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Accompagner la fabrication de pointe


 

Entretien avec monsieur Michel Chabot, directeur général du Centre d’innovation en microélectronique du Québec (CIMEQ), affilié au Collège Lionel-Groulx   

 

Un texte d’Alain Lallier

Note : Cet article est réalisé grâce à la participation de Synchronex.

Fabrication de pointe
Analyse prédictive ; Internet des objets ; matériaux avancés ; usines intelligentes ; conception numérique, simulation et intégration ; calcul haute performance ; robotique avancée ; fabrication additive ; conception open source ; réalité augmentée. Voilà autant de technologies de fabrication de pointe peu familières pour le commun des mortels. Comment se positionnent les centres collégiaux de transfert de technologie dans cet environnement de changements ? Comment conjuguent-ils leurs forces pour mieux répondre à ces nouveaux besoins ? Nous en discutons avec Michel Chabot, directeur général du Centre d’innovation en microélectronique du Québec (CIMEQ), affilié au Collège Lionel-Groulx.

Pour Michel Chabot, parler de fabrication de pointe, c’est parler de perfectionnements et de développements de nouveaux produits, de procédés existants ou nouveaux avec des technologies innovantes. Dans le réseau Synchronex, plusieurs centres touchent, entre autres, de près ou de loin à la fabrication de pointe. « Dans le domaine de la microélectronique et de l’électronique, nous assistons à de nombreuses avancées, de développements et de perfectionnements sur les produits existants qui s’orientent vers l’intelligence artificielle. L’industrie 4.0 se conjugue en termes de numérisation, d’objets connectés, de données et de mégadonnées à traiter, à interpréter, à analyser qui mènent à des actions. Au début de l’automatisation, on a commencé à l’aide des systèmes préventifs : après tant d’heures, il fallait avoir une action quelconque. Maintenant, avec les objets connectés et les données que nous avons en main, nous sommes davantage dans une approche type prédictive : nous prédirons des modifications en fonction du comportement des machines »,explique le directeur général. 

Le CIMEQ vient en aide à de nombreuses industries. Par exemple,l’intelligence véhiculaire pour les voitures assistées ou autonomes qui peut être appliquée dans plusieurs domaines : aéronautique, agriculture, domotique.

Dans les entreprises, de plus en plus de robots sont déployés entre autres là où les actions sont plus difficiles pour les êtres humains. « Un robot peut répéter le même mouvement des millions de fois comme si c’était la première fois. Ces applications permettent souvent d’uniformiser l’ensemble de la production. Mais, qui dit robotisation, dit également maintenance et réparation. »

Dans un contexte d’appel à une augmentation de la productivité et de la compétitivité des entreprises, conjuguée à une pénurie de main-d’œuvre, l’automatisation ouvre de nouvelles perspectives. Ce nouvel environnement commande des emplois de plus haut niveau.

Une nécessaire concertation des partenaires
Relever ce défi commande selon Michel Chabot une concertation de plusieurs partenaires tant industriels qu’institutionnels. Il donne l’exemple dans les Laurentides de la filière des transports où les différents centres collégiaux (IVI, CDCQ, CIMEQ) et les différentes entreprises privées (La Compagnie électrique Lion, Novabus) travaillent ensemble à améliorer les différents processus. Le récent lancement du camion électrique Lion en est un bon exemple. Dans l’électrification des transports, le centre offre son expertise en gestion des systèmes de batteries et de l’électronique des tableaux de bord. L’intervention de chaque spécialiste dans son domaine améliore la rapidité et la qualité du produit.

Lion 8, le premier camion électrique de classe 8 en Amérique du Nord

Des habitats intelligents pour les aînés.
Michel Chabot donne l’exemple où en début d’année ont été réunis plus de vingt-trois intervenants autour de la même table pour aborder le sujet des habitats intelligents permettant aux personnes âgées de rester à demeure. « Conjointement avec l’organisation Les Aînés branchés, nous étudions les stratégies permettant aux personnes âgées de demeure dans leur maison ou logis le plus longtemps possible tout en respectant leur intégrité et en minimisant les technologies trop invasives qui permettent de sécuriser autant les proches aidants que le système de la santé. Le Centre collégial d’expertise en gérontologie (CCEG) de Drummondville est associé aux projets. Le Centre collégial de transfert de technologie en télécommunications (C2T3) de Trois-Rivières qui se spécialise dans le déploiement de la technologie G5 sera aussi mis à contribution ainsi que le nouveau CCTT de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), ExperiSens, contribuera grâce à son expertise sur le sensoriel et les aliments. »

Encourager la création de regroupements de centres
Afin de maximiser l’impact des centres et de mieux répondre aux besoins des entreprises, Synchronex a encouragé la création de regroupements autour d’une thématique. C’est ainsi qu’ont été créées l’escouade numérique et l’escouade énergie. Le CIMEQ est partenaire de ces deux groupes. « La force du réseau, c’est cette capacité de faire appel à l’expertise d’un autre centre quand nous ne sommes pas en mesure de répondre à une demande spécifique d’une entreprise, affirme Michel Chabot. »

Envirotique
Le CIMEQ affiche une expertise spécifique en « Envirotique ». De quoi s’agit-il ? C’est le contrôle de l’environnement par tous les équipements informatiques existants. « Nous sommes spécialisés dans la gestion des environnements intelligents. Depuis plus de trente ans avec notre client Micro Thermo Technologies/Parker Hannifin de Mirabel, nous contrôlons l’environnement de plus de 5000 supermarchés à travers le monde : contrôle de la réfrigération, la congélation, l’éclairage, la ventilation. Mise au point de contrôleurs et de capteurs de plus en plus abordables. Nous pouvons ainsi capter l’information. Par exemple, pour le dégivrage qui représente un coût important pour les supermarchés. Nos analyses prédictives ont démontré que du dégivrage se faisait trop fréquemment. Après des essais, nous avons réussi à diminuer de 18 % les coûts d’énergie reliés au dégivrage. »

Au cours des dernières années, le centre a fait plusieurs études sur les algorithmes et sur les protocoles de traitement pour analyser les données recueillies chez les clients. Grâce au développement rapide des objets connectés, cette expertise s’avère précieuse.

Les impacts sur les programmes de formation
L’expertise développée par le centre profite à la mise à jour des programmes au Cégep Lionel-Groulx. Par exemple, en informatique, le programme a fait un virage avec une année de spécialisation vers les objets connectés et les jeux vidéo. En génie électrique, une mission est en cours pour réaliser une adéquation encore plus juste avec le marché du travail. « C’est sûr que d’avoir des centres spécialisés dans des cégeps permet d’être à l’avant-plan des industries. Il faut faire un arrimage encore plus fort entre les centres et les collèges afin de pouvoir former la main-d’œuvre dont nous aurons besoin dans les quatre, cinq, dix prochaines années. Développer un programme technique n’est pas simple. Il faut asseoir les gens des entreprises et être capables d’aller au-delà de leurs préoccupations immédiates. Il faut leur demander : quels seront vos besoins de compétences dans cinq ou dix ans. Nous avons fait l’exercice récemment. Nous constatons que ce n’est pas toujours facile. Ce n’est pas tout le monde qui est capable de se projeter cinq ou dix ans plus loin. »






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