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CÉGEP DU VIEUX MONTRÉAL

Des infirmières apprennent le français en côtoyant les patients

Parce que chaque nouvelle infirmière compte, on offre à ces immigrantes d'apprendre et de perfectionner leur français à la fois sur les bancs d'école, mais aussi dans leur milieu de travail.

Anne-Louise Despatie

Face au manque de personnel soignant, il y a eu des efforts qui ont été faits pour attirer des infirmières venant de pays francophones au cours des dernières années. Un cégep et un centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) ont décidé de chercher auprès d'un autre groupe : les personnes diplômées hors Québec qui ont déjà immigré dans la province, mais qui ne maîtrisent pas encore le français.

Ling Tian avec monsieur Jacques.

Ling Tian, qui a fait ses études en soins infirmiers en Chine et au Royaume-Uni, se dit à l'aise avec les personnes âgées.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

Arrivée de Chine en 2019, Ling Tian a travaillé auprès des aînés à Kuujjuaq, mais pour pratiquer comme infirmière au Québec, elle doit faire le programme de requalification, une mise à niveau de huit mois à l'intention des personnes diplômées à l'étranger. Il lui faudra ensuite réussir l'examen de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

Or, pour cela, elle doit d'abord améliorer son français. C’est ce qu'elle a fait au cours des dernières semaines en compagnie d'autres diplômées des Philippines, de Tunisie, du Maroc, du Cameroun, d'Amérique latine et du Liban.

Le Cégep du Vieux Montréal et le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal en sont à la troisième cohorte.

On a constaté, en fait, qu'on avait plusieurs candidats infirmiers diplômés hors Québec, mais qui restaient sur le banc des joueurs, explique Marjolaine Bergeron, conseillère à la direction des soins infirmiers au CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.

Pendant quatre mois, les stagiaires passent la moitié de leur journée en francisation et l’autre en milieu de soins.

Les stagiaires sont jumelés avec des préposés ou des infirmières auxiliaires.

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Apprendre le français en côtoyant les patients

Les stagiaires sont jumelés avec des préposés ou des infirmières auxiliaires.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

Mme Bergeron explique que cette présence sur le terrain permet aux stagiaires d'être en interaction avec les usagers en pratiquant leur français.

On passe du vocabulaire très simple – une débarbouillette, une chaise roulante... – à du vocabulaire un peu plus complexe […],  mais en plus, ils développent une compréhension du milieu de soins; c'est quoi les rôles de chacun; etc.

Une citation de Marjolaine Bergeron, conseillère à la direction des soins infirmiers CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

Lier les cours de français à la pratique de la langue auprès des résidents et des patients est unique.

Les résidents et patients s'habituent à voir la carte «Je pratique mon français» et entament souvent la conversation.

Les résidents et patients s'habituent à voir la carte «Je pratique mon français» et entament souvent la conversation.

Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Despatie

Selon le directeur de la formation continue au Cégep du Vieux Montréal, Éric April, c'est la force du programme. Tout au long de l'apprentissage du français, je peux transférer mes nouvelles connaissances, les appliquer dans un contexte de soins. Donc, c'est très concret.

Appuyé par le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, le Cégep du Vieux Montréal assure la partie théorique en insistant sur le vocabulaire pertinent pour les soins de santé.

Nous, ce qu'on fait, c'est de leur donner le petit coup de pouce qui manque. Nous sommes avec eux 22 semaines, ce qui leur permet ensuite de s'engager dans leur mise à niveau, explique Andréanne Gendron-Landry, conseillère pédagogique au Cégep du Vieux Montréal.

Le collège offre aussi le programme d'intégration professionnelle de 615 heures créé pour les diplômés à l'étranger.

Une fois l'écart linguistique comblé, les participants pourront poursuivre leur parcours en soins infirmiers au Québec.

Même si on ne peut encore mesurer l'apport de ce programme, on considère qu'il permettra d'amener de nouvelles infirmières auprès des patients. Un quatrième groupe commencera sa francisation à l'Hôpital Notre-Dame et au CHSLD de Saint-Henri à l'automne.

Source : Radio-Canada

21 juillet 2023