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L’analyse des retombées du MIPEC* : un projet possible grâce à la participation de trois collèges

* Microprogramme de 2e cycle en insertion professionnelle en enseignement au collégial

 

Par Mesdames Sylvie Bessette et Marilyn Cantara. Madame Bessette est chargée de projet au Secteur PERFORMA de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke. Elle a été conseillère pédagogique au Cégep de Sherbrooke et est retraitée depuis peu. Madame Cantara est conseillère pédagogique et répondante locale PERFORMA depuis 2007. Elle a joint l’équipe de PERFORMA à titre de responsable du MIPEC en provenance des collèges en 2012.

Le MIPEC, un véritable accélérateur d’insertion professionnelle

À l’automne 2012, les cégeps de Sherbrooke, Victoriaville et Saint-Jérôme ont participé à un projet financé par la Délégation collégiale de PERFORMA intitulé Le MIPEC, un véritable accélérateur d’insertion professionnelle.  Ce projet visait à documenter les retombées du premier cours du MIPEC, le PED 750 - Insertion en enseignement au collégial, portant sur l’insertion professionnelle  des nouvelles enseignantes et des nouveaux enseignants au collégial.

Le microprogramme de 2e cycle en insertion professionnelle en enseignement au collégial (MIPEC)

Implanté depuis 2000, le microprogramme de 2e cycle en insertion professionnelle en enseignement au collégial de 15 crédits (MIPEC) offre aux nouvelles enseignantes et aux nouveaux enseignants du réseau collégial une formation sur leur lieu de travail,  visant à favoriser leur insertion professionnelle tout en leur permettant de développer des habiletés de praticienne ou praticien réflexif. Par cette nouvelle offre de programme, PERFORMA devenait un allié important pour le développement professionnel des enseignantes et enseignants du collégial.

Depuis son implantation, 400 enseignantes et enseignants ont terminé ce microprogramme de 2e cycle, et ce dans 29 établissements différents. Plus globalement, ce sont 1678 enseignants qui ont  fréquenté le premier cours de ce microprogramme.

Les finalités du projet

Mieux connaître les croyances initiales des enseignantes et enseignantes du collégial en 2013, mieux comprendre comment s’opère le passage d’une identité de professionnel d’une discipline donnée à celui de professionnel enseignant au collégial, mieux cerner ce que représente la gestion de classe pour une nouvelle enseignante ou un nouvel enseignant d’aujourd’hui, voilà quelques exemples de l’utilisation que les deux chercheures voulaient faire des données recueillies dans le cadre de ce projet sur les retombées du MIPEC.

La collecte des données auprès des enseignantes et enseignants inscrits au PED 750

La collecte des données s’est faite en trois temps. Un  questionnaire auprès des participants, une analyse de leur dernier travail  et un focus group ont permis de croiser des données et de confirmer la présence de retombées de la formation du premier cours du microprogramme, notamment celle de la transformation de la représentation de l’identité professionnelle qui s’est opérée dans le cadre du cours.

Résultats

Les participants à ce projet ont exprimé leur perception d’un changement significatif dans leur identité professionnelle.

Au fil des jours, les expériences en classe provoquent une déstabilisation et affectent leur sentiment de compétence. C’est parfois un véritable choc : « Je fus très surprise de voir tous les rôles qu’un enseignant pouvait avoir. » , « Le rôle de l’enseignant est beaucoup plus complexe que je ne me l’imaginais. »

Remettant en question leur modèle de référence, ils remettent en question aussi leur choix professionnel. Leur modèle de référence très souvent forgé par leurs expériences en tant qu’étudiants est ébranlé au contact de leurs premières expériences en classe. En cours de session, ils découvrent que certaines de leurs croyances ne tiennent pas la route en situation d’enseigner. Ils constatent aussi qu’enseigner au collégial comporte de nombreuses tâches.

Ce changement est accompagné de découvertes quant à leur relation avec les étudiants. Confrontés à une certaine idéalisation des étudiants, certains sont déçus de devoir intervenir auprès d’eux pour les motiver à apprendre.

Ils apprennent à se remettre en question et acceptent de partager leur expérience entre collègues. Confrontés à la réalité, ils considèrent désormais avoir moins de compétences qu’ils croyaient au départ. Ces sentiments leur font vivre de l’isolement, de la solitude, de la gêne voire de la honte. Pour plusieurs participants, parler de leur problème à des collègues est plutôt rare en début de carrière. L’expérience de formation avec des personnes de leur collège permet d’installer plus rapidement un climat de confiance qui amenuise la peur du jugement. Ils osent donc parler de leur stress qui dépasse souvent celui normal d’une exposition à un groupe. Ici aussi le recours aux métaphores donne du sens à l’expérience vécue. Elles constituent une entrée agréable et  sécurisante pour une démarche d’analyse réflexive.

En conclusion, dans la mesure où les croyances sont mises à jour et habilement confrontées à des cadres de référence reconnus du milieu, on peut imaginer que l’écart  entre ce qui se vit en classe et ce que l’enseignant voulait faire et ce qui est attendu par l’établissement s’amenuisera sans trop de heurts, si l’enseignant poursuit une démarche de réflexion sur sa pratique soutenue par une formation telle que celle du microprogramme en insertion professionnelle.

Pour plus d'informations sur le programme : MIPEC






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