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Cégep de Victoriaville : un véhicule plus vert que le gazon ?

Par Claude Thibodeau

L’enseignant Olivier Tardif-Paradis, entouré des élèves participant au projet. Absent sur la photo, Joseph Doh.

Depuis le mois de septembre, 10 élèves du cégep de Victoriaville, accompagnés dans leur démarche par l’enseignant de physique, Olivier Tardif-Paradis, travaillent à convertir un tracteur à pelouse à essence en un véhicule électrique, à partir d’un véhicule usagé obtenu à coût réduit de New Holland, l’un des partenaires financiers de ce projet évalué à 9 500 $.

Le projet a ceci de particulier qu’il s’agit d’une activité parascolaire, ouverte à tous. Il regroupe ainsi des élèves provenant de différents programmes : sciences pures, sciences de la santé, électronique industrielle et agriculture.

Au départ, deux scénarios s’offraient aux élèves pour réaliser le projet : convertir un tracteur à gazon ou bien un véhicule tout-terrain.

Les étudiants Jean-Philippe Béliveau, Joseph Doh, Florian Hausler, Maxime Baron-Fournier, Jonathan Girouard, Sébastien Turmel, Michael Paquette, Jonathan Carrier, Christian Fortier et la seule étudiante Vanessa Dion-Dupont ont opté pour le tracteur. «Un tracteur à gazon, c’est utile, le Cégep pourra l’utiliser et c’est original», a expliqué Vanessa Dion-Dupont.

L’idée du projet revient à l’enseignant de physique. «Le projet touche à des aspects qui m’intéressent, l’aspect électrique, la mécanique et l’environnement», a-t-il confié.

La direction du Cégep n’a pas hésité à autoriser le projet et à même consenti une aide de 5 000 $. «Dix élèves ont ensuite adhéré au projet lancé au début de l’automne et que l’on concrétisera à la fin de l’année», a souligné Olivier Tardif-Paradis.

L’enseignant lève d’ailleurs son chapeau à ces élèves qui réalisent le projet en dehors des heures de classe. L’équipe se réunit à chaque semaine et des tâches individuelles sont également effectuées. Chacun des participants consacre en moyenne environ cinq heures par semaine au projet qui, en fin de compte, aura nécessité quelque 2 000 heures de travail.

Chaque élève a un rôle à jouer. Michael Paquette, par exemple, agit comme le superviseur du groupe. «Je supervise chaque département pour m’assurer notamment que nous allons tous dans le même sens», a-t-il signalé.

Jonathan Carrier, lui, a la responsabilité de l’aspect technique du projet, décidant du type de moteur, de contrôleur, etc. «Notre véhicule ne possède pas de transmission. La roue, c’est le moteur, a-t-il fait remarquer. On économise ainsi plus d’espace pour installer le contrôleur et les batteries. On utilisera aussi un troisième moteur servant à faire fonctionner l’appareillage, les couteaux.»

Les étudiants ont des défis à relever. «Nous visons une performance équivalente à un tracteur à essence», a indiqué Michael Paquette.

Maxime Baron-Fournier, de son côté, effectue des recherches sur les batteries. «Bon nombre de contraintes doivent être respectées. On privilégie des batteries au lithium. À ce sujet, nous sommes encore à la recherche de commanditaires», a-t-il observé.

L’équipe de concepteurs de ce tracteur à gazon électrique estime que le véhicule aura une autonomie de 90 à 120 minutes, assez pour tondre l’équivalent d’un terrain de football.

Les internautes peuvent s’informer sur l’ensemble du projet au www.projet3ve.com, un site conçu par Jean-Philippe Béliveau qui fait état notamment de la description du projet, de l’évolution du travail effectué de semaine en semaine et du rôle de chacun des élèves.

Leur projet, les participants le présenteront au concours Pédagogie-Environnement au Collège de Rosemont les 19 et 20 février dans la catégorie «Sensibilisation et éducation à l’environnement». «Nous voulons promouvoir notre projet, montrer aux autres ce qu’on peut faire», a mentionné Vanessa Dion-Dupont.

On pourra découvrir aussi le véhicule que développent les élèves en mai lors d’une journée porte ouverte dédiée aux véhicules électriques au cégep de Victoriaville.

Ce que réalisent ces élèves ne constitue pas une première. Un tracteur électrique, cela s’est déjà vu, a-t-on dit, mais on ne l’a pas commercialisé. «Il y a encore plusieurs septiques, des gens qui n’y croient pas, qui pensent encore qu’un tracteur électrique est moins performant. Nous voulons sensibiliser la population à l’efficacité de cette technologie», a fait savoir Florian Hausler.

Tout indique, par ailleurs, que ce projet aura une suite, le prof responsable souhaitant que l’initiative, peu importe la forme, se perpétue dans le temps.