Alma - Un premier campus collaboratif au Québec

Article paru dans Le Quodidien - Laura Lévesqu

Un campus collaboratif est un lieu en constant mouvement qui vise à faire émerger la créativité, le coeur de la culture numérique

Photo Le Quotidien, Gimmy Desbiens

Le Collège d’Alma s’inspire de l’Europe et deviendra le premier campus collaboratif du Québec. Un projet-pilote de trois ans fera de l’établissement d’enseignement un acteur clé dans la mise en place d’une véritable culture du numérique au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Concrètement, le campus offrira un laboratoire physique et virtuel destiné aux étudiants, mais également à toute la communauté, dont les entreprises. Le but, aider la région à tirer avantage de l’arrivée des nouvelles technologies.
« Si on veut que la région se développe davantage dans l’économie du savoir, dans la culture du numérique, il va falloir aider les gens d’ici. Pas le faire uniquement avec nos circuits d’enseignement habituel », exprime la directrice générale du Collège d’Alma, Josée Ouellet.

« Ce n’est pas facile, par exemple, pour un entrepreneur qui a toujours été dans l’économie industrialisée, où tout est concret, de se retrouver face à ce nouveau modèle de distribution numérique. Il faut donc aider les gens à simplifier ces éléments, à les rendre accessibles. Notre campus viendra soutenir l’écosystème régional en ce sens. »

Les experts et les recherches du campus permettront de mettre à jour les pratiques des entreprises, mais ils travailleront aussi à améliorer les approches éducatives et ainsi mieux former les travailleurs de demain.
« Pour 60 % des jeunes qui entrent cette année au primaire, l’emploi qu’ils vont occuper n’existe pas. Il faut donc amener les jeunes, à travers leur développement, à s’ouvrir, à s’adapter, à faire de la recherche. Parce que ces compétences, ils vont en avoir besoin toute leur vie. On avait l’habitude d’entrer dans les moules, de faire ce qui est attendu. Il faut aller au-delà des attentes. Et c’est tout ce climat-là qu’on veut créer dans notre laboratoire », décrit Mme Ouellet, ajoutant que les techniques et les outils des enseignements seront également revus dans plusieurs formations au cours des prochaines années.

L’établissement d’enseignement est également en analyse, avec le ministère, pour créer une nouvelle attestation d’études collégiales (AEC) pour répondre aux besoins du marché. Le métier à l’étude serait un conseiller en virage numérique.
Ce nouveau positionnement du Collège d’Alma a été fait avec l’accord des autres cégeps de la région et de l’UQAC. L’établissement a obtenu une aide de 150 000 $ pour développer le concept. Les investissements nécessaires pour concrétiser cette démarche seront connus au début de l’année 2018, lorsque le plan détaillé sera déposé au gouvernement provincial.

Le concept de campus collaboratif existe en France depuis plusieurs années. Une délégation s’est d’ailleurs rendue en Europe pour s’inspirer des meilleures pratiques.

« On a vu une région qui a perdu 5000 emplois dans le textile qui ont été replacés par 5000 emplois numériques. Mais pour arriver à un tel résultat, ça prend aussi de l’incubation. (NDRL : Un incubateur devrait voir le jour à Alma en 2018) », pointe Mme Ouellet.

« Parce qu’on est persuadé que le Saguenay-Lac-Saint-Jean, c’est par l’entrepreneuriat collectif qu’elle va s’en sortir. Il n’y en aura pas de miracle, grâce à l’arrivée d’une grande entreprise. On n’y croit pas beaucoup à ça. Le changement va passer par les gens qui sont là, maintenant, et par le fait qu’on va s’investir avec eux pour qu’ils s’ouvrent à de nouvelles pratiques. On va croiser des expertises différentes qui vont faire naître des projets et des emplois. »
Le terme collaboratif prend tout son sens jeudi, alors que des intervenants de divers milieux ont rendez-vous pour dessiner ce campus de demain. Un forum de « codesign » se tient toute la journée au Centre d’excellence des drones d’Alma avec l’aide des gens de l’UQAC et de Mosaic, l’école créative de HEC Montréal. L’animateur Matthieu Dugal et le président de La Guilde des développeurs de jeux vidéo, Louis-Félix Cauchon, natif de la région, participent à ce forum.