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Centre collégial de Mont-Laurier et CISSS des Laurentides
Une brigade de sensibilisation en Éducation spécialisée
Quoi de mieux que l’expérience terrain pour consolider les apprentissages ? En formant une brigade de sensibilisation, les étudiants.es en Éducation spécialisée du Centre collégial de Mont-Laurier (CCML) ont mieux compris la réalité de la santé mentale dans une communauté en région.
Par Thérèse Lafleur, rédactrice
Leur professeure Jessie Perron n’a pas hésité à collaborer avec le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides. « Ce type d’intervention cadre tout à fait avec les notions clés du cours Communication et relations d’aide II. » La brigade de sensibilisation se veut à la fois une espèce de vigie et une injection de bienveillance pour les personnes rencontrées lors du porte-à-porte.

C’est à l’initiative d’Anne Bazinet, organisatrice communautaire au CISSS, que cette activité pédagogique s’est mise en branle. La brigade de sensibilisation a été formée avec le soutien du Réseau d’éclaireurs.es en santé psychologique. Les étudiants.es ont reçu une formation spécialisée de quatre heures avant de mener une démarche de sensibilisation porte-à-porte à Sainte-Anne-du-Lac.
Madame Bazinet précise que « Le Réseau d’éclaireurs en santé psychologique a lancé le projet pilote Brigade de sensibilisation, mais a rencontré des difficultés à recruter des bénévoles. Pour y remédier, le comité a proposé de présenter le projet à l’équipe enseignante en Éducation spécialisée. L’implication d’étudiants.es déjà dotés.es d’un savoir-être, a facilité l'approche auprès des citoyens rencontrés. De plus les étudiants.es ont vécu une expérience terrain enrichissante et formatrice. La collaboration entre le Réseau et le Cégep constitue un partenariat bénéfique pour les deux parties, à renouveler sans hésitation. »
Les objectifs de la brigade étaient d’évaluer l’état de santé psychologique de la population ; de sensibiliser les individus à l’importance de prendre soin d’eux, de leur bien-être ; et d’informer les citoyens.nes des ressources disponibles dans leur municipalité ou dans leur environnement.
Le 8 mars 2025, 14 étudiants.es se sont rendus à Sainte-Anne-du-Lac. Un trajet de 45 minutes pour lequel une compensation de 50 $ a été offerte par le CISSS aux étudiants.es utilisant leur véhicule.Regroupés en duo, ils ont rencontré près de 30 personnes en faisant leur porte-à-porte. Les étudiants.es formant la brigade étaient bien identifiés par une cocarde et un dossard. La population avait été informée à l’avance de leur démarche par la municipalité. Les organisatrices communautaires et leur professeure ont aussi apporté leur soutien.
Une expérience formative selon madame Perron. « La brigade de sensibilisation a permis de mettre en pratique plusieurs techniques d’intervention, comme l’approche de la personne, la reformulation, la focalisation. Des personnes plus vulnérables ont été repérées.L’exercice a permis à chaque étudiant.ede comprendre : comment “moi” je fais une entrevue, comment je me présente, comment je crée un lien de confiance rapidement.Selon les duos, certains étudiants.es optaient pour la co-intervention sous forme de discussion partage. D’autres préféraient parler plus ou encore prendre des notes. Parfois, les étudiants.es devaient chercher les ressources disponibles. Le fait de voir différents milieux, de détecter par exemple l’encombrement, la présence d’animaux ou la salubrité, tout cela a suscité beaucoup de sujets de discussion par la suite. » fait remarquer madame Perron.

Je me suis surprise à faire des liens avec notre cours de communication!
Mélissa Riendeau, étudiante en Éducation spécialisée, Centre collégial de Mont-Laurier — Cégep de Saint-Jérôme
Mélissa Riendeau, étudiante de la brigade de sensibilisation, témoigne de son expérience. « Autant de jeunes qui avaient leur mot à dire sur la manière dont ils se sentaient dans leur communauté que des personnes âgées qui avaient plus de difficulté avec certains aspects. C’était intéressant pour nous de voir la diversité de personnes dans la municipalité. Parfois les gens n’étaient pas intéressés tout en restant polis. J’ai fait partie des équipes chanceuses qui voyaient les gens leur ouvrir leur porte. Le lien se faisait facilement. Avoir un contact humain et parler avec des gens que nous ne connaissons pas d’avance. On arrive et on essaie de créer un lien tout de suite. J’ai senti une facilité à le faire et probablement à cause de ce que j’ai appris depuis deux ans. Cela a un peu plus ancré en moi le besoin de continuer dans cette voie. Si c’était juste de moi, je recommencerais le projet. Je trouve que cela vient mettre un côté concret aux apprentissages.Pour ma part, j’ai vraiment apprécié l’activité. Cela faisait changement de voir tout le monde dans un autre milieu que la classe. Cela a aidé de voir ma collègue approcher la personne,car ça me montrait une autre façon de faire. C’était aussi intéressant de s’entraider. Parfois, la personne qui ne voyait pas beaucoup de gens dans sa journée parlait, parlait, parlait et il fallait trouver un moyen de diriger les échanges. Le fait d’être deux était aidant et plaisant. »

C’est fou de réaliser le pouvoir d’un “Salut, ça va ?”
Tommy Richer, étudiant en Éducation spécialisée, Centre collégial de Mont-Laurier — Cégep de Saint-Jérôme
Tommy Richer, un autre étudiant de la brigade de sensibilisation, abonde dans le même sens que Mélissa. « Pour moi cela s’est relativement bien passé. Les personnes que j’ai visitées n’avaient pas tant de besoins. Il s’agissait plus de les informer sur les ressources disponibles. Mais j’ai remarqué que c’était du monde isolé. Je crois que seulement la possibilité d’échanger avec nous leur a fait du bien. C’est comme n’importe quelle conversation, de l’improvisation. C’est formateur d’être sur le terrain. Avoir quelqu’un qui est là, qui t’approche pour offrir son aide, cela apaise le monde je trouve. »
Une expérience inspirante aussi pour le personnel enseignant en Éducation spécialisée,souligne madame Perron. « La brigade de sensibilisation prépare les étudiants.es à la réalité. Cela les amène à vivre une autre forme d’activité que celles en classe. Intervenir directement avec les personnes sur le terrain fait entrer en jeu une certaine fluidité dans l’approche avec la clientèle. »
« Ce partenariat avec le CISSS des Laurentides illustre parfaitement l’approche proactive du CCML : offrir une formation ancrée dans la réalité du terrain et favoriser l’implication des étudiants.es dans des projets porteurs de sens. », affirme Annie Lapointe, directrice du Centre collégial de Mont-Laurier— Cégep de Saint-Jérôme.