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Le nombre de demandes d’admission d’étudiants étrangers explose au Cégep de Rimouski

L’administration scolaire montre du doigt un programme de Québec nivelant les droits de scolarité de certains étudiants internationaux qui a semé la confusion.

Un grand bâtiment de six étages en briques brunes.

Une confusion autour d'un programme annoncé par Québec a fait exploser le nombre de demandes d’admission d’étudiants étrangers au Cégep de Rimouski. (Photo d'archives)

Édouard Beaudoin - Radio-Canada

Le Cégep de Rimouski a reçu près de 14 fois plus de demandes d'admission d’étudiants étrangers cette année qu’à pareille date l’an dernier. Leur nombre est passé de 102 à 1407, l’équivalent de plus de la moitié de la population estudiantine du Cégep.

C’est plus d’un millier de candidatures payées, traitées et analysées par l’administration, indique le directeur des études de l’établissement, Kurt Vignola, en entrevue à l’émission Info-réveil.

Une annonce effectuée à Rimouski en mai 2022 par le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration de l’époque, Jean Boulet, est à l’origine de ce bond important des demandes d’admission. Il révélait que des étudiants étrangers choisissant un établissement situé en région pourraient voir leurs frais de scolarité nivelés pour atteindre ceux des élèves québécois.

Cependant, mauvaise surprise pour bien des candidats, tous ne sont pas admissibles à ces exemptions de frais de scolarité. Seule une poignée d’étudiants – 5 sur 1407 – pourra bénéficier de ce programme au Cégep de Rimouski, selon la directrice adjointe au bureau d'information et communication de l'établissement, Annie-France Pelletier.

Malgré tout, l'annonce semble avoir eu des échos partout dans le monde, particulièrement en Afrique francophone. On peut s’imaginer que beaucoup de ces étudiants-là ont dû écrire sur Google "exemption des droits de scolarité" et "Rimouski", parce que c’est là que l’annonce a été faite, suggère Kurt Vignola.

Le phénomène a également été constaté à l'échelle provinciale en décembre dernier.

Une annonce assez claire?

Ainsi, plusieurs étudiants internationaux pensaient à tort pouvoir payer par défaut le même prix que les étudiants québécois pour étudier au Cégep de Rimouski.

« Avec la manière que ça a été amené, peut-être qu’il y a eu interprétation. »

— Une citation de  Annie-France Pelletier, directrice adjointe au bureau d'information et communication du Cégep de Rimouski

La nuance était-elle suffisamment apparente lors de l’annonce du ministre Boulet? À la sortie de la conférence de presse, on avait compris que ça n’allait pas être illimité, donc pas applicable à tout le monde, soutient Annie-France Pelletier. Mais on pensait qu’on allait en avoir beaucoup plus, nuance-t-elle, évoquant la distribution des bourses avec les universités.

Jean Boulet, en conférence de presse.

Le ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l’Intégration en 2022, Jean Boulet, souhaitait attirer environ 1200 étudiants internationaux de plus en région d'ici 2026. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Il n'en demeure pas moins qu'avec la centaine d'étudiants internationaux que le Cégep de Rimouski accueille chaque année, beaucoup seront déçus à l'approche de la prochaine rentrée.

On parle probablement de 1250 candidats qui sont dans le flou, estime Kurt Vignola. Est-ce qu'ils vont venir chez nous ou pas? On a un taux de conversion de la demande à l'inscription d'environ 3 %. Ça fait pas beaucoup 3 % de 1407, il a fallu tenir compte de cela dans nos prévisions d'effectifs pour l'automne.

Au moment de publier ces lignes, le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration n'a pas répondu à nos demandes d'information.

L’administration scolaire montre du doigt un programme de Québec nivelant les droits de scolarité de certains étudiants internationaux qui a semé la confusion.

 

28 mars 2023