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L’ACCQ publie un ouvrage

Valoriser le rôle des gestionnaires de cégeps

Le 3 novembre dernier marquait le lancement du dernier ouvrage de l’ACCQ, Une mosaïque de compétences et un monde de possibilités : Récits de gestionnaires de cégep*. Grâce à la généreuse collaboration de gestionnaires en exercice, il propose une mise en lumière nécessaire de l’importance du rôle. Un qui, notamment par sa nature autodidactique, n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Geneviève Lemay, Portail du réseau collégial

Faire une différence dans son milieu

Quelques témoignages suffisent à souligner une ambition commune chez ceux et celles qui se lancent: celle de faire une différence dans son milieu. Étant le seul lien entre la direction et les professeurs, les gestionnaires n’ont d’autres choix que de s’impliquer entièrement et de faire bouger les choses. Ils et elles semblent tous et toutes, sans exception, chérir ce même souhait d'améliorer, humblement, le fonctionnement du milieu pour tous les acteurs qui y gravitent. 

Ando Ballaman, gestionnaire administratif à la direction générale du Cégep de Saint-Jérôme

 

C’est une réalité qu’on sent très bien dans le récit d’Ando Ballaman, gestionnaire administratif à la direction générale du Cégep de Saint-Jérôme :

« Je crois qu’il est essentiel de devenir cadre non pour le titre, mais pour ce qu’on veut apporter à une organisation, et ce, peu importe le niveau. Pour être cadre, il faut entre autres avoir du jugement et être organisé, visionnaire et déterminé à améliorer le quotidien des gens qui travaillent avec nous et pour qui nous travaillons. »

 

Revaloriser un rôle peu régi

Être gestionnaire au niveau collégial, c’est porter un chapeau qui revêt une multitude de formes et de couleurs. C’est arriver dans une structure en constante mouvance, dictée par les défis que rencontrent les professionnels autant que les étudiants. Autrement dit, un cadre presque impossible à déterminer sans y faire complète immersion. 

Ce n’est donc pas surprenant que plusieurs hésitent à saisir l’opportunité. Comme le soulignent différents portraits, on arrive là un peu par hasard, toujours avec une grande curiosité face à ce qui nous attend vraiment. 

L’ouvrage porte donc avec lui un désir de valoriser ce rôle, par l’expérience terrain de gestionnaires dévoués.es et passionnés.es. Et la meilleure manière d’y arriver lorsque la structure est aussi subjective: l'histoire. 

Dévoiler la réalité d’un.e gestionnaire à l’aube de 2024

Il serait impossible de discuter véritablement d’un tel rôle sans mentionner le contexte actuel. La pandémie, le choc des générations, l'accessibilité à l’intelligence artificielle, la santé mentale, etc.: ces gestionnaires doivent non seulement se frotter à ces défis, mais aussi mobiliser leur personnel dans une perspective d’adaptation au changement. Le tout, en étant certain de répondre aux échéances serrées et de concilier travail et vie personnelle. 

 

Émilie Lefrançois, directrice adjointe des études à l’organisation scolaire du Cégep de Trois-Rivières
Émilie Lefrançois, directrice adjointe des études à l’organisation scolaire du Cégep de Trois-Rivières, fait d’ailleurs mention d’une nouvelle vision de la performance plus axée sur la résilience que le résultat immédiat:

« Mon passage de professionnelle à cadre m’a amenée à tranquillement accepter que je ne puisse plus tout faire toute seule et que je doive davantage jouer le rôle de chef d’orchestre que celui de première flûte. (...) Il a aussi fallu que j’accepte que certaines personnes fassent des erreurs et que nous assumions ces dernières ensemble pour démontrer aux membres de mon équipe que je suis là pour eux et elles et que, par le fait même, l’erreur peut être source d’amélioration. »

Marcel Côté, chargé de projet

 

 

Cette ouverture et cette adaptabilité se combinent en la pure expression d’un leadership mobilisateur. Une forme d’agilité que Marcel Côté salue chez ses collègues gestionnaires de tout le réseau en affirmant qu’ « ils et elles doivent non seulement faire preuve de savoir-faire, mais aussi de savoir-agir. En temps réel, cela implique de développer des réflexes de gestion permettant d’identifier la bonne action à poser dans des situations toujours nouvelles. »

 

Inspirer des candidats potentiels à faire le saut

Les candidats.es sont plus que jamais séduits.es par le sens d’un poste. Et ce qui crée le sens de ce poste complexe de gestionnaire, pouvant paraître subtil à premier abord, c’est l’apport de chacun et chacune dans son exercice, qui est teinté de leurs compétences naturelles. Un beau clin d'œil au concept de « mosaïque » dans le titre du document. Un assemblage de pièces uniques formant un tout identifiable, sensé.

On peut donc lire dans cet ouvrage des récits qui, par leur sincérité et le sentiment de valorisation palpable de chaque participant.e, pourront inspirer des candidats potentiels à y voir une occasion inouïe. 

Stéphane Allaire, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et Frédéric Deschenaux, professeur à l’Université du Québec à Rimouski s’unissent dans un même avis en conclusion du document. Selon les deux auteurs du livre Récits de professeurs d’université à mi-parcours, Si c'était à refaire…, cette implication professionnelle demeure un défi en soi, « (...) il en ressort une impression d’un heureux hasard. Certains et certaines l’ont saisi sur un coup de tête alors que d’autres ont mené un processus introspectif avant de faire le grand saut. Dans un cas comme dans l’autre, le succès et l’accomplissement de soi sont atteignables. »

*Il est possible de se procurer Une mosaïque de compétences et un monde de possibilités : Récits de gestionnaires de cégep sur la boutique en ligne de L’ACCQ ainsi que sur celle de Québec Loisirs. Comme le mentionne bien Marcel Côté, le chargé de ce projet avec qui nous avons la chance de nous entretenir, « il s’agit d’un rôle clé qui reçoit pourtant peu de reconnaissance et qui n'est pas nécessairement soutenu par une formation adaptée en raison de la diversité des profils des gestionnaires débutants ». En effet, on comprend entre les lignes des récits de gestionnaires que c’est un poste qui se construit et se réinvente grâce à l’ambition vaillante de ceux et celles qui désirent bien s’affranchir du titre. 

On peut d’ailleurs lire des thèmes récurrents dans leur histoire, soulevant le facteur humain bien plus que technique derrière la construction de cette responsabilité unique.