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Alexia Roy, lauréate du 1er prix du concours Prix étudiants de l’ARC
Par Alain Lallier
L’Association pour la recherche au collégial (ARC) a décerné le 4 mai dernier ses prix aux lauréates et aux lauréats de son concours des Prix étudiants. Ceux-ci visent à faire connaître et à valoriser la participation des étudiantes et des étudiants à des activités de formation à la recherche menées au sein des établissements d’enseignement collégial, et ce, dans tous les programmes et toutes les disciplines.
Le premier prix a été décerné à Alexia Roy, étudiante en Sciences de la nature au Cégep de l’Outaouais, pour son projet intitulé Modèle SEIARDV et vaccination : une arme contre la COVID-19.
Dans les nombreuses conférences de presse sur le développement de la pandémie de COVID-19, tout le monde a vu des courbes et des tableaux qui reposaient sur des recherches comparables à celle menée par Alexia Roy. Ces recherches s’appuient sur des modèles mathématiques qui permettent de tenir compte de plusieurs paramètres et ainsi avoir un portrait général de la COVID-19. « Par-delà les questions de confinement et de port du masque, je voulais voir cette pandémie sous un angle mathématique et plus rationnel, » explique Alexia Roy.
Prédire l’évolution de la pandémie
Sa recherche a porté sur la période de septembre 2020 à mars 2021. À partir des statistiques générales de propagation du virus, Alexia a utilisé le modèle mathématique SEIARDV (pour susceptible, exposé, infecté, asymptomatique, rétabli, décédé et vacciné). Le but de la recherche était de prédire, à partir des analyses, ce qui allait se passer à plus long terme avec l’évolution de la pandémie. La conclusion : sans opération de vaccination, la pandémie se serait prolongée jusqu’en 2024. C’était bien sûr sans tenir compte de l’arrivée du variant Delta au début de l’été.
Contrainte de poursuivre ses cours à la maison, Alexia a réalisé ce stage de recherche chez elle à raison de 15 heures de travail par semaine. Son projet s’est réalisé sous la supervision du professeur Olivier Rousseau dans le cadre d’un stage accompagné d’une bourse de recherche FRQNT-Mitacs de niveau collégial.
Apprendre à aimer la recherche
Pour Alexia, faire un stage de recherche durant ses études collégiales est une grande source de motivation. « Tu sens que tu peux vraiment appliquer ce que tu apprends dans ton programme à un contexte que l’on vit tous en ce moment. C’est utile et ça ouvre la voie à plein de domaines différents. Après ce stage, j’ai le goût de faire un doctorat, parce que j’ai vraiment aimé la recherche », explique-t-elle.
Puisqu’il ne lui reste qu’une session au cégep, comment envisage-t-elle la suite ? Au départ, elle voulait faire un baccalauréat en nutrition, mais depuis le stage, elle songe à poursuivre jusqu’au doctorat.
Une facilité à communiquer
Dans les commentaires entourant son prix, le comité d’évaluation a particulièrement apprécié son éloquence et son dynamisme lors de sa communication orale, sa force de vulgarisation et la clarté de sa présentation. Alexia explique sa facilité à communiquer par son parcours au secondaire : « J’ai étudié cinq ans en arts dramatiques. Ça m’a aidée à parler devant les gens. En matière de vulgarisation, j’arrive facilement à bien expliquer ce que je veux dire. J’aime échanger et établir des contacts. »
Au bilan, cette expérience lui a permis de faire de nombreux apprentissages. « J’ai dû apprendre un nouveau domaine complètement. Je ne savais pas comment faire de la recherche. Ça m’a vraiment ouvert les yeux sur tout ce monde passionnant qui foisonne de projets. D’ailleurs, faire partie d’un projet comme celui-là, c’est vraiment une chance à laquelle peu des jeunes de mon âge ont accès. »
Cet été, elle a animé un camp de jour scientifique sur le site du cégep. Avec des jeunes de 7 à 11 ans, elle a réalisé différentes activités à caractère scientifique.
Pourquoi étudier en nutrition ?
« La population devient de plus en plus malade. Je crois que la prévention peut vraiment sauver plus de personnes. En allant en nutrition, je peux aider plus de gens à avoir de bonnes habitudes de vie. »
Le responsable du stage, Olivier Rousseau
Le responsable du stage d’Alexia au Cégep de l’Outaouais, le professeur de mathématiques Olivier Rousseau, en était à sa première expérience d’encadrement pour ce type de projet. Même s’il supervise des projets de fin d’études depuis plusieurs années, c’était la première fois qu’il participait à ce genre de stage de recherche. C’était aussi la première année que ces bourses de stages étaient offertes.
Pour le professeur Rousseau, ce stage a permis d’aller plus loin qu’un projet de fin d’études : « Pour elle, qui avait beaucoup d’intérêts, ce stage lui a ouvert de nombreuses avenues. Ça va l’aider à s’orienter pour la suite. Alexia se dirigeait en santé et aimait beaucoup les mathématiques. En allant en nutrition, elle n’aurait plus jamais fait de mathématiques dans son parcours. Ça lui a permis de voir que ça sert à quelque chose ce qu’elle a vu dans ses cours. »
Les conclusions de la recherche sont-elles encore valides ?
La recherche d’Alexia arrivait à la conclusion que la vaccination a de nombreux effets positifs : il n’y a pas de nouvelle vague, la pandémie a une durée moins longue, il y a moins d’individus infectés par la COVID-19, donc moins de personnes rétablies et décédées. Nous avons demandé au professeur Rousseau si l’arrivée du variant Delta ne viendrait pas changer ces résultats. Selon lui, la situation a effectivement changé. « Il y avait plein de choses qu’on ne connaissait pas. Nous avons tenu pour acquis dans notre modèle que les gens vaccinés ne pouvaient contracter la maladie. Nous savons maintenant qu’un certain pourcentage des personnes vaccinées peuvent constituer un vecteur de propagation. Nous ne pensions pas qu’il y aurait un taux de vaccination aussi haut. Les sondages disaient entre 55 % et 75 %, et c’est pour ça que nous avons choisi 65 %. Nous ne connaissions pas non plus les taux d’efficacité des différents vaccins. Ajoutez à cela les taux de propagation des différents variants, dont le variant Delta qui est beaucoup plus contagieux, et vous avez de nouveaux paramètres à considérer. Il y a là une autre recherche à mener l’automne prochain avec une autre étudiante ou un autre étudiant. »
Sa réussite : faire aimer l’expérience de la recherche
En conclusion, Olivier Rousseau déclare qu’il adore son métier d’enseignant et qu’il aime beaucoup être devant une classe. « Mais j’aime aussi le travail un à un. C’est pourquoi j’encadre souvent des projets de fin d’études, parce qu’en présence d’une seule étudiante ou d’un seul étudiant, on peut aller plus loin. Je ne vise pas à pousser vers l’excellence. Quand j’enseigne en groupe ou un à un, ce que je vise, c’est le développement personnel. Le fait qu’Alexia ait aimé son expérience en recherche et que cela l’ait aidée à clarifier ses choix d’études constitue pour moi la plus grande réussite. Je suis content qu’elle ait obtenu le premier prix, mais ce n’est pas ça l’essentiel. »