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Marie-Renée Lavoie vous veut du bien

Article publié par Le Devoir.com - Dominic Tardif

L’art de Marie-Renée Lavoie tient à la chaleu-reuse vraisemblance de ses personnages, que l’on a spontanément l’impression de connaître depuis toujours.
Francis Vachon Le Devoir

26 janvier 2020 - « C’est mon livre de bras », lance Marie-Renée Lavoie au bout du fil, depuis Québec, en évoquant Autopsie d’une femme plate, un roman s’étant écoulé à 10 000 exemplaires et dont les droits ont été vendus dans pas moins de sept pays.

Son livre de bras ? De quessé ? « Je l’appelle mon livre de bras parce que, naturellement, quand les gens apprennent que je suis l’auteure d’Autopsie d’une femme plate, ils me serrent le bras : “Ah, toi, ma p’tite ! Tu m’as fait rire.” Il y a quelque chose qui fait du bien aux lecteurs et quelque chose qui me fait du bien à moi dans cette réception-là. »

C’est donc avec l’envie de (se) « refaire du bien » que la romancière renoue dans Diane demande un recomptage avec sa narratrice chérie, la « pas plate » Diane, que l’on rencontrait en 2017, au moment où son mari depuis près de 25 ans l’abandonnait pour une plus jeune (classique). On la retrouve à l’aube de la cinquantaine, et plutôt sereine, au moment où elle décroche un nouvel emploi et se laisse tranquillement convaincre par son impayable amie Claudine que sa vie sentimentale n’est pas terminée.

Le tabou de vouloir être lu

« Je ne sais pas si je devrais dire ça… », dit Marie-Renée Lavoie en riant, hésitant quand on la prie de poursuivre. C’est à la faveur d’un exercice de création littéraire que sa Diane serait née, venait-elle de confier au détour d’une phrase. Quel genre d’exercice de création littéraire ?

« Il y a quelques années, j’ai lu dans le journal le compte rendu d’une étude universitaire sur les best-sellers qui avait repéré 10 éléments qui reviennent systématiquement dans les livres qui semblent avoir une grande popularité. Il s’agissait de choses comme : il faut que quelqu’un prenne une douche, il faut que quelqu’un boive un café — pas du kombucha, du café ! —, il faut qu’il y ait beaucoup de dialogues. Je me suis dit : “Je vais essayer !” »

Le travail d’une écrivaine à succès serait évidemment trop facile s’il suffisait d’appliquer pareille méthode. L’art de Marie-Renée Lavoie tient, ses lecteurs fidèles le savent, à la chaleureuse vraisemblance de ses personnages, que l’on a spontanément l’impression de connaître depuis toujours, un talent ne pouvant être encapsulé par aucune recette.

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