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LE CTTÉI du Cégep de Sorel-Tracy : un CCTT au cœur de l’innovation en développement durable!

Affilié au Cégep de Sorel-Tracy, le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) a pour mission d’accroître la performance des entreprises et des collectivités par la recherche et le développement d’approches et de technologies novatrices en écologie industrielle. Le Centre a vu le jour en 1999, mais a été reconnu comme CCTT en même temps qu’a été autorisé le DEC en environnement en 2002. Les deux organisations sont depuis leur création intimement liées. Le programme DEC est orienté matières résiduelles et écologie industrielle. Nous échangeons avec madame Hélène Gignac, directrice générale du Centre depuis maintenant 16 ans.

 Dans le cadre du plan stratégique 2016-2020, les activités du CTTÉI ont été regroupées sous trois axes porteurs liés à la mise en valeur des matières résiduelles, aux procédés propres et à l’axe des symbioses industrielles. L’organisation travaille actuellement au développement d’un projet de trottoir écologique qui intègre un volet lié à la caractérisation des matières et à l’identification de la valeur des matières afin de bien cerner ce qui peut être fait avec les résidus pour en faire des nouveaux matériaux. Depuis sept ans, l’équipe du CTTÉI s’est tournée vers les procédés lui permettant de mieux comprendre les matières résiduelles et concentre ses recherches sur deux technologies porteuses qui lui ont été présentées.

 

Une expertise dans les fluides super critiques

Le CTTÉI est partenaire de l’université de Marseille et de la région sud de Lyon avec laquelle il développe une expertise se rapportant à une technologie relative aux fluides super critiques et à l’oxydation hydrothermale. « Les concepts se rapportant à ces fluides et à l’oxydation en voie humide convergent vers deux technologies qui permettent de nettoyer, d’extraire des matières et des sous-produits sans utiliser de solvant. Souvent dans le traitement des matières, nous utilisons des produits chimiques qui nous obligent à traiter les résidus. Dans la mesure où nous travaillons avec des technologies qui n’utilisent pas de solvants, nous n’avons pas à gérer de résidus et à composer avec des déchets, ce qui devient extrêmement intéressant. Il s’agit d’une technologie qui existe depuis plusieurs années et qui a principalement été utilisée pour décaféiner le café. Maintenant, nous utilisons l’eau comme solvant, et le CO2, ce qui évite d’utiliser beaucoup de produits dont certains étaient cancérigènes », affirme madame Gignac.

Le CTTÉI s’inscrit de plus en plus dans la voie des procédés propres, un nouvel axe fort intéressant qui suppose une connaissance des technologies et des équipements qui peuvent également encourager la fabrication de nouveaux équipements au Québec. Un axe de développement économique des plus intéressants. 

Membre d’Écotech

Le CTTÉI est membre d’Écotech, la grappe des technologies propres, qui appuie son développement d’expertise. Les deux organismes travaillent ensemble à identifier des partenaires motivés à travailler sur ces technologies et éventuellement intéressés à développer des bancs d’essai et à commercialiser la technologie. « Nous ne sommes pas seulement à Sorel-Tracy, affirme la directrice générale, nous sommes aussi partout au Québec. Nous sommes membres d’Écotech parce que cela amène une valeur ajoutée au Québec en termes de connaissance de nouveaux procédés et de fabrication de nouveaux équipements chez nous. Nous sommes en relations ouvertes avec d’autres CCTT, l’ACFAS et des universités parce que nous considérons que nous avons une partie de la solution et que c’est décidément ensemble que nous pouvons travailler plus globalement à l’identification et à la recherche de solutions intéressantes. »

Les symbioses industrielles

Le CTTÉI a développé depuis 2008 un axe centré sur la symbiose industrielle, une approche collaborative qui a inspiré plusieurs projets menés un peu partout au Québec : le FABLAB du Cégep de Rivière-du-Loup, les gens du Parc industriel de Bécancour, PME Montréal, la région des Laurentides, la MRC Brome-Missisquoi. Il s’agit d’une approche par laquelle des organisations et des municipalités sont mises en lien pour échanger non seulement des matières, de l’eau, de l’énergie, mais également des expertises, des idées et même des espaces d’entreposage, des formations du personnel. Tel que souligné par madame Gignac, « cela devient très large comme identification d’échanges potentiels sur des territoires. C’est l’approche que nous avons développée avec les CLD et les SADC pour dynamiser les régions à la recherche de façons de faire pour amener une valeur ajoutée sur la base des matières résiduelles dans leur région. C’est ainsi que nous avons implanté ce modèle très déployé en Europe et en Chine ».

La plateforme Synergie Québec

La chef de projets en symbiose industrielle, Jennifer Pinna, anime mensuellement une communauté de pratique et met à jour la plateforme collaborative SynergieQuebec.ca. Tous les partenaires de projets sont ainsi regroupés dans le cadre d’une conférence téléphonique durant laquelle différentes problématiques sont abordées et des outils partagés. Cela permet de dynamiser la réflexion et d’alimenter chacun des territoires. Hélène Gignac précise : « C’est très riche et les participants aiment beaucoup. RECYC-Québec a d’ailleurs lancé un appel de projets sur l’économie circulaire basée sur cette expérience. Plusieurs projets de même type devraient poindre un peu partout. Comparativement à certains autres centres, nous ne sommes pas dans l’opération, mais dans le développement et l’innovation ouverte, une nouvelle façon de travailler, de penser et de partager des façons de faire. »

Problématique des matières résiduelles

La problématique reliée à ces matières résiduelles réside dans le fait que souvent les gens connaissent la matière première, mais moins le résidu, une matière qui regroupe d’autres matières comme la poussière et des contaminants qui doivent être clairement identifiés dans un contexte de valorisation.

Le CTTÉI a travaillé avec la Société de transports de Montréal (STM) à la valorisation des wagons. « Pour ce faire, nous avons dû procéder avec la STM à l’identification de toutes les pièces de leurs wagons afin d’identifier les composantes du résidu afin de pouvoir les valoriser. Dans certains cas, cela exige de broyer la matière, de la décontaminer et d’en extraire certains éléments. Ce sont là des aspects que le Centre peut travailler en laboratoire afin de pouvoir développer de nouveaux produits, innovants et attrayants. »

Travailler l’aspect visuel des matériaux constitue un impératif. Pour attirer le consommateur, l’objet doit être beau et agréable au toucher. « Nous avons travaillé, à titre d’exemple, à la conception d’urnes funéraires écologiques. Nous travaillions certes sur le matériau, mais également sur l’aspect visuel afin qu’au-delà de l’aspect écologique le produit soit beau. Il faut également changer l’image du produit recyclé afin qu’il devienne plus intéressant et attrayant. Le défi d’un centre comme le nôtre réside dans le fait qu’il doit travailler en amont sur des aspects des lois et règlements et être très au fait de ce qu’ils permettent. Nous pensons constamment au futur. Ailleurs dans le monde, la réglementation change. Il faut conséquemment faire évoluer les mentalités, si nous voulons développer chez nous de nouveaux produits à partir de matières résiduelles. »


Une équipe multidisciplinaire de haut niveau

L’équipe du CTTÉI est constitué de onze experts permanents et de trois professeurs chercheurs du Cégep de Sorel-Tracy qui travaillent de façon régulière avec l’équipe. Deux professeurs temps partiel du Département environnement, hygiène et sécurité et un professeur de sciences naturelles et génie se joignent au groupe.

Des professeurs et des étudiants sont intégrés à tous les projets de financement public tant au niveau fédéral qu’avec le Conseil national de recherche en sciences et en génie (CRSNG). L’équipe participe régulièrement à des activités d’enseignement où elle est invitée à présenter des projets. Des étudiants et des enseignants sont conviés à collaborer à divers projets, et l’équipe travaille régulièrement avec le collège. Dans ce sens, une bourse étudiante de 400 $ est annuellement octroyée à la Fondation du Cégep de Sorel-Tracy pour souligner des projets innovants en environnement et en écologie industrielle. Des bourses de maîtrise et de doctorat sont également remises annuellement à des étudiants admis dans les universités avec lesquelles travaille le CCTT : Sherbrooke, École polytechnique, UQAM. De nouvelles collaborations se sont développées avec l’UQTR et l’Université Concordia. Des enseignants se sont inspirés de travaux produits au CTTÉI pour développer et bonifier des formations universitaires en écologie industrielle. « Nous sommes très fiers de nos acquis, de notre expertise et de notre rayonnement, de préciser Hélène Gignac. Nous faisons partie du Consortium de recherche en développement durable le CIRODD, dirigé par Laure Waridel, depuis l’automne et nous sommes honorés d’y être intégrés. »

Marie Lacoursière éditrice et  édimestre pour Portail du réseau collégial.






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