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Lauréate du Prix Vecteur pédagogique 2022 de l'AQPC

Réjeanne Gagnon, primée pour son travail exceptionnel

Réjeanne Gagnon, conseillère pédagogique au Cégep de l’Outaouais, fait partie de ces gens qui font dans l’ombre un travail remarquable. En juin dernier, l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC) lui a remis le prix Vecteur pédagogique afin de souligner la qualité de son travail.

Par Élise Prioleau, Portail du réseau collégial

« Je suis très touchée par cette nomination, parce que ce sont mes collègues qui ont monté le dossier de candidature. Déposer une candidature pour le prix Vecteur pédagogique, ça représente beaucoup de travail de la part d’une équipe formée de conseillers pédagogiques, de membres de la direction et d’enseignants. Le premier cadeau, c’est la mobilisation de mes collègues autour de cette reconnaissance », se réjouit Réjeanne Gagnon.

Rarement sous les projecteurs, les conseillers pédagogiques exercent pourtant de grandes responsabilités dans les collèges où ils pratiquent leur métier. Le prix Vecteur pédagogique vise à témoigner du travail essentiel mené par ces professionnels dans les coulisses des cégeps. Réjeanne Gagnon, récipiendaire du prix en 2022, a accepté de nous parler de sa profession et de sa carrière.

Le conseiller pédagogique : un spécialiste des programmes

Le principal mandat des conseillers pédagogiques est d’accompagner les enseignants en leur donnant une foule d’information sur les programmes au sein desquels ils enseignent. En ce sens, les conseillers pédagogiques sont d’abord et avant tout des experts des programmes d’études.

« Le conseiller pédagogique doit comprendre comment fonctionne le réseau collégial québécois. Il est amené à connaître d’où viennent les programmes et quels sont les règlements entourant les études collégiales », explique Réjeanne Gagnon. Fort de ses connaissances, le conseiller pédagogique informe par la suite les enseignants des objectifs qu’ils doivent rencontrer dans leurs cours, notamment en ce qui concerne les compétences à atteindre.

« C’est important de faire comprendre aux enseignants que les compétences à atteindre ne leur sont pas imposées de manière unilatérale par le ministère. Les programmes sont développés en collaboration avec des enseignants du réseau, des représentants du marché du travail ou des universités. Mon mandat est de m’assurer que les enseignants soient conscients de toute la latitude que leur donnent les devis ministériels », souligne Réjeanne Gagnon.

Mon mandat est de m’assurer que les enseignants soient conscients de toute la latitude que leur donnent les devis ministériels.

 

Une vision macroscopique au service de la qualité

Les conseillers pédagogiques connaissent bien le contexte de l’enseignement dans le réseau collégial. Leur connaissance des prescriptions ministérielles leur confère en quelque sorte une vision macroscopique du réseau, essentielle au maintien de l’uniformité des programmes d’études dans la province.

« Au Québec, tous les diplômés d’un même programme acquièrent un diplôme de même valeur, peu importe qu’ils l’aient obtenu dans un collège en région, dans les grands centres, dans un établissement public ou privé. En ce sens, notre système collégial est unique au monde », souligne Réjeanne Gagnon.

Si le travail des conseillers pédagogiques permet ainsi de veiller à l’uniformité des programmes, il vise aussi à faire connaître les méthodes pédagogiques préconisées dans l’ensemble du réseau de l’éducation québécois. Ils sont spécialistes notamment de l’approche par compétences, ainsi que la pluralité de méthodes et d’outils qui y sont rattachés. 

« Avant 1993, les conseillers pédagogiques avaient des rôles d’administrateurs. Ce rôle-là est complètement tombé au tournant du XXIe siècle. Aujourd’hui, ils sont des experts en pédagogie et des formateurs auprès des enseignants et de la direction. Au Québec, la qualité du travail des conseillers pédagogiques est en lien direct avec la qualité de l’enseignement et la qualité du diplôme. C’est un travail essentiel qui n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur », déplore Réjeanne Gagnon.

La qualité du travail des conseillers pédagogiques est en lien direct avec la qualité de l’enseignement et la qualité du diplôme. C’est un travail essentiel qui n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur.

Transmettre la curiosité

Après 30 ans de carrière dans le domaine de l’éducation, Réjeanne Gagnon en est à sa dernière année comme conseillère pédagogique. Elle considère qu’une des clés de sa carrière fructueuse a été son sens de la curiosité, qui l’a conduit à s’impliquer dans différentes instances du réseau.

« Je souhaite transmettre à mes collègues la curiosité de comprendre d’où vient notre mandat, le contexte dans lequel il a été créé et pourquoi. Cela permet de comprendre quel est notre rôle en tant que conseillers pédagogiques, mais aussi où se situe notre liberté d’agir dans le cadre de notre travail. Je pense que cette curiosité permet d’être plus heureux au travail », souligne-t-elle.

D’ici à son départ pour la retraite, Réjeanne Gagnon prévoit « donner au suivant », en continuant à accompagner les nouveaux conseillers pédagogiques de son service. « Cette année, mon objectif c’est de partager ma passion du métier et de laisser des traces de mes connaissances et de mes outils », termine-t-elle en promettant de laisser derrière elle des écrits qui pourront être consultés plus largement dans le réseau.