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Opinions - Réseau collégial
Une mission en péril
À l’heure de quitter ses fonctions au conseil d’administration d’un cégep de la région métropolitaine, Benoit Dicaire sonne l’alarme sur les enjeux de financement du réseau collégial au Québec.
Par Benoit Dicaire, Président sortant du conseil d’administration Cégep Edouard-Montpetit
Mon mandat d’administrateur et de président du conseil d’administration du Cégep Édouard-Montpetit a pris fin le 22 août.
Ce départ me donne l’occasion de tirer une sonnette d’alarme sur l’avenir de nos cégeps, un réseau né dans la foulée de la Révolution tranquille, période où le Québec s’est doté de piliers structurants comme l’assurance maladie et la Caisse de dépôt et placement. Les cégeps ont été créés pour démocratiser l’accès aux études supérieures et former une main-d’œuvre qualifiée, au service du développement social et économique du Québec.
Aujourd’hui, cette mission est gravement menacée. Les compressions budgétaires de 151 millions imposées pour 2025-2026, combinées à un gel de recrutement empêchant de pourvoir des postes vacants, au plafonnement des heures rémunérées, aux quotas d’étudiants internationaux et à un déficit en maintien d’actifs, frappent de plein fouet notre réseau.
En mai 2025, plus de 500 postes n’étaient déjà pas pourvus, dont plusieurs dans des services essentiels comme le soutien psychosocial, et ce dans un contexte de forte croissance de la population étudiante. À ces contraintes financières, on observe une volonté claire de centraliser les décisions, de réduire l’autonomie des conseils d’administration et des directions, et de marginaliser la voix des communautés collégiales dans la définition des priorités locales. C’est un virage inquiétant qui affaiblit notre capacité d’agir, d’innover et de répondre aux réalités régionales.
Le réseau collégial québécois a toujours été ancré dans son milieu. L’amputer de ses moyens et de son autonomie, c’est condamner nos établissements à n’être que l’ombre d’eux-mêmes. Nous devons au contraire les renforcer, en leur donnant les ressources humaines, matérielles et financières à la hauteur des ambitions que nous avons pour notre jeunesse.
Je termine donc mon mandat avec une conviction profonde : il est urgent de revaloriser nos cégeps. Cela passe par le respect de leur autonomie de gestion et par la réinjection immédiate des sommes retranchées. C’est à celles et ceux qui connaissent le mieux les besoins de chaque établissement qu’il revient de décider comment les servir.
Source : La Presse