du cégep Garneau, en collaboration avec les professeurs Laurent Pelletier, du cégep Garneau également, et Christian Poirier, de l’INRS.

S’impose d’abord un intérêt « modéré » à l’égard du cinéma québécois jumelé à des connaissances « limitées » : lorsque les 424 étudiants ont été soumis à un test de connaissances par rapport au cinéma québécois, ils ont enregistré une piètre moyenne, soit 4,6 / 10. De leur côté, les 178 professeurs ont décroché une moyenne de 8,1 / 10 en répondant aux mêmes questions.

Pis, parmi les étudiants, 57 % ne sont pas parvenus à nommer cinq films québécois. Seulement 5 % d’entre eux ont déclaré avoir vu plus de six films québécois au cours de l’année écoulée, et 14 % ont admis n’en avoir vu aucun. Interrogés sur leur soif d’apprendre et d’explorer eu égard au cinéma québécois, 9 % ont répondu qu’ils le connaissent déjà bien, 48 % ont dit souhaiter le découvrir, et 43 % ont affirmé ne pas le connaître beaucoup et ne pas désirer en apprendre davantage.Ce dernier chiffre frappe tout particulièrement.

Un outil pédagogique

Or, une façon de combattre ce désintérêt résiderait justement dans le milieu collégial. Car il est à cet égard d’autres chiffres révélateurs dans l’étude. Ainsi, on y précise que plus de la moitié des étudiants du cégep Garneau (une proportion de 52 %) débarquent sans détenir l’ombre d’une formation cinématographique. En parallèle, 22 % des professeurs confirment avoir déjà eu recours au cinéma québécois comme outil pédagogique. Ceci expliquant peut-être en partie cela, en dépit du faible intérêt estudiantin pour le cinéma québécois dans la vie dite « extrascolaire », l’inclusion de celui-ci dans la vie cette fois scolaire a l’heur de susciter l’enthousiasme — l’expérience simultanée d’un ciné-club à laquelle 25 étudiants ont participé renforce ce constat.
Placé devant la possibilité du recours à un extrait ou à un film québécois entier, seulement 1 % des répondants ont réagi de manière « très négative », 3 %, « négative », 38 %, « positive », et enfin 33 % de manière « très positive », le quart restant se disant d’avis neutre.

Les chercheurs voient là une ouverture évidente plaidant en faveur « d’initiatives pédagogiques liées à l’outil-cinéma québécois ». À noter par ailleurs que les professeurs favorables à cette approche ne sont pas uniquement issus de départements tels lettres, communications, arts, ou encore sciences humaines, qu’on pourra percevoir comme des alliés naturels, mais aussi de programmes plus inattendus : on mentionne les techniques policières et d’intervention en délinquance, notamment.

« Ceux qui ont recours au cinéma québécois y voient plusieurs bénéfices, comme celui d’offrir rapidement des repères historiques aux jeunes, de susciter des débats et de faciliter le dialogue entre les professeurs et les apprenants », indique Marianne Gravel au sujet des motivations professorales.