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Des consultations inspirantes, un plan porteur, 450 M$ investis

Par Thérèse Lafleur

Plus que jamais la réussite est à l’ordre du jour de l’enseignement supérieur. Pensons au récent rapport de Fédération des cégeps : La réussite : regards rétrospectifs et prospectifs. Référons-nous aussi aux travaux entourant le Chantier sur la réussite en enseignement supérieur notamment aux mémoires déposés en février dernier lors de cette consultation.

Dans cette foulée, le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) lançait, le 2 septembre 2021, son Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur 2021-2026. Un plan d’action qui prévoit des investissements de 450 M$ sur 5 ans, dont 175 M$ consacrés spécifiquement au réseau collégial.



    Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur

Heureuse de dévoiler le premier plan d’action gouvernementale visant spécifiquement la réussite en enseignement supérieur, la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, a témoigné de sa conviction que « La réussite a un impact à la fois individuel et collectif. Pour les étudiantes et étudiants, le fait d’entreprendre et de mener à bien un projet d’études contribue à leur épanouissement personnel, professionnel et civique. Pour la collectivité, le fait que plus de personnes détiennent un diplôme d’études postsecondaires constitue un vecteur essentiel du développement économique, social et culturel du Québec. »

D’ailleurs, la Fédération des cégeps a accueilli favorablement ce Plan d’action estimant qu’il est résolument porteur pour soutenir la réussite d’un plus grand nombre de collégiennes et de collégiens.


Bernard Tremblay, président-directeur général, Fédération des cégeps

« Nous sommes heureux de constater que plusieurs des pistes d’action présentées par la Fédération des cégeps lors du chantier interordre sur la réussite du ministère en janvier dernier ont été intégrées dans son Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur. Grâce à ce nouveau plan et aux ressources financières qui y sont associées, dont 40 M$ dès la première année pour le réseau collégial, les cégeps pourront mettre en place et bonifier tout un train de mesures pour favoriser et augmenter la réussite scolaire de leurs populations étudiantes. », a indiqué le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, lors de l’annonce.

 

     Lucie Piché, présidente de la FEC-CSQ

La Fédération des enseignantes et des enseignants de cégep (FEC-CSQ) a réservé elle aussi un accueil favorable au Plan d’action sur la réussite en enseignement supérieur. Cependant, elle invite le ministère à prendre en compte les effets de la pandémie et également à ne pas répéter les erreurs du passé quant aux stratégies utilisées : « Parce que le portrait de la population étudiante tout comme ses besoins sont très variés, la réussite ne peut se résumer à un chiffre ou à un type de pratique pédagogique. Enfin, il ne faut pas oublier de valoriser l’accès à l’enseignement collégial, en remettant notamment en question le système d’éducation à trois vitesses qui existe en amont ii», a signifié la présidente de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep - Centrale des syndicats du Québec (FEC-CSQ), Lucie Piché, à la suite du dévoilement du Plan d’action sur la réussite en enseignement supérieur.

Donner une nouvelle impulsion aux efforts déjà déployés

Les quatre étapes identifiées par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE)iii pour que l’étudiante ou l’étudiant réussisse son projet de formation ont été prises en compte. Le but du Plan d’action est donc de favoriser :

-  l’accès à l’enseignement supérieur ;

- la persévérance dans les études ;

- la diplomation ;

- l’insertion socioprofessionnelle.

En amont de ces visées, tout un travail a été accompli pour dégager des voies d’action : revue de la littérature ; échanges avec divers acteurs, spécialistes et chercheurs au sein de groupes de travail et de discussion ; collecte de données et production de statistiques dégageant les profils individuels et collectifs de la réussite des cégeps selon les enjeux qui leur sont propres.

L’accès aux études supérieures, les transitions interordres et intercycles ainsi que les pratiques et les mesures ayant un impact important sur la réussite ont aussi été examinés lors des travaux préliminaires.

De plus, les initiatives déjà existantes des cégeps pour soutenir la réussite de leur communauté étudiante ont été prises en considération pour insuffler un nouvel élan à ces efforts.

Baliser l’action pour intervenir stratégiquement

La mise en œuvre du Plan d’action repose sur cinq principes directeurs :

1. La collaboration et la concertation avec les différents acteurs et entre les partenaires ;

2. Le partage de l’expertise au bénéfice de tous pour une meilleure cohérence ;

3. La souplesse nécessaire à la flexibilité, à l’évolution et à l’innovation ;

4. L’équité et l’inclusion devant la diversité de la communauté étudiante et de ses besoins ;

5. La complémentarité avec les autres interventions ministérielles en matière de réussite étudiante notamment avec le Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur ; la Stratégie d’intervention pour prévenir et contrer les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur ; le Plan d’action sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur et aux travaux visant à soutenir l’accessibilité à l’enseignement supérieur et la réussite des étudiantes et étudiants autochtones.

L’élaboration de ce Plan d’action a aussi pris en compte les principes de développement durable et l’égalité entre les femmes et les hommes.

Les axes d’intervention

C’est la réussite telle que définie par le Conseil supérieur de l’éducation iv qui a inspiré les travaux du Ministère. Selon le CSE, le concept de réussite est centré sur le projet de formation propre à l’étudiant et sur son développement global. Le Plan d’action identifie donc quatre axes d’intervention qui sont interreliés et ancrés dans une vision globale de la réussite.

AXE 1
L’accessibilité à l’enseignement supérieur : permettre à toutes les personnes qui le désirent d’entreprendre des études à l’enseignement supérieur.

AXE 2
Les transitions interordres et intercycles : assurer des transitions harmonieuses et de qualité en enseignement supérieur.

AXE 3
Les initiatives en matière de persévérance et de réussite répondant aux besoins diversifiés de la communauté étudiante : soutenir les établissements de même que les initiatives locales et nationales en matière de persévérance et de réussite en enseignement supérieur.

AXE 4
La consolidation et le transfert des connaissances en matière de réussite : développer des systèmes de gestion et de diffusion des données ainsi que l’expertise et l’innovation en matière de réussite en enseignement supérieur.

Des mesures soutenant les interventions

Dix-neuf mesures sont regroupées sous les quatre axes d’intervention identifiés au Plan d’action sur la réussite en enseignement supérieur. Elles ont également l’objectif de répondre à l’enjeu de la maîtrise du français. Des mesures saluées par la Fédération des cégeps notamment les mesures qui répondent aux besoins diversifiés de la communauté étudiante en matière de persévérance et de réussite scolaire, de même que celles visant à soutenir l’embauche de ressources enseignantes et professionnelles.

Le président-directeur de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, précise que « Ces mesures correspondent en effet à plusieurs autres pistes d’action qui ont pu être observées et dégagées au terme du chantier sur la réussite que la Fédération des cégeps a mis en branle dès 2018. Les cégeps pourront à court et moyen terme déployer davantage de pratiques d’enseignement à impact élevé reconnues par la recherche, ainsi que d’autres, liées à l’environnement éducatif, afin de favoriser la réussite du plus grand nombre. Cela permettra de mieux répondre aux besoins de certains groupes identifiés dans le cadre des travaux de la Fédération dont les résultats scolaires sont préoccupants, notamment les garçons, qui accusent en moyenne un retard de dix points par rapport aux filles tant pour le taux de réussite que pour le taux de diplomation, la population étudiante ayant obtenu une moyenne inférieure à 75 % au secondaire, ou encore les étudiantes et les étudiants en situation de handicap, ainsi que celles et ceux issus des Premières Nations. »

Ajoutons que des mesures visent à assurer le suivi et l’analyse des données en matière de réussite, ce qui permettra de mettre à jour de façon continue la connaissance de la population étudiante et de mieux l’exploiter à des fins d’intervention.

Une société apprenante

De l’instruction publique au réseau éducatif, l’éducation au Québec est une affaire d’État. Le Plan d’action sur la réussite en enseignement supérieur traduit la volonté de rattraper un certain retard. En 2019, la proportion de Québécois âgés de 25 à 64 ans titulaires d’un diplôme universitaire était de 29 %, comparativement à 32 % dans l’ensemble du Canada et de 35 % en Ontario. En ce sens, investir au niveau collégial de l’enseignement supérieur c’est contribuer aux avancées d’un plus grand nombre en enseignement supérieur au sein d’une société qui se veut apprenante.

À ces données actuelles, s’ajoute la perspective d’une augmentation d’environ 20 % d’ici 2029 de l’effectif étudiant au collégial. Cependant, ces statistiques globales doivent être nuancées, car,même si la clientèle peut être croissante, elle se diversifie et les groupes d’étudiants ayant des besoins particuliers sont à la hausse.

Il y a donc lieu de suivre de près les indicateurs précisés par le Ministère dans le Plan d’action sur la réussite en enseignement supérieur. Ultimement, le Plan d’action vise à augmenter le niveau de scolarité de la population québécoise, qui est un indicateur phare du Plan stratégique du Ministère. En effet, l’objectif est de rehausser de 1,5 % la proportion de Québécoises et de Québécois âgés de 25 à 64 ans détenant un diplôme collégial ou universitaire, dès 2022-2023.


iFNEEQ-CSN, Mémoire de la FNEEQ–CSN dans le cadre du Chantier sur la réussite en enseignement supérieur, 24 février 2021.

iiFEC-CSQ, Reprendre le chemin de l’égalité des chances, Février 2021
  iii Conseil supérieur de l’éducation,Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2008-2010 : conjuguer équité et performance en éducation, un défi de société, 2010
  iv Idem