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Compressions budgétaires

«Le pire est à venir», préviennent des cégeps dans le rouge

Zacharie Goudreault, Le Devoir

Il n’y a pas que les écoles qui crient famine. Plusieurs cégeps au Québec voient leur budget être limité au point où, malgré des suppressions de postes et des réductions dans certains services, ils anticipent un déficit se comptant en millions de dollars cette année. Et « le pire est à venir », préviennent-ils.

Mercredi, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a dû défendre la décision de son ministère de limiter à 2,2 % la hausse des sommes allouées aux écoles de la province cette année, ce qui amène celles-ci à devoir retrancher plus d’un demi-milliard dans leurs dépenses en prévision de la prochaine rentrée scolaire. « On ralentit le rythme de croissance et, oui, il y a un ajustement à faire », a déclaré le ministre à l’entrée du conseil des ministres, en réaction aux nombreuses critiques que cette décision a soulevées dans le réseau de l’éducation ces derniers jours. « Il faudra être plus efficace avec l’argent qu’on investit », a-t-il ajouté.

« Ça augure mal »

Plusieurs cégeps ont pour leur part adopté dans les derniers jours, en conseil d’administration, leur budget pour l’année 2025-2026. C’est ainsi qu’à eux seuls, six établissements de différentes régions du Québec anticipent un déficit annuel totalisant près de 13 millions de dollars, a appris Le Devoir après avoir contacté une douzaine de cégeps. D’autres anticipent un déficit, mais ne l’ont pas encore chiffré.

« Ça augure mal », laisse tomber en entrevue la directrice générale du Collège Dawson, Diane Gauvin.

L’établissement avait évalué à cinq millions de dollars son manque à gagner cette année. Afin de réduire ce montant, il a procédé à l’abolition de 23 postes qui étaient vacants — et ne seront donc pas comblés. Il a aussi tiré un trait sur divers « projets spécifiques », en plus de fermer sa clinique de physiothérapie et le bureau de l’Ombudsman, énumère Mme Gauvin.

C’est ainsi que l’établissement entend limiter son déficit à 2,5 millions en 2025-2026, une somme qu’il puisera dans ses soldes cumulés afin de maintenir ses activités à flot. Ces soldes cumulés, qui servent normalement à financer de coûteux imprévus ou des projets majeurs, ont d’ailleurs diminué de façon notable dans plusieurs cégeps depuis 2023-2024, a constaté Le Devoir. Une situation qui soulève de l’inquiétude dans le réseau.

« Ça nous prend de l’argent pour être capables de louer des locaux ou d’investir dans les aménagements nécessaires pour accueillir plus d’étudiants ou d’étudiantes », illustre Geneviève Perreault, la directrice générale du Cégep de Lanaudière, en référence au rôle que jouent ces soldes cumulés.

Or, cette année, le Cégep de Lanaudière devra lui aussi piger dans ses soldes cumulés pour compenser un déficit anticipé de 944 000 dollars en raison des « coupures » budgétaires imposées par Québec, note Mme Perreault.

Le Cégep a par ailleurs dû effectuer, en prévision de la prochaine rentrée scolaire, « des coupures d’environ 20 % dans plusieurs postes budgétaires qu’on peut compresser », en plus d’abolir 13 postes liés à des projets spécifiques, confie Mme Perreault. « Et malgré ces abolitions de postes là, on a encore un déficit », soupire la directrice générale.

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19 juin 2025