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Valleyfield, un collège à la croisée des autoroutes et du développement


 

Entrevue avec le directeur du Collège de Valleyfield, monsieur Guy Laperrière

Une région avec un développement démographique important
La grande région de Valleyfield est en grand développement sur le plan démographique.  Probablement une des régions qui connaît un essor démographique parmi les plus importants. Le Collège de Valleyfield couvrant un territoire immense où se retrouvent cinq MRC, il est le seul collège francophone pour desservir toute cette population. Les collèges les plus près étant le Cégep Gérald-Godin, le Collège Jonh-Abbott et le Cégep André-Laurendeau. Géographiquement, c’est le collège le plus au sud de la province, à proximité des États-Unis et de l’Ontario. Cette croissance démographique explique en partie que le collège ait connu une hausse de son effectif étudiant sans précédent depuis les six dernières années, soit une augmentation de plus de 40 %. Il y a six ans, le collège comptait 1,550 étudiants. Pour la rentrée 2014, 2433 horaires ont été remis. Pour Guy Laperrière la croissance démographie n’explique pas tout. « Quand je suis arrivé, j’ai dit à la communauté à l’interne que le collège devait se refaire une beauté. Nous avions connu une année difficile autant au niveau du climat organisationnel que de la perception de la ville. Perception d’une ville industrielle qui a connu des difficultés importantes au niveau économique. Il fallait donc travailler très fort pour changer cette perception.

Pour le collège, se refaire une beauté passait par une révision de notre carte de programmes. Nous avons eu l’opportunité d’avoir deux nouveaux programmes au cours des deux dernières années. Techniques juridiques et Inhalothérapie (programmes uniques dans la région de la Montérégie). Ce faisant, la carte des programmes est devenue distinctive parmi celles des 7 autres collèges montérégiens. Avec le programme de Techniques de laboratoire, de Génie mécanique et d’Électronique, le collège offre une gamme de programmes qui épouse fort bien la diversité économique de la région, entre autres dans le domaine des entreprises du secteur de la métallurgie et de l’aérospatial ».
 

"Nous avons eu l’opportunité d’avoir deux nouveaux programmes au cours des deux dernières années. Techniques juridiques et Inhalothérapie ( programmes uniques dans la région de la Montérégie)".


Des programmes innovateurs en formation préuniversitaire
Au niveau des programmes préuniversitaires, le Collège a voulu innover et se démarquer en donnant une couleur locale à ses programmes. En 2007, un programme appelé « vie intense intégrée aux études » a été mis en place. Il s’agissait d’un programme d’encadrement pédagogique pour des étudiants qui veulent faire du sport et de la culture de haut niveau que ce soit en théâtre, en improvisation ou en football, volleyball ou en soccer. Les étudiants peuvent adapter leur horaire en fonction de l’intensité de ces activités. « Nous avons des étudiants qui font des séances d’études en fin de journée; des groupes d’étude encadrés par des moniteurs et par des coachs et des professeurs bénévoles. Sur cette lancée, nous avons développé un nouveau programme qui s’appelle « Profil sport » en sciences humaines. Cette nouveauté a connu du succès : nous démarrons à l’automne trois groupes. Nous avons refusé des étudiants. Cette approche rend plus attrayantes les voies de sortie en sciences humaines ».

Une vie étudiante intense
L’intensité de la vie étudiante au Collège de Valleyfield mérite d’être soulignée. Elle est d’ailleurs reconnue par l’ensemble du réseau. Le prorata de participation aux activités étudiantes est nettement au-dessus de la moyenne provinciale. « Nous avons mis en place un programme d’engagement étudiant. La vision que nous lui avons donnée est de dire : si tu participes à une activité parascolaire, tu augmentes tes chances de réussite scolaire. Nous visons à ce que chaque étudiant ait au moins une activité para ou périscolaire ».

Au cours des dernières années, le collège a accueilli l’intercollégial de cinéma, l’intercollégial de philosophie, l’international de théâtre où plus de 30 collèges sont représentés. « Nous avons un service aux étudiants très solide en gestion événementielle ».

Mise en place d’un Centre universitaire en collaboration avec l’UQTR
Il y a quatre ans, aucun service universitaire n’était offert dans la région de Valleyfield. Le collège a pris l’initiative de réunir les partenaires socio-économiques intéressés au développement de tels services. L’Université du Québec à Trois-Rivières a répondu à l’appel. Les partenaires ont investi dans des salles de visioconférences installées à Vaudreuil, à Châteauguay et au collège, qui permettent de contrer le problème des petites cohortes d’étudiants. Des certificats universitaires sont maintenant offerts ainsi qu’un programme de deuxième cycle en relève des cadres. Le Collège prête gratuitement les locaux à l’Université devenant ainsi le centre d’enseignement supérieur pour la région.

Dans l’ordre habituel : Gérald Brassard, ex-membre de la Commission Formation, Recherche et Science de la CRÉ Vallée-du-Haut-Saint-Laurent, Ghislain Bourque, ex-recteur de l’UQTR, Marie-Louise Kernéïs, présidente de la Commission Formation, Recherche et Science de la CRÉ Vallée-du-Haut-Saint-Laurent et Guy Laperrière, directeur général du Collège de Valleyfield


L’arrivée de Mécanium
Le collège a déposé il y a 5 ans un projet d’un nouveau CTTT. La demande était dans les domaines de la mécanique et de la robotique qui sont déjà relativement bien couverts par des CTTT existants. La candidature n’a pas été retenue. Mais, la région a décidé de le prendre en charge. « Nous sommes allés chercher un million de subventions de Développement économique Canada, de la CRÉ, du MDEIE, de la table d’interordre. Nous avons créé notre propre centre et décidé d’accompagner les entreprises dans le domaine du prototypage. Au bout des subventions, le collège est allé frapper à la porte du Cégep de Beauce-Appalaches et de son centre d’innovations en mécanique industrielle (MECANIUM).  La région peut donc maintenant compter sur la présence d’un CTTT grâce au partenariat avec le Cégep de Beauce-Appalaches ». Les entreprises peuvent aussi faire appel via Mecanium aux expertises diversifiées du Réseau TransTech.

Anne-Renée Meloche, directrice des ressources humaines chez Groupe Meloche, Guy Laperrière, directeur général du Collège de Valleyfield, Michel-Louis Beauchamp, ex-directeur général du Cégep Beauce-Appalaches et Félix Lachance, directeur de Mécanium


Un cri du cœur : l’État est en train d’abandonner les collèges en formation continue
Avant de devenir directeur général au Collège de Valleyfield, Guy Lapperière occupait un poste de direction des services de formation continue au Cégep de Beauce-Appalaches. Interrogé sur « Educo » ce centre intégré de services aux entreprises et de formation sur mesure en collaboration avec la commission scolaire, il avoue que le collège a dû mettre fin à ses activités. « La formation continue au Québec vit des moments extrêmement difficiles », nous confie-t-il. « L’État est en train de nous abandonner. Il n’y a presque plus de programmes. Emploi-Québec n’achète presque plus de places dans les collèges. Les enveloppes en formation continue sont fermées. Je suis très préoccupé par l’avenir de la formation continue au Québec. L’État est en train d’abandonner la riche expertise qui a été développée au fil des ans. Une richesse qu’on est en train d’évacuer.  La situation est variable selon les collèges . Mais en région, c’est très difficile. Quand les collèges décident de se retirer faute de financement, c’est le privé qui prend la place avec des conditions qui sont différentes. C’est triste que nos ateliers de génie chimique et mécanique ferment leurs lumières à 5 heures le vendredi soir pour les ouvrir le lundi matin. Ça n’a aucun sens. C’est un gaspillage honteux. On ne peut pas se permettre ça. Je suis très inquiet. On attend depuis des lunes des politiques de formation continue qui n’atterrissent pas ».

Des projets pour l’avenir
Parmi les projets qu’il caresse, Guy Laperrière cible le dossier de construction d’une nouvelle résidence étudiante. Le collège est en partenariat avec la Ville de Valleyfield qui consent à acquérir des terrains. La réalisation de ce projet va permettre de sortir les anciennes résidences des locaux actuels du collège pour permettre l’aménagement de nouveaux locaux de classe, de nouveaux espaces de vie pour les étudiants et des bureaux de professeurs. Le Collège espère lancer les appels d’offres cet automne.
Par ailleurs, la population étudiante demande de nouveaux services. « On constate une mutation à cet égard. Les activités scolaires et sportives sont très fortes. Des besoins d’accompagnement et d’aide se manifestent. 10 % de nos étudiants réclament un accompagnement particulier d’orthopédagogie, des plans de formation adaptée, des examens dans des classes spécialisées. Nous travaillons à définir notre plan stratégique pour les prochaines années. La réussite et l’intégration des étudiants avec un profil particulier y occuperont une place privilégiée. On ne vise pas uniquement les étudiants qui ont des problèmes d’apprentissage. D’autres étudiants ont des besoins d’accompagnement particuliers par rapport au marché du travail. Nous sommes à l’écoute des besoins des étudiants. Ce n’est pas nous qui décidons, ce sont les étudiants et leurs besoins".

De belles perspectives d’avenir avec l’arrivée de l’autoroute 30

Avec le parachèvement des travaux de l’autoroute 30, les perspectives régionales vont changer. « Ce qui prenait avant 45 minutes de Châteauguay pour venir au Collège de Valleyfield en prend maintenant 20. Le bassin d’alimentation du collège change. 60 % des étudiants qui fréquentent maintenant le collège proviennent des MRC autres que celle de Beauharnois-Salaberry. Les habitudes de déplacement des gens sur le territoire sont en révision. Avec la construction et la rénovation de tous les ponts de l’Île de Montréal (Champlain et Mercier), les habitudes de consommation changent et vont continuer à changer. Nous avons créé des centres de services à Vaudreuil et Châteauguay pour répondre à ces besoins de déplacement avant l’arrivée de l’autoroute. Il faudra maintenant se questionner sur le rôle de nos centres. C’est devenu beaucoup plus facile de venir au Collège de Valleyfield. L’arrivée de la 30 va faciliter l’implantation de nouvelles entreprises, de grandes entreprises, dans le secteur de la chimie, dans le domaine de la fabrication de batteries pour les automobiles. Un réseau logistique est à s’installer à Vaudreuil qui amène un volume important du transport routier. De nouvelles entreprises vont s’installer qui vont attirer la main-d’œuvre et avec de nouvelles familles à la clé. Beaucoup, beaucoup d’espoir et d’avenir pour le Collège de Valleyfield pour les prochaines années! ».

Entrevue et article réalisés par Alain Lallier, édimestre, Portail du réseau collégial.






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