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FEC-CSQ - Mot de la présidente - Réussite : un premier bilan mitigé du plan ministériel

Lucie Piché, présidente de la FEC-CSQ

23 février 2022- Malgré la crise sanitaire qui ne finit plus, nous nous devons de garder un oeil attentif à la mise en oeuvre du Plan d'action sur la réussite en enseignement supérieur (PARES). Rendu public à l'occasion de la rentrée automnale 2021 par la ministre McCann et doté d'un budget de 40 millions par année pendant cinq ans pour les cégeps, ce plan vise des interventions sur quatre axes : accès, transition, réussite et recherche. Nous vous proposons un premier bilan de chacun de ces axes. 

Axe 1 — Accessibilité : surtout, ne pas regarder la poutre…
« On voit la paille dans l'oeil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien ». Penser l'accessibilité au collégial uniquement du point de vue des cégeps, comme le propose le gouvernement dans son plan d'action, c'est un peu comme regarder la paille, mais refuser de voir la poutre. Certes, des mesures sont toujours possibles pour mieux faire connaitre les programmes aux jeunes des écoles secondaires. Toutefois, comme nous avons pu le présenter dans le document déposé par la FEC lors du Chantier sur la réussite en enseignement supérieur, c'est bien la structure à trois vitesses de l'école secondaire qui a le plus d'influence sur l'accès au collégial. Rappelons ici que le taux d'accès varie de 37 % pour le secondaire régulier à 94 % pour les écoles privées ! Il faudrait donc améliorer la mixité sociale et scolaire avant le cégep pour favoriser l'accès, mais cela aurait pour conséquence, et il faudrait l'accepter, que plus on favoriserait l'accès au collégial, plus on risquerait d'avoir de la difficulté à faire augmenter le taux de réussite de 5 % d'ici 2027.   

Axe 2 — Transition : une cohorte COVID à prendre en compte
Certaines et certains jeunes ont terminé leur secondaire à distance et ont effectué une grande partie de leur parcours collégial en mode virtuel. Ceci n'est pas sans incidence sur la réussite, d'autant plus que le Règlement sur le régime des études collégiales (RREC) a été modifié pour permettre aux étudiantes et aux étudiants d'obtenir plus aisément la mention « incomplet » plutôt que « échec » sur leur bulletin. Ajoutons à cela les enjeux liés à la santé mentale provoqués également par la crise sanitaire, qui font en sorte que le milieu de l'éducation, dans son ensemble, se retrouve dans une situation de vulnérabilité importante. Encore une fois, bien qu'il faille accueillir avec satisfaction l'ajout de ressources pour la transition secondaire-collégial, il faut s'interroger sur l'objectif principal du PARES, qui est d'augmenter rapidement le taux de diplomation, dans un tel contexte de crise sanitaire. 

Axe 3 — Réussite : des chiffres… et des lettres
L'axe 3 accapare la grosse part des budgets alloués aux collèges, soit plus de 50 %. Ce sont également les mesures de cet axe qui interpellent le plus les enseignantes et les enseignants : perfectionnement, embauche de personnels professionnel et enseignant, communautés de pratique et pratiques pédagogiques à impact élevé y sont en effet mentionnés. À cette liste s'ajoutent les deux comités de travail sur la formation générale, l'un portant sur le français au collégial et l'autre, sur les cours tout d'abord qualifiés de « cours écueils », puis rebaptisés « cours défis » après les critiques soulevées dans le milieu par cette appellation. Certains aspects de la démarche proposée sont intéressants, notamment le rappel, par le ministère, que le perfectionnement proposé se fait sur une base volontaire. De plus, au moment d'écrire ces lignes, les comités des enseignantes et enseignants de français et de philosophie étaient bel et bien consultés en ce qui a trait aux travaux à mener concernant les cours « défis », qui s'échelonneront encore sur un an.

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