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Le département de musique du Cégep de Saint-Laurent : une pépinière de musiciens


 

Rencontre avec les responsables de la coordination départementale, Alexandre Côté et Pierre-Marc Beaudoin

Le Cégep de Saint-Laurent figure sans contredit en tête de liste des établissements offrant une formation musicale de niveau collégial. Le Cégep se distingue aussi par la présence de musiciens au sein de son équipe de direction. En effet, le directeur général de l’institution, un des adjoints à la direction des études et la directrice des communications sont tous des musiciens qui ont enseigné au Département de musique.

Le Département se démarque également par divers aspects : le nombre important d’étudiants inscrits (300), le nombre de professeurs (65), les deux programmes (préuniversitaire et technique), les divers profils (7) et les installations. Il s’agit en  fait du plus gros département du Cégep. Le Département peut aussi se targuer d’avoir formé la nouvelle élite de la pop québécoise ; Ariane Moffatt, Marie-Pierre Arthur, Louis-Jean Cormier et Catherine Major ont tous étudié en musique au cégep de Saint-Laurent.

L’équipe de rédaction du Portail s’est intéressée au phénomène. Elle a voulu voir de plus près l’organisation de cette pépinière de musiciens. Elle a rencontré messieurs Pierre-Marc Beaudoin et Alexandre Côté, tous deux responsables de la coordination départementale.

Les programmes offerts


Le Collège offre deux programmes. Le premier est un programme préuniversitaire : Musique 501.A0, aussi offert en double DEC (avec Littérature ou Sciences de la nature ou Sciences humaines). À l’intérieur du programme se dessine un choix de sept profils de formation : chant classique,  composition, instruments harmoniques, jazz, orchestre (cordes), orchestre (vents) et percussion.

Au niveau technique, le collège offre le programme Techniques professionnelles de musique et chanson (551.A0) avec un choix de deux voies de spécialisation : Composition et arrangement et Interprétation.

Mentionnons au passage que le Département a été le premier à offrir le profil jazz, et ce, dès les années 70.

Au départ, une école d’abord dirigée par des religieuses
L’histoire du Département de musique est assez singulière. Au départ, l’école de musique ne fait pas partie du Cégep. Dirigée par les Sœurs de Sainte-Croix, elle est indépendante, bien qu’affiliée au Cégep. Ce n’est qu’en 1994 que l’école se rattache au Collège et que les professeurs intègrent le syndicat.

Une sélection serrée

Grâce à son excellente réputation dans le milieu musical, le Département reçoit annuellement, de partout au Québec, environ 175 demandes d’admission, parmi lesquelles 130 sont retenues. Pour faciliter l’équilibre des groupes et des ensembles, le choix de l’instrument principal de l’étudiant constitue un des critères de sélection.

Le processus de sélection est exigeant et repose sur des auditions. Une moyenne au secondaire supérieure à 70 % est exigée pour être admis en Musique. « Les candidats sont ensuite convoqués une fin de semaine pour leurs examens d’admission. Le processus de sélection comprend une audition à l’instrument et des examens de classement en solfège, en dictée et en analyse  » précise Pierre-Marc Beaudoin.

Une formation variée

La philosophie éducative du Département place l’étudiant au cœur de sa démarche. Les étudiants peuvent avoir divers niveaux de préparation. « Chaque professeur tente d’accompagner l’étudiant au maximum de son potentiel. Nous mettons beaucoup l'accent sur la créativité. Nous permettons aux étudiants de s’émanciper et de se réaliser dans leur pratique », explique Pierre-Marc Beaudoin. La formation en musique vise la formation intégrale de la personne.

La présence de trois doubles DEC colore également la vie départementale et le profil de formation des étudiants. « Ceux et celles qui y sont inscrits figurent d’ailleurs parmi ceux et celles qui réussissent le mieux ; on exige qu’ils aient à l’admission une moyenne de 80 %. On affectionne beaucoup ces étudiants, car ils ont déjà une certaine discipline et qu’ils n’ont pas peur de s’investir dans une démarche engageante. Le double DEC avec Sciences de la nature exige un grand sens de l’organisation, car la pratique instrumentale occupe une place importante dans le cursus »  précise Alexandre Côté.

 

Témoignage d’Ariane Moffatt sur son passage à Saint-Laurent

Le public et les membres de l'industrie ont couronné Ariane Moffatt  lors du 37e Gala de l'ADISQ. La chanteuse a d'abord été nommée interprète féminine de l'année en plus de remporter le prix du meilleur album pop pour 22 h 22.

Ariane Moffatt  a étudié à Saint-Laurent de 1996 à 1998. Inscrite dans le programme Chant-Jazz, elle avait choisi comme instrument second le piano. Sa formation principale portait sur le chant, la formation harmonique, le langage du jazz, la grammaire de la musique; formation qui lui a permis de mieux comprendre l’environnement musical dans lequel elle composait ses chansons. Ariane se souvient que le programme était contingenté. Il fallait être préparé pour être admis en musique à Saint-Laurent. Pour préparer les élèves aux admissions, son professeur au secondaire avait organisé un programme unique de concentration musique. Comme elle demeurait à Longueuil, il fallait vraiment vouloir aller à Saint-Laurent et accepter de traverser la ville jusqu’au bout de la ligne orange du métro. Heureusement, elle a pu compter sur le fait que Marie-Pierre Arthur, avec qui elle s’était liée d’amitié, avait loué un appartement près du Cégep. « Ce fut tout de même ma présence dans le métro la plus intense de ma vie », confie-t-elle.

Ariane se rappelle très bien ses professeurs : Vincent Morel en chant, « un prof. cool, jeune, qui adaptait son enseignement à la réalité du marché. Ce qui était fantastique à Saint-Laurent, c’est que presque tous les profs travaillaient dans le domaine de la musique. Lorraine Desmarais, qui produisait des albums et qui enseignait aux jeunes premiers du piano jazz. Sylvain Bolduc, un bassiste qui enseignait l’harmonie-jazz. Il avait fait ses études aux États-Unis; il faisait partie des musiciens qui jouaient à la télé et dans les galas. Ce professeur nous proposaient des exercices très près du métier réel ».

Elle se souvient également de l’opportunité de faire partie de petits ensembles, d’avoir l’occasion de chanter et d’être accompagné par un autre étudiant, de monter un répertoire. « On allait chanter dans des maisons à Outremont, faire des petits concerts en fin de session. Pour le spectacle de fin d’année, nous donnions un spectacle à L’Air du Temps qui était, à l’époque, l’endroit mythique du jazz dans le Vieux-Montréal. Non seulement allions-nous voir les spectacles chaque semaine, mais nous avions aussi l’occasion de nous y produire en scène en fin de session. »

Pour elle, ce fut l’occasion de nouer des amitiés avec de futurs artistes maintenant très connus : Marie-Pierre Arthur, Catherine Major, Joseph Marchand qui va être un de premiers à l’accompagner à la guitare; Louis-Jean Cormier; le batteur de Karkwa, Stéphane Bergeron.

« Pour moi, Saint-Laurent a toujours été la référence au titre du programme le mieux adapté à la réalité du métier, branché sur le métier. Une formation solide avec des enseignements rigoureux. Plusieurs d’entre nous ont réussi à faire de la musique un métier, ce qui n’est pas gagné d’avance. Une mission accomplie. »
Ariane a accepté de remercier son Alma Mater en participant, au printemps prochain, à un concert-bénéfice pour la Fondation du Cégep. Elle le fera en compagnie de Marie-Pierre Arthur et de Louis-Jean Cormier. Au cours des dernières années, elle a déjà fait quelques contributions ponctuelles. « J’étais contente de souligner notre passage à Saint-Laurent lors du dernier Gala de l’ADISQ en remettant le Félix à Marie-Pierre. Saint-Laurent, c’est un moment privilégié dans ma formation. Je ne les oublie jamais. »

 

La musique, une formation fondamentale, une formation exigeante

Les professeurs savent que l’étudiant peut cheminer en musique sans avoir l’intention de faire carrière dans le domaine. Pour eux, former de bons musiciens, c’est offrir la formation la plus complète et la plus forte possible.
Les avantages d’apprendre la musique sont reconnus. En effet, nombre d’études démontrent que la pratique d’un instrument a des incidences majeures sur le développement du langage et du cerveau et sur l’acquisition d’une discipline.
Par ailleurs, les professeurs favorisent une culture de l’excellence. « Quand les étudiants inscrits à l’université reviennent nous voir, ils nous disent qu’ils ont vraiment reçu ici la meilleure formation. À la fin de leur parcours, ils ont le sentiment d’en avoir vraiment bavé, mais aussi d’avoir vécu une belle et grande aventure! Et pour cause : nos programmes sont exigeants  : les cours sont nombreux et la barre est haute. Ils sortent d’ici avec un sentiment d’accomplissement et de satisfaction incroyable! » d’expliquer Alexandre Côté. Les deux coordonnateurs confirment d’ailleurs que les diplômés de Saint-Laurent sont parmi les plus forts lors des auditions à l’université.

                      

Formation individuelle et de groupe

Chaque étudiant bénéficie de deux heures de cours individuels par semaine. Il a aussi, entre autres, des cours d’ensemble (musique de chambre, orchestre, Big Band, etc.), ainsi que des cours de littérature musicale et de formation auditive (solfège et dictée). En deuxième année, pour leurs cours individuels complémentaires, les étudiants ont la possibilité de choisir un instrument jazz, et ce, même s’ils sont en classique, et vice-versa. La taille du Département, tant en classique qu’en jazz, permet d’offrir ce choix. Apprendre la musique, c’est aussi apprendre à travailler en groupe et favoriser le développement d’un sentiment d’appartenance, deux dimensions importantes pour les étudiants au début de l’âge adulte.

 

Des professeurs engagés sur la scène musicale

La grande majorité des professeurs restent actifs dans le monde musical, que ce soit en studio, à la télé, à la radio. À la session hiver 2016, les professeurs du Département se produiront en spectacle.

Des équipements variés et informatisés

Enseigner la musique suppose l’accès à de nombreux instruments et équipements. En cette ère numérique, l’ordinateur occupe aussi une place de plus en plus importante. Questionnés sur l’impact des coupes budgétaires actuelles sur l’offre de formation, les coordonnateurs répondent que le budget de fonctionnement diminue, alors que le budget d’investissement est maintenu. Le budget informatique permet le renouvellement des équipements. Une nouvelle approche privilégie une autonomie plus grande des professeurs en les dotant de tablettes et d’ordinateurs portatifs, le Collège estimant qu’il est plus économique de fournir des tablettes aux enseignants que de renouveler les ordinateurs de bureau.

Pierre-Marc Beaudoin enseigne la technologie musicale. Il explique que les étudiants sont formés à utiliser les différents outils de technologie musicale pour, entre autres, réaliser des enregistrements, des partitions, des compositions et faire du mixage. La technologie est de plus en plus intégrée. « À la dernière session du cours de musique assistée par ordinateur, les étudiants apprennent même le “DJing”, un aspect de la musique populaire à dimension performative ».

Dans le cadre de l’épreuve synthèse du programme Techniques professionnelles de musique et de chanson, les finissants doivent écrire, puis diriger en concert deux pièces pour Big Band et orchestre à cordes. À cette occasion, ils produisent entièrement, puis vendent un disque contenant des pièces qu’ils ont composées dans le cadre d’un de leurs cours. Le résultat est de qualité professionnelle. On peut en trouver des exemples sur le site Web du Collège et sur la page Facebook du Département.

Chez les étudiants du programme préuniversitaire, l’épreuve synthèse consiste à préparer un concert et à interpréter un certain nombre de pièces. Compte tenu de la diversité des profils, nous assistons à des prestations très variées, allant de la percussion à la harpe, du hautbois à l’opéra, de la flûte à bec à l’orgue, en passant par la composition instrumentale et électroacoustique.

Les deux coordonnateurs souhaitent que leurs ensembles participent à différents concours et festivals. « Nous sommes déjà présents au Festival de jazz de Montréal où nos ensembles font bonne figure. On peut les entendre au Festival des Harmonies du Québec, au JazzFest des jeunes de Saint-Hubert, au MusicFest Canada. Nous les encourageons aussi à participer à Cégeps en spectacle ».

                     

« Le plus connu et le meilleur cégep en musique »

Avec un grand sourire, Alexandre Côté conclut la rencontre avec conviction : « Le Cégep Saint-Laurent, c’est le plus connu et le meilleur cégep en musique. »
Nous devons avouer que la démonstration qu’on nous a faite est des plus convaincante!

On peut suivre les activités du département sur sa page Facebook.

Dossier préparé par Alain Lallier, édimestre , Portail du réseau collégial






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