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La formation continue : une source d’innovation au Collège de Bois-de-Boulogne


Un entretien avec monsieur Simon Delamarre, directeur de la formation continue et des services aux entreprises

Un texte d'Alain Lallier, éditeur en chef, Portail du réseau collégial.

Sa réputation est acquise : le Collège de Bois-de-Boulogne est reconnu pour ses réalisations innovatrices en formation continue. Développer l’offre de service de la formation continue et se positionner tant sur l’échiquier montréalais qu’à l’échelle du Québec constitue, pour ce collège, une priorité institutionnelle depuis de nombreuses années. Simon Delamarre explique :
 

« Nous avons toujours eu un appui ferme et tangible du Collège quant au développement de notre formation continue. C’est notre deuxième direction pédagogique, un message que renvoie fréquemment la direction générale. Au cours des années, nous avons pu développer une carte de programmes impressionnante, structurée par créneaux d’excellence. Nous parlons de 18 attestations d’études collégiales, bientôt 19, de 3 DEC et d’un cheminement Tremplin DEC pour les allophones, le tout, offert à près de 1 200 étudiants inscrits majoritairement à complet. Il s’agit donc du résultat d’importants travaux de développement des dernières années. »

La clé du succès : la veille technologique
Dans un monde du travail aussi changeant, comment arriver à être en diapason avec les besoins de formation ? Simon Delamarre signale le danger de développer des programmes en réaction à des modes passagères ou des besoins très ponctuels dans un monde du travail qui évolue très rapidement.
 

« Le défi est d’être proactif, tout en développant des programmes crédibles et durables, associés à une nouvelle fonction de travail. C’est de conjuguer rapidité d’exécution et rigueur. La clé de notre succès est la veille technologique que nous assurons et qui est alimentée par toute l’équipe, nos conseillères pédagogiques, par les enseignants passionnés et grâce à l’appui de nos entreprises partenaires. Ces employeurs accueillent nos stagiaires et recrutent nos diplômés. Ils nous partagent continuellement de l’information privilégiée sur leurs besoins, leurs attentes et leurs projets. Notre équipe doit capter et décoder les besoins du marché du travail et, faire ressortir les besoins réels qui perdureront dans le temps. Ce grand défi demande des efforts constants. Notre collège nous accorde les ressources requises pour mener à bien l’exercice et nous fait confiance pour faire vivre l’esprit de développement et d’innovation. »

L’art de développer de nouvelles AEC
Développer un nouveau programme d’études menant à l’attestation d’études collégiales (AEC) demande beaucoup d’énergie. Simon Delamarre explique les étapes préalables au développement du programme.
 

« L’étude de pertinence est de première importance. Il importe de valider la pertinence de créer un programme de niveau technique, de niveau collégial et de s’assurer que le besoin et que la fonction de travail est réelle.  Il faut avoir des alliés, développer une complicité avec des représentants du marché du travail qui contribuent à nos travaux. Lors de l’analyse de situation de travail, sont regroupés autour de la table des enseignants spécialistes et des représentants du marché du travail qui échangent, débattent et construisent un programme autour des tâches que le futur travailleur devra accomplir. Suivent tous les efforts requis pour le développement du programme. Au fil du temps, nous avons développé une agilité à le faire sur une période courte d’environ un an. Le travail exige bien sûr des ressources et des gens qui ont les habiletés requises pour piloter ce genre de projet. C’est un des atouts du Collège de Bois-de-Boulogne d’avoir dans son équipe les professionnels qui ont la compétence et l’expérience pour le développement de programmes. »

Une présence significative en intelligence artificielle
Au moment où l’intelligence artificielle fait régulièrement la manchette, le Collège de Bois-de-Boulogne fait office de pionnier en la matière. Le sujet est enseigné depuis longtemps en formation continue et ce, dans plusieurs programmes d’études tels que le programme d’AEC Programmeur de jeux vidéo où des applications très concrètes sont depuis longtemps établis dans l’industrie. Dans ce programme, deux cours sont dédiés à l’intelligence artificielle. Il s’agit de concepts également enseignés dans le programme d’études Spécialiste en « mégadonnées » et intelligence d’affaires et dans le programme Spécialiste de l’Internet des objets.

« Au Collège de Bois-de-Boulogne, je suis en mesure d’affirmer une réelle expertise pour l’enseignement des compétences techniques en intelligence artificielle. Nous avons également la chance d’avoir obtenu en juin dernier l’autorisation du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour la création d’un centre collégial de transfert de technologie dans ce domaine. Il s’agit d’une période d’effervescence et le collège est en ce moment en développement actif pour une offre de formation complète en intelligence artificielle. »

Quelle est la population étudiante ciblée ?
La formation continue à Bois-de-Boulogne est très diversifiée. La direction a un partenariat avec le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion pour l’accueil d’un nombre important de nouveaux arrivants qui apprennent le français et qui sont en processus d’intégration à la société et au marché du travail. Ce sont entre 400 et 500 nouveaux arrivants qui sont accueillis chaque année dans des programmes de francisation à temps complet. Certains poursuivent vers des AEC et des DEC financés par le ministère de l’Éducation. À ceux-ci s’ajoutent les programmes financés par Emploi-Québec. Le ministère finance de nombreuses cohortes en technologie de l’information pour la qualité des programmes et leur arrimage avec les besoins du marché du travail.

« Nous offrons également des services aux entreprises, avec des approches qui se distinguent, qui sont originales. Notre offre de perfectionnement pour les travailleurs est assez exhaustive. En résumé, nous avons une formation continue bien diversifiée qui se développe avec cohérence, et par créneaux d’excellence. Nous nous inscrivons vraiment dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie. »

L’arrimage avec l’enseignement régulier
La direction compte près de 150 enseignants et formateurs, certains enseignent tant à la formation continue qu’à la formation ordinaire. Pour Simon Delamarre, cela peut être un avantage, surtout pour les programmes offerts par l’un et par l’autre secteur.

« C’est le cas avec deux programmes en soins infirmiers et en informatique où la volonté est de créer des ponts, d’assurer le maximum d’interaction et de collaboration. Nous avons également des enseignants qui interviennent uniquement à la formation continue, il faut le noter, avec une certaine précarité d’emploi. Malgré tout, un bon nombre d’entre eux font le choix de rester à la formation continue. Ce choix est basé sur le caractère innovant du milieu de la formation continue, les projets vraiment stimulants et les liens qui sont créés avec le marché du travail. Le fait de s’adresser à des étudiants adultes compte aussi pour beaucoup. »

Comment composer avec le besoin d’espaces
Offrir autant de formation nécessite des espaces. Simon Delamarre l’avoue : « on prend de la place ». Il convient que ça peut créer une certaine frustration de part et d’autre.

« Nous pouvons être perçus comme des colocataires qui prennent beaucoup d’expansion. D’autant que la population étudiante adulte, beaucoup issues de l’immigration, sont en croissance au cours des dernières années. La direction générale du collège est très sensible à nos besoins. Nous avons fait le choix de louer des espaces supplémentaires dans un bâtiment situé juste à l’extérieur du collège, à un coin de rue. Ceci nous a permis de vivre notre expansion sans retirer quoi que ce soit à qui que ce soit. Mais, c’est le défi des prochaines années au niveau du financement de la formation continue que d’inclure le financement des bâtiments, des immobilisations. Dans un contexte de besoins accrus de perfectionnement et d’apprentissage tout au long de la vie, les services de formation continue dans les collèges requièrent les ressources, les espaces et les équipements essentiels pour répondre à ces besoins. »

Une solide équipe
Le service compte sur une solide équipe d’enseignants et de formateurs. S’ajoute à cela une équipe administrative, aides pédagogiques individuelles, conseillères pédagogiques, conseillers en formation aux services aux entreprises, employés de soutien administratif et gestionnaires, ce qui représente 25 personnes de plus.

De gauche à droite:
Halia Ferhat, conseillère pédagogique, secteur de l'informatique
Talel Zid, enseignant en informatique, responsable du programme menant à l'AEC Spécialiste en qualité logicielle
Simon Delamarre, directeur de la formation continue et des services aux entreprises
Isabelle Grenier, coordonnatrice de la formation créditée
Groupe : étudiantes et étudiants sur programme menant à l'AEC Spécialiste en qualité logicielle

Une source d’innovation
Simon Delamarre croit fermement que pour le Collège de Bois-de-Boulogne, la formation continue constitue un avantage pour l’établissement.

« C’est une source d’innovation, un laboratoire où se tissent des liens avec le marché du travail. Notre flexibilité dans le développement de notre offre de services permet d’expérimenter des choses. Nos antennes vers le marché du travail permettent de rapporter au collège de l’information très riche pour l’organisation. Il s’agit d’une réelle source d’innovation avantageuse pour un collège. C’est d’ailleurs, selon moi, ce que la grande majorité des employés du collège ressentent. Nous ne parlons pas de concurrence entre directions et services, mais bien d’un atout et d’un réel avantage pour le Collège et pour la formation continue. »