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Étudiants étrangers - La recette du succès de Saguenay

« Ici, c’est plus humain »

Les cégeps et les universités des régions déploient de grandes énergies pour attirer élèves et étudiants de l’étranger. La Presse s’est rendue à Saguenay, qui mène le bal dans cette course, pour constater que ces jeunes ne font pas qu’occuper des bancs d’école ; c’est la ville qui a besoin d’eux.

 

Aliya Oranger a roulé cinq heures en sortant de l’avion, tard le soir, entre Montréal et Jonquière, sans trop savoir où elle allait. « Je ne m’étais pas tant renseignée sur la région, confie-t-elle. Cinq heures de route dans le noir… On se demande : on s’en va où ? »

Suzanne Colpron La Presse

La Française de 21 ans venait entreprendre un diplôme d’études collégiales (DEC) au cégep de Jonquière, à plus de 480 km de l’aéroport Montréal-Trudeau.

En juin, Aliya va terminer son DEC de trois ans en gestion de commerces. Le tiers des élèves inscrits dans son programme sont étrangers. Ses amis, dit-elle, sont pour la plupart français. Beaucoup sont attirés ici par le mode de vie : « plus humain, moins de pression, emplois accessibles, moins de hiérarchie, plus de proximité avec les professeurs »…

« C’est sûr que je reste dans la région, assure Aliya. Je me sens plus chez moi au Québec qu’en France. Je veux demander la résidence permanente et rester ici au Saguenay. »

Main dans la main

En plus de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), le Saguenay–Lac-Saint-Jean compte quatre cégeps, ce qui est beaucoup pour une population de 276 000 habitants.

Les élèves étrangers n’y ont jamais été aussi nombreux que cette année : 450 au cégep de Jonquière sur une population étudiante de 3000, 305 sur 2000 au cégep de Chicoutimi, 190 sur 1200 au collège d’Alma, et 300 sur 1000 au cégep de Saint-Félicien.

Pour les recruter, les cégeps travaillent main dans la main.

« On parle de 54 programmes, d’une région, d’un milieu de vie », explique Christian Tremblay, directeur des études au cégep de Chicoutimi.

Une large proportion de ces collégiens vient de la France et de ses départements d’outre-mer. Ils permettent de maintenir en vie certains programmes, en occupant des places disponibles, et génèrent des retombées économiques dans la région.

Mais pour les cégeps, ce n’est pas une question d’argent. La plupart de ces élèves sont exemptés des droits de scolarité, notamment, grâce à une entente de réciprocité entre la France et le Québec.

Ceux qui n’ont pas droit à des exemptions ou à des bourses paient environ 15 000 $ par année. Mais l’argent s’en va au ministère de l’Éducation.

Les cégeps qui les accueillent touchent la subvention qu’ils recevraient si ces élèves étaient québécois, avec une majoration de 10 %.

Restent-ils dans la région après leurs études ?

« Difficile à évaluer », répond Sylvain Gaudreault, directeur général du cégep de Jonquière et ancien ministre du Parti québécois. « On n’a pas de statistiques. On veut développer ça.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Sylvain Gaudreault, directeur général du cégep de Jonquière

« On a été capables de stabiliser, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la décroissance. Mais c’est important, si on veut maintenir nos services, si on veut maintenir une région forte, d’avoir une démographie en conséquence. Et la population est vieillissante. Donc, les étudiants internationaux viennent peupler la région. S’il en restait la moitié, ce serait extraordinaire. »

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3 février 2024