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Un DEC en agriculture urbaine à Montréal
Par Élise Prioleau
Dès l’été 2021, le Cégep de Victoriaville offrira sa formation collégiale en agriculture urbaine à Montréal. Chef de file en agriculture biologique au Québec, le Cégep offre depuis 2019 ce programme dédié à la production alimentaire en milieu urbain. Un DEC dont la mission est de former une relève qui contribuera à l’essor des pratiques écoresponsables en agriculture.
Marjolaine David étudie en agriculture urbaine à l’Institut national d'agriculture biologique (INAB) du Cégep de Victoriaville. L’avantage du programme, selon Marjolaine, est la variété des techniques agricoles qui y sont enseignées.
« Ce qui m’a fait opter pour le profil en agriculture urbaine est la diversité des cours offerts. On voit plusieurs techniques qui s’appliquent à un modèle d’agriculture de petite surface. C’est ça qui m’intéresse », explique-t-elle. Élevage d’insectes, élevage de petits animaux, culture de champignons et maraîchage de petite surface font partie de l’éventail des techniques agricoles enseignées dans le programme Gestion et technologies d'entreprise agricole (GTEA), profil agriculture urbaine.
Marjolaine David étudie en agriculture urbaine à l’Institut national d'agriculture biologique (INAB)
Le domaine de l’agriculture urbaine a également comme avantage d’être une filière accessible pour les futurs entrepreneurs, estime Marjolaine David. « Être fermière, c’est un énorme investissement financier et personnel. Pour les gens qui n’ont pas accès à ces ressources-là, l’agriculture urbaine est un bon compromis. » En agriculture urbaine, les défis sont passionnants, selon l’étudiante. « C’est un domaine en plein développement. Nous allons avoir besoin d’une nouvelle génération d’experts pour réfléchir aux enjeux de la production alimentaire en ville, de l’agriculture urbaine et de l’urbanisme de demain. Il y a de la place pour tout le monde! »
« Le nombre d’entreprises agricoles urbaines commerciales croît en moyenne de 30% par an depuis les années 2000 au Québec. »
Former des entrepreneurs créatifs
L’objectif du programme est de former des entrepreneurs, selon le coordonnateur du programme, Pierre-Antoine Gilbert. « Nous formons des gestionnaires d’entreprises qui vont être engagés dans leur communauté », relate-t-il. À la fin de leurs études en agriculture urbaine, les étudiants seront outillés pour créer leur propre entreprise agricole. Ils auront notamment rédigé un plan d’affaires.
Pierre-Antoine Gilbert, coordonnateur du programme d’agriculture et Normand Poniewiera, directeur de l’INAB.
« Nos diplômés pourront aussi œuvrer comme experts en agriculture urbaine, comme animateurs en environnement ou chargés de projets dans les municipalités ainsi que des organismes communautaires. Les débouchés sont multiples dans le domaine », reconnaît Pierre-Antoine Gilbert.
« C’est un domaine en pleine effervescence », poursuit-il. « Aujourd’hui, il y a de nouvelles technologies qui permettent de produire de plus en plus d’aliments localement. Nos diplômés seront des gestionnaires qui vont devoir être créatifs et innovants. »
Selon un récent rapport, le nombre d’entreprises agricoles, urbaines et commerciales croît en moyenne de 30% par an depuis les années 2000 au Québec. La bonne nouvelle est que la jeunesse répond à l’appel. Le nombre d’inscriptions dans le DEC en agriculture urbaine a doublé depuis l’automne 2019. Une trentaine d’étudiants a déjà été admise dans l’antenne montréalaise du programme pour l’été 2021. Au total, ils seront 60 nouveaux étudiants admis dans le programme cet été, en comptant les étudiants qui suivront le cours à Victoriaville.
« 80% des entreprises en agriculture urbaine sont concentrées sur l’Île de Montréal. »
- Normand Poniewiera, directeur de l’INAB
Une antenne montréalaise
La popularité du programme explique la création d’une cohorte montréalaise. « Il y a un engouement pour faire de l’agriculture dans les municipalités, en particulier à Montréal », reconnaît Normand Poniewiera, directeur de l’INAB. « L’intérêt grandissant pour l’achat local, l’autonomie alimentaire et une agriculture écologique explique cet engouement », selon le directeur.
« L’INAB a comme mandat national de faire rayonner l’agriculture biologique et urbaine au Québec », souligne Normand Poniewiera. Montréal est le centre névralgique de l’agriculture urbaine au Québec. 80% des entreprises en agriculture urbaine sont concentrées sur l’Île de Montréal, selon Normand Poniewiera. « Nous souhaitons collaborer avec plusieurs partenaires montréalais qui ont développé une expertise en agriculture urbaine. Nous avons été contactés par plusieurs organismes, c’est très encourageant », relate le directeur. Le Laboratoire d’agriculture urbaine (AU/LAB), un organisme de recherche, d’innovation et d’intervention en agriculture urbaine, fait partie des partenaires du DEC.
« Étant donné que le Cégep de Victoriaville est propriétaire de la bâtisse de l’École nationale du meuble à Montréal, ça facilite la délocalisation du programme », ajoute Normand Poniewiera.
L’INAB, chef de file en agriculture biologique
L’Institut national d'agriculture biologique (INAB) enseigne depuis 1967 l’agriculture biologique et les systèmes alimentaires durables. L’INAB accueille à lui seul la moitié des étudiants du programme collégial Gestion et technologies d'entreprise agricole (GTEA).Le programme se décline en quatre profils : production animale, production légumière biologique, production fruitière biologique et agriculture urbaine.
L’INAB propose un modèle pédagogique axé sur l'expérience pratique. Sa ferme-école comprend des serres, un verger et plusieurs champs de culture certifiés biologiques. L’institut regroupe également deux centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) spécialisés en agriculture biologique, ainsi qu’en innovation sociale en agriculture. En 2021-2022, l’INAB accueillera près de 300 étudiants dans ses programmes d’études.