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BOURSTAD : la bourse à la portée de tous

Entrevue avec Paul Bourget, responsable de la simulation BOURSTAD du Collège de Rosemont

Paul Bourget a enseigné en techniques administratives au Collège de Rosemont pendant plus de 35 ans. Il est à la retraite depuis trois ans, mais il continue d’enseigner en formation continue dans ce cégep. Il est un des initiateurs du projet de simulation BOURSTAD. Il a accepté de partager avec nous les tenants et aboutissants de cette grande aventure. Petit retour en arrière : « À l’automne 87, j’ai proposé à mes étudiants une activité-jeu dans le but de les amener à s’intéresser à l’environnement économique, aux institutions financières. Le but n’était pas qu’ils deviennent des gestionnaires de portefeuilles aguerris. L’année suivante, un animateur de la vie étudiante m’a suggéré d’offrir l’activité à d’autres étudiants. De collaboration en collaboration, avec le soutien constant du collège et de plusieurs de ses services, nous avons mis en place cette simulation qui perdure depuis 26 ans. »
 

Plus de 3500 personnes participent à la simulation
Paul Bourget explique que les objectifs de BOURSTAD peuvent varier selon les personnes ou ordres d’enseignement : « Pour les étudiants du secondaire, il faut nettement le voir comme une initiation. C’est un jeu pédagogique. Nous les amenons à trouver une motivation à surveiller ce qui se passe. Si l’élève perçoit le jeu comme le casino, il n’en tirera pas grand-chose, s’il n’essaie pas d’anticiper avec les informations qu’on a dans La Presse ou dans tous les autres médias. C’est là où ça devient intéressant. Pour les étudiants universitaires de niveau baccalauréat ou maîtrise qui ont participé, certains professeurs ont voulu tester des hypothèses très sérieuses comme l’efficience des marchés. Dans le cas de l’Institut collégial de littératie financière, c’est dans le cadre de cours que les étudiants participent à la simulation. Là, on va au-delà de l’introduction, parce que plusieurs ont dépassé l’étape de l’initiation. On vise plus à aborder l’épargne et l’investissement de façon plus structurée et plus rationnelle. Dans les collèges et au secondaire, en général, la simulation est intégrée à un cours comme activité. Des collèges comme Sainte-Foy peuvent l’offrir en parascolaire avec un encadrement d’animateurs. Pour le grand public, les cours de l’Institut de littératie financière sont aussi offerts, ce qui nous permet de mieux les soutenir. L’ouverture du concours au grand public date des années 2000. » Au total, ce sont plus de 35001  personnes qui participent à la simulation chaque année.

Le témoignage de Pierre-Marc Champagne, gagnant du concours collégial 2012:

1) Performance financière, 2e Grand prix au collégial, portefeuille diversifié (500$)

2) Performance globale, Grand prix au collégial (1000$) 


"La simulation boursière de Bourstad m’a permis de m’initier au monde de la finance et plus précisément dans la gestion de portefeuille. Malgré le fait que je n’ai jamais eu de doute que je me dirigeais vers le domaine des services financiers, cette activité n’a fait que confirmer mon choix et de vouloir poursuivre vers cette voie. En étant maintenant à ma dernière session au Cégep de Lévis-Lauzon dans le programme de Conseil en assurances et services financiers, j’ai l’intention de m’inscrire à l’Université Laval pour faire le BAC en administration des affaires avec concentration finance. Bref, malgré le fait que j’ai remporté deux prix lors de la dernière année à la simulation Bourstad, cette activité m’a aidé à confirmer mon choix pour me diriger vers le domaine des finances à l’Université".

Un encadrement particulier et du matériel de soutien diversifié
Au niveau des établissements d’enseignement, BOURSTAD a recruté plus de 60 responsables pédagogiques qui assurent un encadrement aux participants. S’il y a plus de 20 participants dans un établissement, des prix sont décernés localement. Dans le volet gestion de portefeuille, le professeur doit confirmer à qui on doit décerner le prix. BOURSTAD assure aussi une animation et un soutien aux participants. Cette année, sur Facebook, plusieurs textes sont publiés en support aux participants. Paul Bourget précise qu’un des défis de BOURSTAD reste la relève tant au collège qu’au secondaire. « Pour les nouveaux professeurs qui ont trois ou quatre nouveaux cours à préparer, il n’est pas évident qu’ils se sentent habilités à utiliser BOURSTAD. Mais, nous avons du matériel de support de qualité : le matériel du participant, le guide du maître, des animations vidéo. »

« Ce n’est pas facile pour un cégep d’accueillir dans ses structures habituelles un tel projet qui sort des normes »
« Au départ, nous avions 12 actions cotées à la Bourse de Montréal. Aujourd’hui, nous en avons 260 sur 9 marchés différents. Nous sommes entrés sur internet en 97. Internet a réglé les problèmes informatiques de nos clients. Nous avons dû développer des applications que nous avons pu financer avec des fonds obtenus en partenariat et en commandites. Ce n’est pas facile pour un cégep d’accueillir dans ses structures habituelles un tel projet qui sort des normes. On ne sait pas trop où le loger. La création de l’Institut collégial de la littératie financière indépendant devrait faciliter notre développement. BOURSTAD compte sur des partenaires importants dont l’Autorité des marchés financiers, La Presse, Le Soleil, la Banque TD, Bâtirente et la Bourse de Montréal. »

Dans le contexte économique et financier actuel, monsieur Bourget est convaincu de l’importance d’acquérir des compétences en littératie financière. « Qu’il soit question de fiscalité, de retraite, d’assurances de différentes natures, de placements, qu’on pense accéder aux informations multiples au bon moment, on doit penser à un minimum de compétences pour pouvoir s’en sortir. L’école ne s’en occupe pas actuellement. Ça laisse des populations entières au dépourvu."

« On veut faire reconnaître à nos participants que l’investissement responsable, c’est avantageux »
Parmi les 25 raisons de participer à BOURSTAD, les organisateurs proposent de « pratiquer l’investissement responsable ». Des collaborations avec le Groupe Investissement responsable ont aidé BOURSTAD à développer ce volet. Paul Bourget en parle avec enthousiasme : « Investir, c’est déjà être responsable. Si on investit, on va être prospère. Si on est plus autonome, on fait preuve de responsabilité. La gouvernance, les risques sociaux, les risques écologiques ont des impacts financiers sur la santé des entreprises plus tôt que tard. Si l’entreprise a des problèmes de gouvernance, l’action va s’en ressentir inévitablement. Les exemples plus récents comme Lavalin sont parlants. Si on ne respecte pas les droits sociaux, c’est des poursuites qui guettent les entreprises. Si on pollue, il faut s’attendre à des campagnes médiatiques négatives. Nous travaillons depuis deux ans avec Bâtirente. C’est un régime de retraite mis en place par la CSN pour les entreprises qui n’en possèdent pas. Toute notre pédagogie mise de l’avant dans BOURSTAD correspond bien à la philosophie mise de l’avant par Bâtirente. On veut faire reconnaître à nos participants que l’investissement responsable, c’est avantageux. On dit aussi que, finalement, ça fait de meilleures sociétés. »

Un projet d’institut collégial de la littératie financière au Canada
Paul Bourget travaille depuis plusieurs années à la mise en place de l’Institut collégial de littératie financière au Canada. Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick (campus d’Edmundston) et La Cité collégiale en Ontario figurent parmi les partenaires du projet. Misant sur les réalisations de BOURSTAD et des activités de formation déjà offertes en formation continue au Collège de Rosemont (500 inscriptions-cours), le Collège souhaiterait voir ce créneau d’excellence reconnu par un statut de centre collégial de transfert. « Nous croyons que nous pouvons assurer des transferts pédagogiques vers d’autres organismes dans le domaine de l’éducation financière. Il faut garder l’accent sur l’épargnant-investisseur. Il peut y avoir des échanges avec l’Institut québécois de planification financière, avec la Chambre de sécurité financière, avec la Chambre d’assurances de dommages, avec l’Autorité des marchés financiers. Ce sont d’autres organismes qui font de l’éducation financière. Les formations universitaires touchent plus particulièrement le secteur de la finance d’entreprises et les marchés financiers. Le corpus de connaissances en gestion des finances personnelles n’est pas développé par les universités.

En tant qu’établissement d’enseignement supérieur, le cégep est le plus à même d’offrir les services pour développer les compétences en littératie financière. Dans le domaine de la recherche, il ne s’agirait pas de recherche de nouveaux produits. Dans un contexte où les produits changent constamment, la mise à jour d’un corpus de connaissances à jour et adéquat serait déjà fort utile. La recherche des outils pédagogiques les plus appropriés pour former adéquatement, le développement de calculateurs par exemple. Il faut penser à un volet de recherche sociale sur les besoins de la population. »

Le 26e concours est lancé
Le concours BOURSTAD est lancé depuis le 25 février dernier et se déroulera jusqu’au 19 avril 2013. La participante ou le participant doit gérer un portefeuille virtuel de 200 000 $ et investir ce montant dans différents véhicules de placement, comme le ferait une conseillère ou un conseiller financier. À l’issue de la simulation, des prix totalisant plus de 25 000 $ seront remis aux participants. La cérémonie de remise des prix se tiendra à la Bourse de Montréal le 22 mai 2013.

Après 26 ans, BOURSTAD manifeste une persévérance exemplaire. L’investissement personnel de Paul Bourget et ses convictions en l’importance de la pédagogie entourant la littératie financière y contribuent sans doute grandement.
 

Pour en savoir plus sur le concours BOURSTAD, cliquez ici

Entrevue réalisée par Alain Lallier, éditeur en chef du Portail du réseau collégial.
 

1. Remarque de M.Bourget : La participation a fluctué entre 2500 et 3800 depuis 2009. Le retrait du cours d’économie a pour conséquence que la participation au secondaire a diminué. Pour BOURSTAD 2013, nous avons 2500 participants. Le report du début de la simulation pour accommoder les cégeps touchés par les grèves a pu jouer en notre défaveur, même si nous ne pouvions l’éviter. Nous sommes encouragés par le fait que le nombre d’amis sur la page Facebook a plus que doublé pour dépasser 400. Il y aussi une augmentation de 15% dans le grand public.






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