Articles

plans de cours et encadrement des enseignants

ERRATUM: Une erreur s'est glissée dans notre dernière infolettre. Cliquez ici pour consulter le dossier : "Kiuna", un collège unique qui s'inspire des aspirations des Premières Nations et qui les respecte."

Le précédent billet, publié ici le 29 août dernier, m’a valu plusieurs courriels de réactions. D’évidence, le sujet n’aura pas laissé le lecteur indifférent.  Dans ce blogue, intitulé  «Lorsque certains enseignants passent sous le radar »[i], je faisais état de deux anecdotes concernant des enseignants qui ont des pratiques d’évaluation qui ne respectent pas la PIEA de leur collège et ne semblent pas avoir été détectées par la direction de leur collège.

Exprimant mon étonnement devant ces deux cas, j’ai terminé le billet par la question « Y en aurait-il d’autres? ». Les réactions à mon texte du 29  août, que j’étais ravi de recevoir, portent sur des dimensions du processus de gestion de la qualité :

  • La question de la formation initiale des enseignants, en pédagogie;
  • L’encadrement des enseignants par la direction du collège;
  • Le contrôle du respect de l’application de la PIEA;
  • La vérification et l’approbation des plans de cours et des pratiques d’évaluation des apprentissages.

Tout comme dans les billets publiés antérieurement, les lecteurs auront vite repéré mon biais en faveur des conseillers pédagogiques. Si je déplore le manque de disponibilité de certains CP à encadrer des enseignants, une lectrice me rappelle que les tâches des CP ont beaucoup changé depuis quelques années et qu’on les emploie souvent à « toutes autres tâches connexes ». Mais les cas que je décrivais en août relèvent aussi de la responsabilité des enseignants eux-mêmes ainsi que des départements qui, selon la convention collective, doivent respecter la PIEA de leur collège. Les coordonnateurs des départements ont la responsabilité d’encadrer les nouveaux enseignants, de concert avec la direction du collège. On a affaire ici à ce délicat équilibre entre l’autonomie départementale et les responsabilités départementales. La responsabilité à l’égard des plans de cours et des pratiques d’évaluation est partagée. Mais comment?

D’un collège à l’autre, les pratiques varient beaucoup. Certains collèges considèrent qu’il appartient aux départements d’approuver les plans de cours, dans le prolongement de leur obligation d’assurer la qualité du programme. Différentes pratiques sont mises en œuvre. Par exemple, certains départements créent des équipes qui, chacune, prennent en charge l’étude et l’approbation d’un groupe de plans de cours. Dans d’autres cas, chacun des enseignants présente ses plans de cours en plénière à l’ensemble du département. De telles pratiques sont souvent assorties d’un accompagnement par un CP. À terme, le coordonnateur du département rend compte de l’approbation des plans de cours à la direction des études et signale, s’il y en avait, les cas problèmes.

En principe, ces mécanismes fonctionnent et cette délégation de responsabilité, fondée sur une relation de confiance, se justifie.

Mais ! Il arrive qu’un département laisse passer certains cas. On ne veut pas confronter un collègue, on ne veut pas mettre quelqu’un dans l’embarras, on ne veut pas faire de vagues. La gestion de plans de cours par les pairs est parfois entachée par des préoccupations qui relèvent des relations interpersonnelles. Je me souviens vivement de cette enseignante « senior » qui, dans un département de 26 enseignants, disait aux plus jeunes que ça faisait 22 ans qu’elle enseignait « comme ça » et qu’il n’était pas question qu’elle change ses pratiques. Cette personne, appuyée par sa « cour », intimidait les plus jeunes du département qui finissaient par abdiquer. On ne voulait ne pas faire de vagues, on ne voulait pas s’attirer le courroux de Zeus, on donnait priorité aux relations interpersonnelles dans le département. La collusion et l’intimidation, ce n’est pas seulement dans la cour d’école…

Et il y a le cas des cours des disciplines contributives dont les plans de cours tombent parfois entre deux chaises. J’ai connu un département de techniques professionnelles qui ne regardait que ses plans de cours de département « porteur », sans jamais regarder (ni leur parler, d’ailleurs) les plans de cours des disciplines contributives. Alors qu’une compétence ministérielle devait être développée grâce à certains cours du département porteur ET de deux cours de physique et de biologie, personne au département porteur ne s’intéressait aux profs de physique et de bio, ni à leurs plans de cours. Les séniors du département disaient que ces cours de disciplines contributives n’étaient pas de leur responsabilité; ils ont assez d’ouvrage comme ça. Et ça, c’est récent !!

Que faire? Comment les collèges peuvent-ils vraiment assurer que les pratiques en salle de classe sont celles que l’établissement considère comme adéquates?

Dans la période où j’ai été adjoint à la direction des études, j’ai pensé pouvoir vérifier les plans de cours du collège. Évidemment, j’ai vite capitulé devant l’immensité de l’entreprise. Même avec l’aide de la CP, on n’y arrivait pas. On avait alors organisé un échantillonnage annuel : lire et vérifier un échantillon de 10 % des plans de cours à chaque année, en rotation.  Mais là encore, il y avait bien d’autres priorités et on devinera la suite.

Le plan de cours est, traditionnellement, la seule fenêtre qui nous permet de « voir » ce qui se passe en salle de classe. Cette fenêtre est-elle fidèle à la réalité? On se fie parfois aux étudiants pour nous dire (pétitions, plaintes, contestations, etc.) que le plan de cours est ou n’est pas tout à fait conforme à la réalité. Mais on le sait : il y a beaucoup d’étudiants qui choisissent de ne rien dire, quinze semaines c’est vite passé…

Revenons donc au billet précédent, où je demandais : « Y en aurait-il d’autres? ».  Des lecteurs ont tout de suite réagi en me disant que ces anecdotes ne sont peut-être pas si exceptionnelles que ça. Le cas de l’enseignante qui « pollue » la note finale de son cours en accordant des points pour des activités qui n’ont pas de lien avec les compétences prévues au plan de cours ne serait pas « si rare que ça », me dit-on.

On les connait, nos profs, nos départements. Pourquoi ne pas y jeter un coup d’œil de temps en temps, juste au cas où ils auraient besoin d’aide?

 

----- 0 -----

Rédacteur : Robert Howe, consultant en pédagogie de l'enseignement supérieur, spécialiste en évaluation.

Tout commentaire ou suggestion de votre part sera bienvenu. Vous pouvez adresser vos commentaires à howerobert@sympatico.ca

 






Infolettre Le Collégial

Soyez informés de l'actualité dans le réseau collégial. L'infolettre est publiée mensuellement de septembre à mai.

Je m'inscris