Articles

Entrevue avec André Gagnon, directeur général de Coopsco

En gestion de crise continue

Présente dans les services alimentaires et les librairies de nos collèges, Coopsco a été brassée par la pandémie…

Par Daniel Samson-Legaut, Portail du réseau collégial

« Ça a été difficile pour le secteur librairies mais encore plus pour le secteur alimentaire. » André Gagnon, directeur général de Coopsco, fait un bilan de la crise récente. Ce sont les services alimentaires de Coopsco qui ont été les plus malmenés. Comme pour les restaurants, les avis de confinement laissaient très peu de temps aux coops pour la gestion de la nourriture. Pire encore, les fermetures d’établissements scolaires entraînaient elles-mêmes l’interruption des opérations. Les coopératives scolaires ont alors perdu du personnel au profit des restaurants. Et les pertes de nourriture se sont accumulées. « Mais comme d’habitude », dit André Gagnon, « nous avons demandé aux coops de donner aux banques alimentaires locales, pour servir les plus démunis pendant la crise ». 

André Gagnon

Nous étions en gestion de crise constamment.

Maintenant qu’une rentrée scolaire s’est déroulée de façon quasi normale, le Portail s’est demandé à André Gagnon comment l’entreprise a vécu la pandémie de COVID-19 et les confinements. C’est simple : « Nous étions en gestion de crise constamment. Beaucoup d’incertitudes. » En catastrophe, l’entreprise a mis sur les tablettes son plan stratégique triennal tout frais pour résoudre des problèmes, nombreux.

Sur le livre

« Dès les premiers mois, il y a eu une perte de communication. Pour les livres demandés par les enseignants, ce qu’on appelle les prescriptions de lecture, les coops leur envoyaient habituellement un courriel pour les aviser qu’était venu le temps de passer les commandes. Ce n’était plus possible. » Pour les services de librairie, il a fallu développer rapidement un système de communication informatique.  Maintenant, il y a en place une infrastructure informatique qui permet aux enseignants de remplir leurs commandes directement.

Bien sûr, les ventes de livres numériques ont augmenté… temporairement. La prédiction que le livre papier allait mourir, que le livre numérique en milieu scolaire prendrait tout le marché, ne s’est pas réalisée. La tendance est plutôt de vendre ensemble la version papier et la version numérique, qui ont leurs avantages respectifs. « Quand les jeunes ont à étudier dans plusieurs livres en même temps, ils préfèrent les livres papier », explique André Gagnon.

Les ventes de livres numériques ont augmenté… temporairement.

« Au collégial comme à l’universitaire. Et c’est la même chose dans toute l’Amérique du Nord. Nous on est membre d’associations canadiennes et américaines en milieu scolaire : c’est la même chose. Il y a eu des tentatives dans des collèges communautaires aux États-Unis de dire "plus de papier, on rend le livre numérique disponible aux étudiants". Dans certains domaines, comme en dentisterie ou médecine, c’est plus présent, mais ça demeure que le tout numérique n’est pas encore là. La pandémie a juste amené que les éditeurs ont développé des versions numériques qu’ils offrent en compléments. Il y a eu un accroissement des ventes de livres numériques pendant la pandémie, mais la situation est redevenue à peu près ce qu’elle était auparavant. On revient aujourd’hui à sensiblement les mêmes niveaux de vente de numériques qu’avant, autour de 3%. »

Pour l’édition scolaire, heureusement, Amazon n’est pas un joueur important, surtout du côté francophone. « Les éditeurs qui ont essayé ne vendaient pas plus et, en revanche, Amazon demandait des remises plus importantes ! »

Sur la lecture

La vente de livres a augmenté pendant la pandémie. Si la lecture au Québec a profité des confinements, il serait bon maintenant de profiter de l’élan. Il faut parler des bienfaits de la lecture, pour augmenter la littératie générale, pour éviter le décrochage scolaire, pour développer l’esprit critique en citoyenneté, pour bien se positionner sur le marché du travail. Coopsco s’est activée depuis deux ans avec notamment les campagnes « Je lis québécois » et « On fait de grands livres au Québec! ». Depuis août, Coopsco a interpellé le gouvernement québécois et les partis politiques en campagne électorale pour faire de la lecture une priorité nationale. C’est une question de volonté politique, d’abord.

Finalement, Coopsco serait tout à fait capable de fonctionner si une nouvelle crise sanitaire se pointait, ce qu’André Gagnon ne souhaite évidemment pas ! « La bonne nouvelle, c’est qu’on vient de vivre une rentrée à 99% normale : on est bien contents. »

Une très large coalition a mis sur pied la campagne « Lecture, priorité nationale », qu’on peut connaitre avec le site www.lectureprioritenationale.ca.