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Un guide pour l’accueil des nouveaux chargés-es de cours en formation continue

Nouvelle signalisation

Le recrutement des enseignants-es n’est pas toujours facile, encore moins en formation continue qui demande parfois des expertises très pointues ou spécialisées. Il est donc important de bien les recevoir, notamment parce qu’ils ne peuvent s’intégrer autant à la vie départementale.

Daniel Samson-Legault, Portail du réseau collégial

Un nouveau guide a été conçu, au collège d’Ahuntsic, pour l’accueil de nouvelles personnes enseignantes. Elles qui arrivent soudainement pour enseigner, « du jour au lendemain » parfois, il est important de leur donner un minimum d’informations pour qu’elles s’y retrouvent dans l’institution, aussi débrouillardes soient-elles.

Car dans l’enseignement collégial, on trouve un statut particulier. Les « chargés-es de cours » enseignent à la formation continue et éventuellement aux cours d’été. Ce qui n’empêche pas que des enseignants-es du régulier enseignent aussi en formation continue. C’est tout de même une adaptation à réaliser, dans tous les cas.

Il existait déjà un guide général, préparé par les ressources humaines, pour l’accueil du nouveau personnel. Le nouveau guide a été conçu spécifiquement pour les chargés-es de cours par deux conseillères pédagogiques, sur le terrain, Naïla Payment et Catherine Roy.

Elles sont toutes deux dédiées au secteur de la formation continue au Collège Ahuntsic. « Nous, notre expertise, elle se situe en gestion de cohortes : programmation, planification, suivi en continu, accueil… », explique Naïla Payment, qui compte professionnellement plus de 10 ans en counselling individuel, animation de groupe, gestion de projets et organisation communautaire.

Au même collège, Isabelle Mailloux est directrice de la formation continue et du cheminement scolaire. Elle salue l’arrivée d’un guide d’accueil spécifique pour les chargés-es de cours. « On a le souci d’une expérience positive d’enseignement et un accueil agréable pour qu’ils restent au sein de la formation continue. On veut accompagner nos enseignants pour qu’eux aussi offrent une expérience positive à leurs étudiants. »

Le guide a été lancé officiellement dans le cadre du colloque pédagogique du Collège Ahuntsic en janvier. Devant leur auditoire, les deux auteures en ont profité pour présenter les particularités de la population étudiante en formation continue. Mais on ne retrouve pas ce portrait dans le Guide ; une prochaine édition, peut-être. Naïla Payment explique. « C’est un premier repère, plus administratif, de base. C’est sûr qu’on a le souhait éventuellement, s’il y a un intérêt de la part des titulaires de charges de cours, d’avoir plus d’informations sur les meilleures pratiques, en lien avec l’andragogie. »

Une autre clientèle

Catherine Roy, quant à elle, est en poste à la formation continue du Cégep depuis plus de 7 ans après avoir été technicienne en administration au même service. Elle précise qu’« il y a vraiment des particularités à connaitre pour les enseignants à la formation continue et le guide des ressources humaines ne couvrait pas ça. »

La formation continue s’adresse à une clientèle étudiante très différente de celle du régulier. L’enseignant-e ne peut pas passer d’une à l’autre sans savoir tout ce qui diffère : âges, référents culturels, situation matérielle, motivations, leurs horaires, leur réalité en général. La panoplie de formations offertes dans les collèges permet à quiconque de trouver à développer son expertise, ne serait-ce que parce que le marché du travail, à notre époque, demande une réactualisation constante des savoirs. Des formations conduisent à des reconnaissances comme le diplôme d’études collégiales et l’attestation d’études collégiales, mais on trouve aussi un grand nombre de formations brèves et plus pointues.

Le recrutement : un enjeu

Par ailleurs, le portrait des chargés-es de cours est aussi hétéroclite. Il y a des très jeunes, des beaucoup plus vieux dans certaines disciplines comme le génie électrique... Quelques-uns-es postulent à partir d’une région assez éloignée. Certains-es ne donnent qu’un seul cours, d’autres sont presque à temps plein. C’est d’ailleurs possible, à Ahuntsic, d’enseigner en formation continue puis de passer au secteur régulier comme professeur.

«En période de pénurie de personnel, les entreprises paient cher pour garder leur personnel !»

Catherine Roy explique. « Quand on a des besoins très pointus, en informatique par exemple (les programmes dont je m’occupe), on peut être à la recherche d’enseignants spécialisés dans un langage de programmation. On peut aller en chercher qui continuent à travailler mais qui viennent offrir un cours parce qu’ils sont des experts dans leur domaine. Ce nouveau guide-là, pour eux, c’est super pertinent, parce qu’eux, la vie départementale, ils y ont moins accès… »

Même au Cégep Ahuntsic, les enseignants-es ne viennent pas nécessairement de Montréal: ils postulent souvent à partir de régions extérieures. Isabelle Mailloux considère que « le recrutement dans les collèges, c’est un enjeu des présentes années. Il y a de plus en plus de formations qui se donnent, le gouvernement a donné beaucoup de fonds pour que ces formations se donnent. Il suffit de ‘’ googler ’’ pour voir la quantité d’offres d’emploi en enseignement dans les collèges. L’embauche est devenue un enjeu important. Non, le recrutement n’est pas simple dans les cégeps. »

Plusieurs facteurs sont liés à cet enjeu. Il y a une différence au point de vue salarial entre l’enseignant au régulier et un chargé de cours.

Pour le recrutement enseignant, les collèges sont aussi concurrencés par l’entreprise privée, qui offrent des conditions salariales bien meilleures. Isabelle Mailloux précise : « Et en période de pénurie de personnel, les entreprises paient cher pour garder leur personnel ! »