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Cégep@distance fête ses vingt ans et installe sa demeure à Rosemont

Entrevue avec Viet Pham, directeur de Cégep@distance

Cégep@distance  fête cette année son 20e anniversaire. Créé le 1er avril 1991, l’organisme a connu au cours des dix dernières années une croissance de son volume d’activités. C’est plus de 18,000 étudiants pour 30,000 inscriptions - cours qui se forment via Cégep@distance.  Depuis 2008-2009, le volume d’activités a connu une croissance de 10 % par année. Pour son vingtième anniversaire, l’organisme déménage dans de nouveaux locaux sur le terrain du Collège Rosemont dont il fait partie. Antérieurement Cégep@distance logeait dans des locaux loués dans l’est de Montréal. L’inauguration de ces nouveaux locaux a eu lieu le 16 mai dernier.

Pour son directeur, Viet Pham, « Ce changement se veut stratégique, économique et pratique, parce que Cégep@distance est depuis le début en location. Cette construction va accentuer davantage notre position dans le réseau pour des décennies à venir. Avec la croissance de nos activités, nous avons eu besoin de plus d’espace. Nous avons dû déménager à quelques reprises et le coût du loyer a augmenté. Le Collège nous a offert gracieusement le terrain. À tout compter, c’est plus économique ainsi.  L’aspect pratique : nous pouvons maintenant côtoyer la clientèle et les enseignants. Ça permet des échanges sur le plan pédagogique ». Nous sommes dans une période d’adaptation et de transition dans ce nouvel environnement. Mais tout se déroule normalement ».

Un mandat réseau unique
Dès le départ, le Ministère de l’Éducation a pris la décision de confier au Collège Rosemont un mandat unique de développer l’enseignement à distance pour l’ordre collégial. Cégep@distance  doit travailler en complémentarité avec le réseau. D’autres collèges offrent des services d’enseignement à distance, surtout en région, pour répondre à des besoins spécifiques. Par contre, il serait plus souhaitable que les collèges travaillent avec le Cégep@distance pour répondre à ces besoins »., Viet Pham explique qu’« au départ, ça prend beaucoup d’investissement au niveau d’une infrastructure de base, pour mettre en place un système d’enseignement à distance. Quand cette infrastructure est bien implantée, ça permet un grand déploiement et il n’y pas de limite. Nous pouvons répondre aux demandes du réseau et ça fait partie de notre mandat.

Les formules pédagogiques évoluent
Si au départ la formation à distance a utilisé une formule pédagogique où la documentation écrite expédiée à l’étudiant par la poste était très utilisée, les nouvelles technologies offrent maintenant d’autres possibilités et ont obligé Cégep@distance à revoir son modèle et ses stratégies pédagogiques. Viet Pham précise : « Avec l’internet et le multimédia, le niveau d’interaction est plus poussé dans le matériel de cours que nous développons, et aussi au niveau de l’encadrement avec toute la panoplie de nouveaux outils : courriel, chat, logiciels sociaux, classes virtuelles ».

L’approche de l’autoformation asynchrone
Dès le départ, Cégep@distance a mis en place une approche pédagogique où l’autoformation est l’élément central. « C’est l’élément dorsal de notre approche. Dans notre formule asynchrone, l’apprentissage est basé sur l’individu. L’étudiant évolue à son rythme. Tout notre système, toutes nos stratégies tournent autour de cette autonomie de l’apprenant. En conséquence, nous avons un encadrement individualisé avec service de tutorat. Le tuteur demeure un élément central dans la réussite de nos étudiants ».

Quel est le profil des étudiants de Cégep@distance? 
« Nous avons deux types de clientèles. La première provient directement des collèges via des « commandites » telles que nous les nommions auparavant. Aujourd’hui, on dit « étudiants en situation de partenariat ». 60 % de nos étudiants proviennent des collèges autant publics que privés. Ce qui représente environ 11,000 étudiants du réseau. La moyenne d’âge est autour de 22 ans. Ces étudiants viennent y chercher un, deux ou trois cours pour compéter leur DEC. Ceux à qui il manque un ou deux cours pour entrer à l’université en septembre, s’inscrivent en cours d’été. Ce qui permet de ne pas interrompre leur cheminement » ; l’autre catégorie d’étudiants, soit 40 %, est une clientèle plus âgée autour de 27 ans. Les étudiants s’inscrivent à temps partiel dans un des 5 programmes offerts par Cégep@distance à savoir 2 DEC et 3 AEC .

Des adultes à l’emploi qui veulent obtenir un diplôme.
« Un des programmes populaires chez nous, c’est le programme de techniques d’éducation à l’enfance. Ce sont des mères qui sont déjà à l’emploi et qui, à cause de changements aux lois, doivent retourner aux études. La meilleure formule s’avère être pour elles la formation à distance ».

Les perspectives de développement
Au niveau des perspectives de développement, Cégep@distance veut mettre l’accent sur les nouveaux programmes et les nouveaux services à la population. « Nous sommes en retard sur l’Ontario au niveau de l’offre en formation technique à distance pour les adultes. Il faut faire des efforts additionnels pour développer des programmes techniques. La formation à distance n’est plus une option de dernier recours comme c’était le cas  il y a trente ou quarante ans. La technologie aidant, c’est devenu un moyen comme un autre de se former. L’accent sera mis sur des formations techniques courtes et sur mesure »

Améliorer la persévérance et la réussite
Tout en augmentant son offre de cours et de programmes, Cégep@distance veut améliorer la persévérance et la réussite. « La formation à distance commande de la part de l’étudiant une certaine rigueur, de l’autonomie et de la discipline. La persévérance joue un rôle important dans la réussite. En ce sens, nous avons regardé notre modèle qui en est un d’entrée continue et de sortie variable entièrement asynchrone. Nous répondons bien aux besoins d’un grand nombre de personnes comme en témoigne le nombre d’inscriptions. Pour augmenter la réussite, nous travaillons de plus en plus en formule hybride asynchrone-synchrone comme dans le projet Osmose que nous avons mis en place depuis trois ans. Nous avons fait l’expérimentation dans trois cours. Le taux de réussite et de persévérance est plus grand. En introduisant des éléments de travail en groupe, de dynamique de groupe, de soutien des pairs, on brise un peu l’isolement et on invite au travail collaboratif ».

Accentuer les partenariats
Accentuer les partenariats figure parmi les stratégies de développement de Cégep@distance.  « Dans notre mandat, nous devons être complémentaires au réseau. La formation à distance ne doit pas être perçue comme une menace, mais comme une opportunité. Nous sommes un joueur important, incontournable parce que nous avons une maîtrise et une compétence développée depuis 20 ans. Nous sommes disposés à partager cette expertise avec les autres collèges dans une perspective de collaboration pour répondre à leurs besoins ».

Des exemples de partenariat
Actuellement, Cégep@distance a établi un partenariat avec le Ministère de l’Immigration et des communautés culturelles (MICC) pour la francisation des futurs immigrants .Il s’agit de cours de francisation en ligne de niveau intermédiaire. Depuis 2008, Cégep@distance forme annuellement plus de 4,000 apprenants provenant d’une cinquantaine de pays, via un modèle mixte : autoformation asynchrone et encadrement avec classes virtuelles synchrones. Ces futurs immigrants ont reçu un certificat de sélection du Québec et sont en attente du visa. Cégep@distance les forme pour la maîtrise du français, mais aussi pour une connaissance de la culture québécoise. Ceci facilite leur intégration à leur arrivée au Québec. Depuis un an, cette formation a aussi été offerte à des immigrants déjà au pays, via la formule d’autoformation asynchrone.

Au début de l’année, l’organisme a obtenu deux nouveaux mandats du MICC. Le premier est de développer 150 heures de contenus de francisation en ligne de niveau avancé. Pour y arriver, un partenariat a été conclu avec le CCDMD du Cégep Maisonneuve et Technomedia. Une forme de PPP. Cégep@distance est maître d’œuvre du projet. Le second mandat est de développer 30 heures de contenus de francisation en ligne de niveaux intermédiaire et avancé pour les professionnels de la santé et des soins infirmiers. Autre projet : le développement d’un centre d’aide en français en ligne en partenariat avec le RCCFC (Regroupement de collèges francophones du Canada).

Des projets d’avenir
Cégep@distance travaille actuellement sur un projet de Campus virtuel qui vise à réunir les outils, les plates-formes dans un lieu commun qui va permettre aux étudiants, aux tuteurs de partager les outils d’apprentissage. Le tout est prévu pour l’automne prochain. Dans la même perspective, le site Web sera mis à jour.

Mise au point au sujet de la demande d’accréditation de la FECQ
À la fin de l’entrevue, le directeur de Cégep@distance profite de l’occasion pour préciser le point de vue de l’établissement à l'égard de la campagne d’accréditation de la FECQ effectuée auprès  des étudiants du Cégep@distance. « Le but en soi est louable d’avoir une association des étudiants. Mais la fin ne justifie pas les moyens. Nous voulons collaborer entièrement, mais nous croyons que la FECQ a voulu faire autrement et nous déplorons leur façon de procéder. Ils ont fait une étude sur Cégep@distance, sans toutefois l’impliquer. C’est regrettable, car les statistiques utilisées sont souvent désuètes, mal analysées ou mal interprétées. Ils ont porté des jugements de valeur basés sur une enquête faite auprès d’une dizaine d’étudiants. On peut questionner la valeur scientifique d’une telle approche. Quant à nous, nous avons fait une enquête de satisfaction auprès de 1,300 répondants représentatifs de l’ensemble de la clientèle,  qui révèle un taux de satisfaction très élevé ».

Entrevue réalisée par Alain Lallier, éditeur en chef, le 17 avril 2011.