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Le programme de mobilité interrégionale : un partenariat ville-région qui gagnerait à être mieux connu


Par Élise Prioleau

Depuis 5 ans, le programme de mobilité interrégionale a permis à plus de 1000 jeunes des grandes villes d’étudier en région. Une mesure qui apporte un début de solution à la disparité de fréquentation entre les centres urbains et les régions éloignées. À l’heure des bilans, on constate que le programme n’est pas utilisé à sa pleine capacité.

Les intervenants du milieu collégial considèrent que la mesure a des retombées positives, tant pour les étudiants participants que pour les établissements qui les reçoivent. Davantage de bourses, toutefois, pourraient être remises, selon la présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Noémie Veilleux. « Présentement, une partie des fonds sont inutilisés parce que le programme n’est pas assez connu », selon la présidente Noémie Veilleux.

La présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Noémie Veilleux.

Rappelons que le programme de mobilité interrégionale est né d’un constat : le déséquilibre démographique entre les cégeps éloignés et les cégeps des grands centres. Les cégeps des régions éloignées sont les plus touchés par la diminution du nombre d’étudiants dans le réseau. C’est pour favoriser un rééquilibrage que la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) a proposé la création d’un programme de mobilité interrégionale. Un projet adopté dès 2016-2017 par le ministère de l'Enseignement supérieur.

Au cours des quatre premières années, 2046 bourses ont été offertes. Au total, 19 établissements ont participé à la mesure. Selon le Ministère, le programme a permis « une croissance des inscriptions dans des programmes en difficulté dans certains collèges, ainsi qu’un impact positif sur la dynamique de groupe et de la communauté ». 1,5 million de dollars ont été investis annuellement dans le programme.

Une campagne de publicité nationale
Dans le but de faire connaître le programme auprès d’un maximum d’étudiants, la Fédération étudiante collégiale du Québec préconise la mise en place d’une campagne de publicité nationale. Selon la présidente de la FECQ, Noémie Veilleux, cela permettrait d’informer les étudiants de l’existence du programme, en particulier les finissants du secondaire. « Nous aimerions que le programme soit un facteur pris en compte par les finissants du secondaire lors de leur choix de cégep. » Davantage d’incitatifs pourraient être mis en place, selon la FECQ. Par exemple, donner aux étudiants la confirmation de leur bourse à la mobilité au même moment que la confirmation d’admission au cégep, pourrait motiver les nouveaux étudiants à opter pour un cégep en région. Présentement, les bourses sont le plus souvent remises après l’admission, selon la FECQ.

La FECQ propose également la mise en place d’une coordination nationale du programme. « En ce moment, ce sont des ententes qui se font à la pièce entre les établissements qui le veulent bien », explique Noémie Veilleux. « Nous pensons qu’une coordination nationale pourrait être intéressante pour déployer plus largement et plus efficacement le programme. »

Consolider des groupes en région
Le Cégep de la Gaspésie et des Îles a des ententes avec 7 cégeps de Québec et de Montréal. Certaines de ces ententes, notamment celles de sa section anglophone, existent depuis 2010 dans le cadre d’une collaboration privée. Malgré cela, le Cégep ne reçoit tous les ans qu’une vingtaine d’étudiants en provenance des grands centres.

Jean Gagné, directeur des études, aimerait voir le programme de mobilité prendre de l’ampleur. « Nous avons un nombre de places excédentaire dans certains programmes. Chaque année, nous devons suspendre un ou deux programmes, faute de demandes », explique-t-il. « Il faudra en arriver à ce que ces programmes de bourse là permettent d’accueillir des étudiants pour des séjours plus longs afin de supporter nos programmes en difficulté », plaide-t-il. « Un appui financier aux étudiants sur deux ou trois ans favoriserait davantage le maintien de l’offre de formation en région, notamment en ce qui concerne nos programmes techniques. »

Rappelons que le Cégep de la Gaspésie et des Îles a perdu près de 40 % de sa population étudiante dans les dernières décennies. Une tendance qui affecte de nombreux cégeps en régions éloignées. Dans les grands centres, au contraire, il y a davantage de demandes d’admission que de places disponibles. À ce titre, le programme de mobilité interrégionale semble permettre un rééquilibrage, comme le confirme le Ministère. Même son de cloche au Cégep de la Gaspésie et des Îles. « Le programme de mobilité fait partie de la solution pour nous », affirme Jean Gagné.

D’autant plus que « les étudiants qui participent au programme sont gagnants », selon M. Gagné. « Nous mettons les ressources en place pour accueillir et soutenir l’intégration des étudiants qui viennent étudier chez nous. C'est important pour nous que ces étudiants-là vivent une expérience positive et enrichissante. »

Un programme apprécié par les étudiants
Depuis 2016, le Collège de Maisonneuve a envoyé 28 étudiants montréalais au campus des Îles-de-la-Madeleine.« Les étudiants sont enchantés de ce programme-là », se réjouit Christina Newberry, conseillère à la vie étudiante à l’international. « Les Îles-de-la-Madeleine jouissent d’une popularité qui aide certainement à promouvoir le programme », estime-t-elle. Selon Mme Newberry, le programme commence même à être mieux connu par les étudiants, et ce, dès le secondaire.

Christina Newberry, conseillère à la vie étudiante à l’international au Collège de Maisonneuve

Ce printemps au Collège de Maisonneuve, 40 étudiants ont assisté aux rencontres d’information qui visent à promouvoir le programme. En comparaison, ils étaient 15 étudiants à cette rencontre l’an dernier, selon les données du Cégep.

Il ne fait aucun doute qu’un tel programme d’échange représente une opportunité pour les étudiants qui choisissent d’y participer, estime Christina Newberry. « Il s’agit pour les étudiants de vivre une expérience dans un autre environnement. Cela leur permet de développer leur débrouillardise et leur connaissance de soi. Les étudiants apprennent aussi à découvrir une région, une culture, et un environnement pédagogique nouveau », conclut-elle. « C’est une très belle expérience pour nous que de collaborer avec le Cégep de la Gaspésie et des Îles ».