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Une recherche du CRISPESH
Les technologies, facteur anxiogène pour les milléniaux ?
On entend souvent dire que la génération étudiante actuelle est née avec les technologies et qu’elle est très débrouillarde avec l’informatique, mais qu’en est-il vraiment ? Le CRISPESH, CCTT spécialisé en inclusion des personnes en situation de handicap, s’est penché sur la question.
Réseau des CCTT – Synchronex
L’anxiété a toujours été un phénomène présent chez la population étudiante. Le CRISPESH se questionne plus précisément sur l’impact de l’intégration des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) sur le niveau d’anxiété vécu par les étudiantes et les étudiants. Avant la pandémie, des membres de la recherche avaient débuté leurs démarches afin de répondre à cette question. À ce moment, le ministère de l’Éducation venait de présenter son plan d’action numérique. Le Covid ayant amené son lot de défis au quotidien, les TICE ont dû être au cœur de l’enseignement, et ce, sans préparation pour les différents acteurs du milieu scolaire. Alors quel a été l’impact de tout ceci sur l’anxiété des jeunes ?
On constate que certaines enseignantes et certains enseignants étaient moins outillés-es ou moins prêts-es à intégrer les technologies dans leurs enseignements. Et de l’autre côté, on constate chez les étudiants-es que le niveau de littératie numérique n’est pas toujours suffisant pour recevoir ce type de formation. Ces facteurs contribuent à l’augmentation de l’anxiété. C’est dans ce contexte que la recherche a donc pris tout son sens.
Tout au long de la démarche, la communauté étudiante a été présente, ce qui a pour effet d’augmenter la crédibilité de cette démarche. Celle-ci a été au cœur du processus de recherche et impliquée concrètement dans les différentes étapes. Une synergie s’est alors créée et le vécu des jeunes a été pris en compte dans l’ensemble des réflexions et actions.
Des faits surprenants
Un élément important qui est ressorti de la recherche est celui de la présomption de compétences. En fait, selon M. Paul Turcotte, chercheur associé au Cégep du Vieux Montréal, on pense souvent que les étudiantes et les étudiants maîtrisent l’informatique, mais il y a une nuance entre la compréhension et l’utilisation des logiciels versus les médias sociaux. Aussi, selon l’enseignant et le cours suivi, les logiciels, les modules, les outils informatiques et les méthodes de communication virtuelle vont changer. On demande donc un haut niveau d’adaptation et de maîtrise aux apprentis, sans même tenir compte du contenu du cours lui-même.
Un élément important qui est ressorti de la recherche est celui de la présomption de compétences.
Plus encore, on remarque que le personnel enseignant tient souvent pour acquis que les jeunes sont aptes à travailler avec les technologies alors peu de temps est prévu pour l’explication des technologies utilisées. On constate même que l’enseignement des TICE est l’affaire de toutes et tous et de personne à la fois. Aucun cursus scolaire n’inclut cette compétence qui est pourtant devenue un préalable à l’enseignement et à l’éducation.
Et maintenant ?
Un des aspects positifs de cette recherche c’est qu’il y a des solutions possibles et qu’elles sont faciles à intégrer au quotidien et adaptables en fonction des contextes. À la base, il faudra évaluer le niveau réel de compétences avec les TICE de la population étudiante, que ce soit avec des discussions ou des questionnaires afin d’adapter les enseignements en conséquence. Il serait aussi pertinent d’ajouter des ressources en informatique afin de soutenir à la fois les parties étudiantes et enseignantes.
Un autre point important sera de standardiser les méthodes, ce qui permettra de diminuer l’anxiété vécue en plus d’augmenter l’efficacité des étudiants. La multiplication des plateformes et des outils informatiques utilisés est tout simplement contreproductive. M. Turcotte ajoute que certains-es professeurs-es ont une tendance à « infobizziter, c’est-à-dire exagérer dans les communications avec leur clientèle, la bombardant de courriels ce qui a pour effet d’augmenter l’anxiété et d’alourdir leur tâche déjà bien complète. La clarté et la concision dans les modalités de communication deviendraient essentielles ».
Un autre point important sera de standardiser les méthodes, ce qui permettra de diminuer l’anxiété vécue en plus d’augmenter l’efficacité des étudiants.
Finalement, il sera important d’écouter les étudiants, de vider les non-dits liés à la compétence et d’utiliser des technologies plus simples et surtout celles qui sont réellement maîtrisées. Comme le dit M. Turcotte, « ce à quoi on est exposé n’est pas ce qu’on maîtrise vraiment ». Cette nuance est importante à comprendre et à intégrer dans la mise en place des TICE.
Une recherche semblable a l’avantage d’être concrète pour beaucoup de gens et la facilité d’intégration des pistes de solution présentées a pour effet de la rendre très réaliste. Dans cette période où le virage numérique prend de l’ampleur, cette réflexion du milieu scolaire favorisera sans contredit un positionnement social important. Maintenant il ne reste qu’à voir comment les prochaines générations vivront avec ces technologies qui ont été intégrées plus tôt dans leur cursus.
Pour en savoir davantage sur la recherche, consultez le site suivant : https://crispesh.ca/mesurer-limpact-des-tice-sur-le-niveau-danxiete-des-etudiant-e-s-du-secteur-preuniversitaire-au-collegial/ |