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Bravo, les filles!
Par Marie Lacoursière
Au cours des 25 dernières années, le concours Chapeau, les filles! a mis en lumière un nombre considérable de femmes qui ont opté pour un métier ou une profession à prédominance masculine et démontré une persévérance exemplaire jusqu’à l’obtention de leur diplôme. En juillet dernier, les ministres McCann et Roberge ont dévoilé la liste des 66 lauréates du concours. Le Portail s’est entretenu avec trois gagnantes en formation technique.
Avoir le feu sacré
Nadia Caron, étudiante en Techniques de sécurité incendie au Collège Montmorency, gagnante de la bourse du ministère de l’Enseignement supérieur — 5000 $ — Concours Chapeau, les filles !
Pourquoi Nadia a-t-elle choisi un métier de garçons ? Depuis seize ans, elle pratique le métier d’artilleur dans l’armée canadienne. « Les métiers qui bougent m’ont toujours intéressée, explique-t-elle. C’est sûr pour être pompière, il faut aimer bouger. C’est un métier qui est assez physique où les femmes sont peu présentes. À quinze ans à Grand-Mère, j’ai fait un stage d’une journée dans une caserne. J’ai tout de suite aimé l’esprit d’équipe, l’ambiance, la caserne. C’est sûr, c’est un défi en tant que femme. On est moins forte physiquement. Il faut travailler fort pour aller chercher la masse musculaire. Je dis souvent aux filles qui s’intéressent à ce métier : persévérez ! Si vous persévérez, vous allez y arriver sans aucun doute. C’est un métier où il y a beaucoup de défis. Il faut toujours pousser. Mais, c’est un beau travail d’équipe. »
Avant de faire son DEC au Collège Montmorency, Nadia avait complété un DEP à Laval. Pour être pompier au Québec, il faut obligatoirement avoir complété un DEP. Si on veut travailler dans une plus grande ville, il faut avoir un DEC.
Elle ne veut pas de passe-droits
En tant que fille, s’est-elle sentie avantagée ou avantagée dans un milieu très majoritairement masculin ? « Ni l’un ni l’autre, répond-elle. Pour que je sois à l’aise dans ce milieu, il fallait que je sente qu’on ne me laisse pas de chance parce que je suis une femme et il faillait qu’ils sentent que je suis à la hauteur. Je n’aurais pas été à l’aise d’avoir des passe-droits. Je voulais montrer que j’étais capable autant qu’un homme de faire le travail. Quand j’ai été engagé à Trois-Rivières, j’ai dit à mes collègues : vous devez avoir confiance. S’il se passe quelque chose dans le feu, je vais vous sortir coûte que coûte. Il faut que les collègues aient confiance en moi. Il y a beaucoup de complicité dans le métier. Nous vivons une vie de caserne, une vraie vie de famille. On apprend beaucoup à se connaître. On passe beaucoup de temps ensemble; c’est comme une deuxième famille. »
On ne fait pas qu’éteindre des feux
Le travail de pompier ne consiste pas seulement à éteindre des feux. Il y a aussi du travail de prévention. Nadia affirme même que les appels de feu fondés sont minimes. À Montréal, les pompiers sont devenus des premiers répondants et sont les premiers à répondre aux appels d’urgence.
Ce qui lui plaît le plus dans ce métier, c’est le travail d’équipe. « De voir à quel point en gang, une mission qui paraît impossible individuellement, devient réalisable. En utilisant les forces de chacun, on y arrive. »
Nadia n’était pas la seule femme à étudier dans ce programme. Plus les années avancent, plus on y retrouve des femmes. Elle pense que plus les pompières auront de la visibilité, plus les filles vont s’intéresser au métier.
Perspectives d’avenir
Elle envisage l’avenir avec ouverture. Elle veut garder toutes les portes ouvertes. « J’adore travailler avec les autres, nous confie-t-elle. J’aime le leadership. Présentement, je suis caporal-chef dans l’armée. J’ai une équipe à ma charge. J’aime beaucoup ça. Je veux d’abord être pompière pendant plusieurs années. J’aimerais éventuellement plus tard enseigner au Collège Montmorency dans cette technique. »
Extraire le meilleur
Joannie Lachance, étudiante en Technologie minérale au Cégep de Thetford, boursière du prix de 2000$ - Énergie et Ressources naturelles 2021 du concours Chapeau, les filles !
Joannie Lachance recherchait un programme technique permettant de travailler à l’extérieur. Parmi les nombreux programmes des différents cégeps, celui de Technologie minérale lui offrait trois spécialisations différentes et de nombreux emplois permettant de travailler en ville ou en région éloignée.
La décision de choisir un programme majoritairement masculin
Elle choisit de s’inscrire en Technologie minérale sans vraiment réaliser que la clientèle étudiante serait davantage masculine ; ce qui en définitive n’est pas nécessairement désagréable…. « Nous étions neuf étudiantes et honnêtement je n’ai vu aucun avantage ou désavantage à la situation, souligne-t-elle. Je pense que les enseignants sont heureux de recevoir des filles dans leur cohorte. Tous sont traités de la même façon. Les enseignants ont les mêmes attentes face à tout le monde et je me suis sentie très à l’aise. La majorité des gens ne connaissent pas le programme, mais personne n’a été surpris de mon choix ; j’ai toujours aimé les choses concrètes et travailler à l’extérieur. »
Un profil adapté
Le programme technique convient vraiment à la personnalité de l’étudiante qui complète actuellement son dernier stage à Québec dans une firme de géo-environnement spécialisée dans la caractérisation des sols et la décontamination. « Ce qui me plaît le plus dans ce métier, c’est qu’il offre de nombreuses possibilités. Durant mon emploi d’été, on m’a confié des tâches différentes. Ce n’était pas routinier ; les journées étaient diversifiées. Si je n’avais pas aimé mon stage, il y a tellement d’autres alternatives dans les mines, les compagnies de génie civil, les carrières, etc. Pour moi, apprendre sur le terrain, c’est expérimenter ce que nous apprenons en classe et avoir la possibilité de partager nos connaissances avec d’autres travailleurs. Les expériences les plus positives que j’ai retenues concernent le domaine de l’environnement. J’ai beaucoup aimé mes stages dans ce secteur. Le cours en géo-environnement au cégep m’a captivée. J’ai développé une attirance marquée pour ce secteur et je me sens toute fin prête à aborder ma carrière avec passion. »
Des perspectives à considérer
Le domaine minier attire particulièrement l’étudiante qui veut accumuler de l’expérience dans ce type d’entreprises sans pour autant s’y engager à long terme. Elle aimerait travailler en ville dans une firme de génie-conseil comme elle le fait en ce moment. « J’étais fort surprise et touchée de recevoir le prix Énergie et Ressources naturelles. Je termine ma technique de magnifique façon. Recevoir ce prix constitue un honneur dont je suis extrêmement fière. »
Cultiver son rêve
Ariane Roberge, Gestion et technologies d’entreprise agricole, Cégep de Victoriaville. Prix de 2000 $ remis par la Fédération des cégeps.
Devenir fermière, c’est pour Ariane Roberge un rêve d’enfance. « Mes parents m’ont dit alors que la seule manière d’y arriver était de marier un fermier », confie-t-elle en riant. Pour réaliser son rêve, elle fait un long détour et plusieurs études. Dans le cadre d’un emploi pour un organisme de solidarité internationale, elle découvre la ferme Berthe-Rousseau, qui accueille des personnes qui vivent des difficultés en lien avec des dépendances ou des problèmes de santé mentale. Elle trouve que ce projet génial cadre bien avec ses études dans le domaine social. Elle est également employée sur des fermes maraîchères durant l’été. « Je me suis découvert une passion en voulant simplement explorer ! Je me levais chaque matin heureuse d’aller travailler dans les jardins. »
Un long détour pour arriver en agriculture
Ses parents ne sont pas du domaine agricole. « J’ai grandi dans le style petit rat de bibliothèque. J’ai étudié en langues, en études internationales, en arts et lettres ». Un long détour pour arriver en agriculture. « Au départ, mon entourage ne prenait pas mon choix très au sérieux, parce que j’avais fait plein d’autres choses avant. Les gens se disaient que je n’étais pas encore branchée. J’entendais surtout qu’au niveau physique, je ne serais pas dé taille parce que plutôt menue face à un travail ayant la réputation d’être dur physiquement. »
Un métier vraiment stimulant
Ce qui lui plaît le plus dans le métier, c’est de travailler manuellement dehors et de faire quelque chose de concret. « C’est un défi de créer quelque chose à partir de ce que la nature nous réserve. C’est un métier stimulant qui suscite un apprentissage et des défis continuels, puisque les paramètres sont toujours changeants. »
Une préoccupation écologique
La plus grande préoccupation d’Ariane réside dans le souci d’apprendre et développer des techniques qui soient les plus écologiques possible. « C’est déjà un bon pas de ne pas utiliser d’engrais et de pesticides de synthèse. Mais je crois que nous sommes à un tournant qui oblige à faire plus et aller plus loin. Se nourrir demeure un besoin de base, et produire de la nourriture est une activité incontournable ! Je pense que nous devons le faire de façon à ce qu’il y ait un impact positif sur l’environnement, notamment en protégeant les cours d’eau, en favorisant la biodiversité et en captant du carbone. L’agriculture est un domaine où il est possible de faire les choses autrement. Encore faut-il que la relève dispose des moyens lui permettant d’avoir accès aux terres. »
Inviter les gens sur sa ferme
Parmi ses projets, Ariane souhaite accueillir des convives pour des repas à la ferme. Il s’agit là d’un bon moyen de réintégrer la saisonnalité des aliments dans notre alimentation en faisant redécouvrir aux gens quels légumes sont prêts quand, dans le cycle des saisons québécoises, et comment les apprêter de façon goûteuse. « Il est intéressant d’inviter les gens à la ferme afin qu’ils réalisent comment ça se passe et pour qu’ils constatent les aménagements et les stratégies qui sont déployées pour favoriser l’écologie. C’est aussi une manière d’ouvrir le dialogue avec la communauté ».
Ariane souhaite joindre un projet existant qui correspondrait à ses valeurs et à ses objectifs, ou alors créer son propre projet. D’ici là, elle continue de prendre de l’expérience et de pousser plus loin son exploration des manières de conjuguer production agricole, justice sociale et écologie, à travers la réappropriation par les communautés d’une alimentation locale et saisonnière.
Liste Lauréates Chapeau, les filles! de niveau collégial
Joanie Potvin
Gestion et technologies d'entreprise agricole (DEC)
Institut de technologie agroalimentaire, Campus de Saint-Hyacinthe
Prix de 2 000 $
Haya Moussa
Techniques de l'informatique (DEC)
Cégep de l'Outaouais
Prix de 2 000 $
Elizabeth Boulet
Techniques de design industriel (DEC)
Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne
Prix de 2 000 $
Mélina Ataman
Techniques de l'informatique (DEC)
Cégep de l'Outaouais,
Campus Gabrielle-Roy
Prix de 2 000 $
Léa-Mathilde Godin
Techniques de génie mécanique (DEC)
Cégep Limoilou
Prix de 2 000
Joannie Lachance
Technologie minérale (DEC)
Cégep de Thetford
Prix de 2 000 $
Jessica Dallaire
Gestion et technologies d’entreprise agricole, Institut de technologie agroalimentaire, Campus de Saint-Hyacinthe. Prix Séjour professionnel à l’international des Offices jeunesse internationaux du Québec Prix de 2000.00$
Valérie Gaillardetz Rousseau
Technologie de Génie industriel cégep Beauce Appalaches prix de 2000.00$
Léa Mathilde Godin Technique de génie mécanique cégep Limoilou prix 2000.00$
Charlie Larivée
Soins hospitalier d’urgence Cégep de Saint Hyacinthe prix 2,000$
Arianne Roberge
Gestion de technologie agricole (DEC) Cégep de Victoriaville prix 2000.00$
Nadia Michaud
Technologie forestière Cégep de Rimouski prix 2000.00$
Joelle Hurly
Technologie de l’électronique industrielle prix 2000.00$
Karelle Surprenant
Technique d’intégration multimédia Cégep Édouard Montpetit prix 2000.00$
Miriam Davydov
Technique de l’informatique (DEC) Cégep du Vieux Montréal prix 2000,00$
Marie-Anne Cousineau
Technique de pilotage(DEC) Cégep de Chicoutimi prix 2000.00$
Découvrez leur parcours dans le Cahier souvenir des lauréates (PDF 3.34 Mo).