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Le double défi des collégiens des Premières Nations

Le Collège John Abbott aide les autochtones à étudier dans une langue seconde, loin de chez eux

29 août 2017 |Anabel Cossette Civitella | Le Devoir.com -

Photo: Valérian Mazataud Le Devoir

Avant la cérémonie officielle de remise des diplômes au Collège John Abbott, Maggie May Esperon et sa mère ont pris part à une fête avec d’autres diplômés autochtones à l’Indigenous Student Resource Centre.

29 août 2017 - Il existe davantage de structures d’accueil pour les étudiants étrangers que pour les étudiants autochtones dans la plupart des cégeps et universités du Québec. Toutefois, certains établissements se démarquent. C’est le cas à John Abbott, le cégep anglophone de l’ouest de l’île de Montréal, où, depuis 30 ans, les étudiants autochtones reçoivent des services sur mesure.

Il y a cinq ans, Amanda Mayappo, 24 ans, faisait les neuf heures de route de voiture entre Waswanipi et Montréal, le coeur serré.
 
Cet automne-là, elle passait le pas de la porte du cégep John-Abbott pour commencer un programme en Creative arts, Literature and Languages. « Je ne cessais de me répéter que je n’y arriverais pas », se souvient-elle.
 
Seule étudiante de sa cohorte à venir de Waswanipi, tout devant elle l’intimidait. « Je suis entrée dans la classe très effrayée. Je me suis assise au premier rang, personne ne me regardait. Et je me suis mise à pleurer ! »
 
Le temps a passé depuis cet épisode. En juin dernier, Amanda Mayappo recevait son diplôme. Qu’est-ce qui a aidé son parcours ? L’Indigenous Student Resource Centre du cégep et ses ressources intégrées.
 
John Abbott a été l’un de premiers cégeps à offrir des services adaptés aux étudiants autochtones. En septembre 1990, lorsqu’est arrivé le premier groupe d’étudiants autochtones, les professeurs se sont rendu compte des lacunes du cursus scolaire qu’ils offraient. Cette clientèle se heurtait à des défis auxquels ne font pas face les étudiants non autochtones.
 
Une convergence de vulnérabilités, disent les experts. Comme ce qu’a vécu Amanda Mayappo.
 
La jeune femme se souvient de sa première semaine de cours comme si c’était hier. Elle ne cessait d’appeler sa mère, restée à Waswanipi à 820 km, pour lui dire qu’elle allait échouer.
 
« Quand un professeur me donnait un devoir, je n’avais aucune idée quoi faire ! L’anglais n’est pas ma première langue. Les mots étaient parfois trop compliqués pour les comprendre », dit celle dont la langue maternelle est le cri.
 
En arrivant à Montréal, elle s’est aussi sentie minuscule : « C’était complètement fou, j’avais peur ! La population dans mon village est de 2000 personnes, alors qu’au cégep, il y a 6000 étudiants. Je ne connaissais personne. »
 
Comme une touriste dans son propre pays, elle a aussi appris ce que les urbains tiennent pour acquis : se servir du train, lire les cartes du métro, louer un appartement, verrouiller ses portes…
 
Soutien du coeur et de l’esprit
 
Pour répondre à ces réalités spécifiques, communes à la plupart des étudiants autochtones, les structures d’accueil de John Abbott se déploient en différents volets.
 
À leur arrivée à l’école en septembre, les étudiants autochtones ont accès à un lieu de rassemblement. « Pour se réunir, se sentir en sécurité et se ressourcer »,explique Louise Legault, coordonnatrice de l’Indigenous Student Resource Centre du cégep.
 
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