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Des initiatives et des mesures pour valoriser le français au collégial | Enjeu

Les établissements du réseau collégial ont mis en œuvre différentes actions visant l’amélioration des compétences langagières et la valorisation du français, notamment à travers le Réseau des répondants et répondantes du dossier du français (Repfran)[1], créé en 2012. Parmi ces initiatives et idées, on retrouve, entre autres, les suivantes :

  • des innovations pédagogiques dans les cours de langue d’enseignement et littérature;
  • des actions des centres d’aide en français (CAF);
  • des propositions concernant l’épreuve uniforme de français;
  • des propositions de changement concernant les représentations de la langue.

1. Des innovations pédagogiques dans les cours de langue d’enseignement et littérature

La réussite du premier cours de français et de littérature et du premier cours de philosophie constituerait un bon indicateur de la persévérance aux études et de l’obtention du diplôme collégial (Ménard et Leduc, 2016). Des innovations et des stratégies pédagogiques sont déployées par les enseignant·es et par le personnel professionnel, notamment pour stimuler la motivation et l’intérêt des étudiant·es. Les liens entre l’intérêt, l’engagement et la réussite scolaires sont en effet reconnus (Cabot et Chouinard, 2014; CAPRES, 2021). Les enseignant·es peuvent influencer positivement les perceptions qu’ont les étudiant·es de l’importance, de l’utilité ou de l’intérêt que peut avoir un cours (Ménard et Leduc, 2016).

De nombreuses initiatives ont été créées dans le réseau collégial par des équipes enseignantes et professionnelles. À cet égard, la recherche 101 moyens de motiver (2017), réalisée par Julie Roberge (Cégep André-Laurendeau), Louise Ménard et Sophie Croteau (Université du Québec à Montréal) recense et présente différentes pratiques d’enseignement qui ont eu un impact positif sur la motivation des étudiant·es du premier cours de français Écriture et Littérature au collégial.

Leur recherche montre que la valeur que les étudiant·es accordent au cours de littérature est grandement affectée par leur rapport aux enseignant·es. La perception que leurs efforts seront récompensés, ainsi que la confiance en leurs moyens de réussir, joueraient des rôles de premier plan dans leur motivation (ibid.). Or, ces facteurs dépendent étroitement de l’attitude du corps enseignant, de sa capacité à générer le goût du dépassement ou le plaisir d’apprendre (ibid.).

1.1. Stimuler l’intérêt et la motivation

Dans une recherche portant sur une stratégie d’intervention visant des étudiant·es inscrit·es à un cours collégial de mise à niveau en français, Cabot et Chouinard (2014) soutiennent que l’une des causes possibles des difficultés éprouvées par les étudiant·es peut être leur manque d’intérêt, aggravé par des échecs répétés dans leur parcours scolaire.

Afin de stimuler leur intérêt, des enseignant·es ont misé sur une stratégie pédagogique d’interdisciplinarité entre un cours de mise à niveau en français et un cours de psychologie de la sexualité. S’appuyant sur le modèle de la dynamique motivationnelle (Viau, 2009), Cabot et Chouinard (2014) explorent les conditions à remplir pour motiver les étudiant·es, notamment le fait que l’activité :

  • doit être signifiante pour l’étudiant·e, c’est-à-dire qu’elle doit correspondre à ses champs d’intérêt, s’harmoniser avec ses projets personnels et répondre à ses préoccupations;
  • doit avoir un caractère interdisciplinaire, c’est-à-dire que l’apprentissage dans les cours de français devrait être lié à d’autres domaines d’études et que les activités des autres cours devraient également prendre le français en considération (ibid.).

Les résultats de Cabot et Chouinard (2014) confirment l’influence positive d’un dispositif d’enseignement interdisciplinaire dans le cadre du cours de mise à niveau en français.  En exposant les étudiant·es à des situations d’apprentissage agréables dans le contexte du cours de mise à niveau en français, de manière continue tout au long du semestre, un intérêt pour ce cours s’est développé (ibid.). À la fin du semestre, les étudiant·es du groupe expérimental ont montré un plus grand intérêt situationnel envers le cours de mise à niveau en français que les étudiant·es du groupe témoin (ibid.).

De plus, les étudiant·es du groupe expérimental ont utilisé davantage les outils de référence que ceux du groupe témoin, et ce, malgré le fait que toutes les classes de français sont équipées de dictionnaires et de livres de grammaire. Cabot et Chouinard (2014) supposent que l’état d’esprit plus motivé des étudiant·es du groupe expérimental les a mené·es à consulter davantage les outils que ceux et celles du groupe témoin (ibid.). 

Les étudiant·es du groupe expérimental se sont davantage amélioré·es entre le début et la fin de la session que les étudiant·es du groupe témoin en ce qui a trait aux fautes de grammaire. Les enseignant·es rencontré·es dans le cadre de la recherche émettent l’hypothèse selon laquelle le dispositif d’interdisciplinarité stimulant l’intérêt aurait rendu disponible une certaine part d’énergie cognitive qui aurait été réinvestie dans l’apprentissage des règles de grammaire plus complexes (ibid.).   

De manière générale, la recherche de Cabot et Chouinard (2014) confirme donc une influence positive de l’approche interdisciplinaire sur la maitrise de la langue écrite des collégien·nes.

Ce type d’enseignement en commun entre les différents cours d’un programme est déjà valorisé par le ministère de l’Enseignement supérieur. Selon l’auteur et l’autrice, il y aurait lieu de poursuivre en ce sens : les étudiant·es inscrit·es au cours de mise à niveau en français pourraient être regroupé·es selon leur programme d’études (représentant un intérêt commun) pour faciliter l’établissement de liens entre le cours de français et les apprentissages dans leur programme d’études, stimulant ainsi l’utilité et l’intérêt attribués au cours de mise à niveau en français (ibid.).

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